Magazine Bd & dessins

Entretiens et loups

Publié le 05 juillet 2010 par Agegout

J'ai le plaisir de vous faire part de cet entretien spontané avec Frédérico Alagna, artiste polyvalent qui sévit ici et là..

 Je mettrai au gré des recherches les peintures qui illustrent cet entretien

 Merci à Fdrco

Alain GEGOUT peintre

 

 

Présentation exhaustive

Qui osera encore remettre en question le magnifique outil de communication qu'est d'internet, même pour les arts plastiques!? J'ai découvert l'œuvre d'Alain grâce à Facebook, une œuvre picturale forte et délicate que je qualifierai d'un "maniérisme acidulé", représenté par des figures contorsionnées qui font la part belles aux chevelures, chapeaux, dentelles et autres vêtements qui gardent ainsi toute leur "féminité". Alain, lui, parle "d'art défiguratif" selon son propre terme, qui révèle un sérieux sens de la formule, teinté d'une légère ironie. Dans ses Paysages, il laisse « déborder » ses espaces picturaux sur une feuille accolée aux tableaux, qui prolonge en les magnifiant les effets de coulures. Après avoir échangé quelques mots et nos liens respectifs, Alain a accepté de se joindre à mes invités!

 

 

« Flo » par Alain Gegout

Technique mixte sur toile 

 

Frédérico Alagna « Fdrco » - Alain bonjour et merci à toi de te prêter au jeu ! Quel rapport entretiens-tu avec les Arts plastiques au quotidien?


Alain Gegout - Un rapport, disons professionnel même si je n'aime pas ce mot, je préfère le mot "dilettante".

Fdrco - As-tu des préférences, arts plastiques, musiques, poésie ou autres ?

 

Alain Gegout - J'aime avant tout la peinture pour son aspect direct, en fait je travaille et vis dans l'urgence comme si la vie devait s'arrêter à chaque seconde.


Fdrco - C’est souvent ce que je ressentais, ça s’est calmé depuis que je suis papa ! Alain, évoque ton premier ou le plus grand choc face à une œuvre (et tente si possible d’analyser aujourd’hui pourquoi ou par quoi cette œuvre t'a frappée.)


Alain Gegout - Une peinture de Magritte" Le Jockey égaré". A l’époque, j'aimais les images plus que les peintures. Cette image évoquait l'absurdité de nos vies. Cela n'a pas changé depuis, la seule différence est dans l'acte, le plaisir de peindre qui passe avant une représentation.

René Magritte

« Le Jockey perdu » (2 versions)

 


Fdrco - On va entrer dans une partie plus technique : Quels sont tes matériaux et outils de prédilection ? Y a-t-il un art, une manière, un support préféré ? Tu as opté pour l'acrylique? Peut-être un mot sur le marouflage que tu sembles affectionner.

 

Alain Gegout - J'ai fait de la peinture faussement hyperréaliste pendant 10 ans. J'aime la peinture à l'huile, j'ai aimé et je préfère maintenant l'acryl pour ce sentiment d'urgence qui m'anime… Je peins avec des pinceaux, des brosses et tout ce qui permet d'exploiter le geste hasardeux. Le marouflage est devenu est rituel incontournable. Cette technique qui consiste pour moi à dessiner d'une façon aléatoire sur du papier et de pratiquer ensuite une sorte de monotype. Les papiers sont ensuite déchirés et marouflés sur la toile… et je peins à partir de ces hasards à  forme humaine. 

Fdrco – Je crois que le hasard est un moteur de surprise essentiel à la « régénération » de l’invention dans la création. Mais je crois que c’est surtout la « force » de l’artiste qui fait la force des hasards (quand  il parvient à en extraire une œuvre, par son travail intellectuel et manuel.) Car il n’y a que l’œuvre, une fois « terminée » qui puisse cautionner l’emploi de tels ou tels procédés créatifs, fussent-t-ils les plus hasardeux. Cela nous entraine vers les questions suivantes : Figuration ou abstraction? Dessins ou couleur? Démarche traditionnelle ou contemporaine? Est-ce que ce sont des questions si se posent à toi?

 

Alain Gegout:

« Ambiance tamisée, caresse du genou vers la cuisse,

 la mort rode et nous fait chaque jour des avances».

 

 

triple tri

Alain Gegout - Non, seule une certaine évidence me guide loin des modes et courants. J'aime dire que je suis « défiguratif »… pour, peut-être, prouver que seule la beauté que je défends est belle. Belle comme celle de Breton. "La beauté sera convulsive ou ne sera pas".
Fdrco - L’art est-t-il le reflet de ta pensée ou son contraire ? Eprouves-tu un attachement pour tes œuvres?


Alain Gegout - J'apprécie avant tout l'acte, le résultat n'est qu'un état éphémère qui me satisfait rarement... L'acte de peindre nécessite une forme de lâcher prise. Juste faire confiance à l'expérience et la force du doute.
Fdrco - J’aime à te l’entendre dire ! Un ou plusieurs artistes qui résonnent en toi en l’état actuel  des choses?

 

Alain Gegout - Peu de noms viennent parmi les contemporains, je me sens bien sûr proches des expressionnistes. J'aime la peinture héroïque, celle de Eugène Leroy est un bel exemple, Je ne peux nier Bacon et Freud, Turner, Le Titien et Rembrandt.

Eugène Leroy                                                              Lucian Freud

William Turner                                                                     Le Titien

Rembrandt Van Rijn « La fiancée Juive »

 

Fdrco - J’aime aussi ces peintres que tu cites. Toutefois, l’œuvre de Lucian Freud que j’adorais en bouquin ne m’a pas fait l’effet que j’en attendais en présence lors de son expo à Beaubourg, à l’inverse de Bacon qui m’intéressait peu en bouquin, mais qui gagne à être vu en vrai. Turner à la Tate Gallery de Londres m’avais énormément saisit. Rembrandt reste une évidence, la puissance des sujets traités par Titien que j’adorais me semble « affadie » aujourd’hui, mais côté réalisation il reste extraordinaire. Que penses-tu du marché de l’art actuellement ? C’est important le succès, la célébrité, pour un peintre, un plasticien ? Penses-tu que ce soit représentatif ou qu’il y ait un phénomène de mode ?

 

Alain Gegout - L'art contemporain est une arnaque le plus souvent. Peu de choses resteront dans l'histoire. Andy W. et quelques autres plus ou moins pop. L'art devenu un produit est condamné à vivre un rythme de produit vite « Has been ». Je n'aime pas l'art gadget, produit à jeter. L'art doit garder une dimension sacrée.

Fdrco - Oui je crois aussi qu’il y a méprise quand l’objet d’art s’apparente aux objets de consommation. Le caractère unique ou rare me semble définitivement un rempart contre la dérive commerciale. Je n’ai cependant rien contre les produits dérivés, tee-shirt, bouquin, carte postales etc. qui peuvent justement être un complément de rendement à même de préserver l’intégrité de l’artiste pour se consacrer à la création d’œuvre originale, sans avoir recours à la création d’œuvres « alimentaires ». LA question « à cent balles »: Si tu ne devais choisir qu'une seule œuvre à emporter avec toi dans la tombe ? (rires.)

Alain Gegout

« Lumière débordante »

 

Acrylique sur toile

plus feuille blanche

 

 

Alain Gegout - J'emporterais un rire de jeune fille "innocente".

Fdrco - Effectivement, qui pourrait réussir à transcrire ça ?? (Rires) Est ce qu'une œuvre doit avoir un sens, donner du sens ou suggérer le sens?

 

Alain Gegout - Le sujet c'est la peinture. Le sens de la peinture passe par ce postulat. Je n'aime plus les images, vu trop d’images.

Fdrco - Tu parles justement de la saturation d’image, c’est une évidence aujourd’hui, c’est un sujet que j’évoque dans un entretien avec un ami peintre et architecte (cf. Conversation avec Markus Gisin). Pour finir, Un seul mot : qu'est-ce que l’Art? 

Alain Gegout - Un cri et une jouissance qui inclut la souffrance.

Fdrco - Là tu as dis trois mots, il faudra choisir !!! Merci Alain, j'attends pour une rencontre "de visu"!

www.sans-pitre.com

www.alain-gegout.odexpo.com   ----------------------------


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazines