Loin de moi l’idée d’approuver les critiques publiques d’un général de haut rang envers ses supérieurs civils. Dans une démocratie qui se respecte, c’est toujours le pouvoir civil légitime qui doit commander aux militaires. Il y a eu trop d’exemples malheureux dans l’histoire, notamment en Afrique, où des militaires ont abusé de leur force ou de leur position pour s’accaparer le pouvoir. Les Romains de l’Antiquité avaient limité le pouvoir des généraux en les interdisant de franchir le Rubicon… Il semble que le Général McChrystal, le désormais ex-commandant de toutes les forces militaires internationales en Afghanistan, ait oublié cette règle quand il a osé critiquer ouvertement le Vice-président des USA et l’Ambassadeur US à Kaboul. Suite au tollé que ces remarques ont provoqué, le Général a présenté ses plus plates excuses ; ce qui n’a pas empêché Obama de le démettre de ses fonctions et de le remplacer par le très prestigieux Général PETRAEUS.
On peut douter du caractère purement fortuit ou maladroit des critiques de ce Général McChrystal qui a tout de même à son palmarès plusieurs haut faits d’armes ; comme d’avoir commandé les forces spéciales qui ont permis la capture de Saddam HUSSEIN et l’exécution d’Al-ZARQAOUI.
Tout en acceptant qu’il fallait sanctionner l’insubordination dont il a fait preuve, faute très grave à ce niveau-là pour un militaire ; je décèle, derrière les blagues et calembours à l’encontre de ces personnalités importantes de l’administration Obama, un désaccord de plus en plus profond sur la stratégie menée en Afghanistan. Entre ceux qui insistent pour commencer le retrait en juillet 2011, ceux qui veulent écourter la guerre en pactisant avec les Talibans et les pacifistes à tout prix ; l’administration démocrate qui a tant de mal à se déclarer en guerre contre l’islamisme radical, a de quoi déstabiliser plus d’un militaire, même parmi les meilleurs.
Les militaires américains et leurs alliés se retrouvent dans une des guerres les plus importantes depuis la 2ème guerre mondiale et ils ont hélas comme Commandant suprême un homme qui manque cruellement de cette détermination qui est si nécessaire aux grandes victoires. Souvenons-nous de ses hésitations coupables en 2009 sur la stratégie à mener en Afghanistan… A l’époque, le même Général McChrystal avait déjà usé de la presse pour faire comprendre son mécontentement, alors que la trop longue période de doute qui avait précédé la décision d’augmenter le contingent américain causait beaucoup de tort aux militaires qui étaient au front.
Tout comme cette date de retrait des troupes, fixée et rendue publique, qui est une aberration militaire. On comprend qu’elle plaise à la base démocrate, mais elle complique énormément la tâche de la force internationale. Hélas à Washington, peu sont convaincus du bien-fondé de se battre contre l’islamisme radical parce qu’ils n’ont pas compris qu’une victoire d’Al-Qaïda ou des Ayatollahs (ensemble ou séparément) serait une catastrophe immense pour le monde entier. Et pourtant, on a la preuve en grand de ce que ces deux extrémismes peuvent produire (en Afghanistan d’avant septembre 2001 et en Iran jusqu’à ce jour). On avait beaucoup brocardé McCain pour avoir dit lors de la campagne présidentielle que les Etats-Unis pourraient rester 100ans en Irak. C‘était pourtant une façon d’exprimer que tant que la paix et les libertés dans le monde seront menacées par ce fléau vert, il faudra se battre.
Dans ce contexte d’incompréhension de plus en plus grande entre les Démocrates qui sont arrivés au pouvoir sur des fausses promesses sur la paix dans le monde, et les militaires qui paient un prix de plus en plus lourd pour cette mission en Afghanistan qu’ils sont les seuls à vraiment défendre ; on peut aisément prédire qu’il y aura encore d’autres tensions et d’autres démissions.
Et pendant ce temps, c’est l’islamisme qui progresse !