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Canal lacrymal

Publié le 23 août 2009 par Narcissiquemelanc0lique
Canal lacrymal Narrateur Jill
______Deux corps tombèrent à terre. Le Boss avait tiré sur Simon, javais riposté en plombant le cerveau de l'assassin. La déflagration semblait m'avoir percé les timpans, car je n'entendais plus rien. Même pas une respiration. Le corps eclaboussé par le sang de l'infâme pervers qui gisait à mes pieds, le regard hagard, je réalisais enfin après quelques minutes de tétanie l'horreur de la situation: non seulement mon premier amour était mort, le corps ensanglanté gisant sur le parquet, un liquide noirâtre coulant du trou parfaitement circulaire percé dans sa poitrine; mais j'avais aussi tué.
______J'avais toujours considéré les humains comme inclassables. Je pensais qu'il n'y avait pas de case "riche", "égoiste", "heureux", ou encore "junkie". J'avais à la fois raison et tord. Il existait bel et bien deux cases: les personnes qui ont déja tué, et celle qui sont innocentes. La frontière est très mince, je venais de l'apprendre. A mesure que je me rendais compte que je venais de franchir la barrière, je lachai mon arme et m'effondrai à genoux près du corps inanimé de Simon.
______Soudain, il remua légèrement le bras. Ebahie, je relevai la tête et plongea mes yeux dans ses pupilles. Trop heureuse qu'il fut encore vivant bien que blessé, je ne put m'empêcher de déposer un léger baiser sur son front. Ma bouche avait le gout métallique du sang frais. Je lui demandai :
- Simon ? Tu m'entends ? Est - ce que tu vas bien ?
- Jill? murmura-t-il d'une voix faible.
- Oui, c'est moi Simon. Je vais appeler une ambulance, on... on va s'en sortir! Ajoutai-je avec des accents hystériques.
- C'est plus la peine Jill, dit-il dans un soupir. Je sais très bien que c'est fini, et toi aussi.
- Non, hurlai-je. Tu va t'en sortir Simon, ne dis pas ça!
- Tu crois ça, tenta-il de dire ironiquement.
______Ca, c'était bien lui. Tenter de rire alors qu'il allait... Non, je ne pouvais pas y penser! Déjà, son souffle devenait plus heurté, il se battait pour chaque goulée d'air, pour chaque seconde de vie arrachée à la mort.
Mes sanglots reprirent de plus belle quand le pensée que je finirai par tuer tous mes proches m'éffleura.
- Jill?
- Oui, couinai-je en reniflant.
- Dis a Alex que je me remercie du fond du coeur de t'avoir sauvée quand je t'ai abandonnée. Embrasse Emily de ma part et dit à Mickaël que...
- Chut, l'imterrompis-je. Tu n'as pas à dire adieu. Tu vas vivre!
- Non, Jill, ça ne sert a rien de se voiler la face. Je suis en train de mourir dans tes bras. Laisse moi soulager ma conscience, ma mort en sera peut-être moins... douloureuse.
Et comme pour confirmer ses paroles, son coeur eut un raté.
- Je t'aime Jill, ajouta-t-il. Je t'ai toujours aimée. S'il te palit, fait-ça pour moi: sois heureuse.
______Son coeur eut un nouveau raté et puis plus rien. La mort me l'avait volé.
Alors des vagues de souffrances déferlerent sur moi. Je compris que sa mort pèserait toujours sur ma conscience et je devrais vivre avec.
______La vérité, celle que j'avais pourtant repoussée jusqu'alors, s'imposa à moi. Je lui avais pardonné. Je lui avais pardonné de m'avoir quittée parce qu'il m'aimait. Il avait raison. Simon m'avait toujours aimé et il venait de m'en donner la preuve: en se sacrifiant pour moi, il m'avait offert la preuve de son amour. Mais quand bien même eut-il été encore vivant, je ne serais pas partie avec lui. Mon amour pour Alex était plus puissant que les précieux souvenirs que je gardais de Simon.
Simon est mort !!
Simon. Est. Mort.
Simon est mort?

______Par ma faute. C'était si insensé! Et pour cela, je devais mourir également. Mais je pensais à Alex, à Mickaël et à Emily. Ils avaient besoin de moi. Je devais être forte pour eux. Les larmes, que je n'avait pas remarquées dans ma souffrance, continuaient de couler.
C'était fini. En tout cas pour Simon.
______Pleurant comme je n'avais jamais pleuré, je passai quelques heures prostrée sur le corps de mon amour perdu, innondant sa blessure de mes larmes, tachant ma veste et ma peau de son sang.. Mes pensées se bousculaient comme un essaim d'abeilles, et je ne comprenais qu'une chose: le chagrin. Rien d'autre en ce moment n'avait de place dans mon esprit. Le voir mort, c'était le perdre une deuxième fois. Quand enfin la porte s'ouvrit.
______Je relevai ma tête baignée de larmes et mouchetée d'émoglobine pour apercevoir Paola et Maxime, les yeux grands ouverts devant ce spectacle stupéfiant.. Ils comprirent dessuite ce qui c'était passé. Maxime me prit dans ses bras, je résistai un peu, criai comme une hystérique - ce que j'étais en cet instant - ne voulant pas qu'on m'arrache au cadavre de Simon, puis me laissai faire, épuisée, en pleurant de plus belle. Je ne sentis même pas Maxime monter les escaliers que je me retrouvais sur mon lit, versant toutes les larmes de mon pauvre corps. Maxime appliqua le seul remède aux crises de nerfs: laisser faire le temps. Je finirais bien par m'endormir, me calmer, cesser de reprendre ma respiration en hoquetant à chaque sanglot. Je finirais bien par ne plus éprouver ce chagrin teinté d'une horrible culpabilité qui me hantait toute entière, en tout cas je l'espérais. C'était plus que je ne pouvais supporter. Maxime me laissa seule, et Paola prit la relève auprès de moi. Elle resta assise sur ma chaise en bois exotique presque toute la nuit, me tenant la main, sans même protester quand je lui plantais les ongles dans la peau jusqu'au sang, sans même dire un mot. Elle savait que les paroles ne résoudraient rien. Parfois, je suffoquais tellement en pleurant que j'en vomissait sur la moquette, mais elle n'esquissa pas un geste de dégout. Elle releva simplement mes cheveux dans mon cou pour m'aider. Je n'eu même pas la force de lui murmurrer un "merci".
______Dehors, tandis que les filles et les vendeurs revenaient et étaient informés du meurtre du Boss, on entendait des rires joyeux, les fermetures éclair des valises qu'on a si souvent eu envie de boucler, les protestations de ceux qui voulaient "rester dans les affaires". J'aurais du être fière de ce que j'avais fait, j'aurais du être fière d'avoir libéré tous ces gens. Mais tout ça, je m'en fichais. Tout ce que je savais, c'est qu'à cause de moi, Simon était mort. Que si je n'existais pas, il serait toujours là, sur cette Terre, à rire, manger, dormir... Vivre. Mes sanglots reprirent de plus belle à cette pensée.
______Vers quatre heures du matin, complètement vide, je fini par m'endormir. Je sanglotais encore un peu dans mon sommeil. Mes rêves étaient tachés de liquide vermeille, éclaboussés du sang de ceux que j'aimais: Alex, Emily, Sarah, Nathaël, Mickaël... Simon. Je me réveillai quelques heures plus tard, les canaux lacrymaux complètement dessêchés. J'avais épuisé toutes mes larmes, mais ça ne voulait pas dire que j'allais mieux. Je sentais que le chagrin et la culpabilité resteraient avec moi, en moi, comme une ombre me suivant partout, un poids de plus dans mon coeur, une infection mortelle qui rampe plus qu'elle ne frappe.
- Jill... Ca va mieux? Demanda Paola d'une petite voix.
______Je fus incapable de répondre à cette question. A la place, je lui dit d'une voix rauque:
- J'étais revenue de chercher. Toi et Max. Je voulais pas que vous pourrissiez ici, alors j'ai pris le flingue de ton frère pour aller tuer ce... cet...
Aucun mot assez grossier ne me vint à l'esprit. Alors je continuai:
- Mais Simon était là... Il a voulu faire l'idiot pour me protéger, et ça a dérapé... Il m'aimait.
______Paola se tut tandis qu'une unique larme coulait le long de ma joue en creusant un nouveau sillon noir dans mon maquillage. Je ne sais pas si ma petite blonde se demandait si j'étais devenue folle ou si elle réfléchissait à ce que je venais de dire, mais elle ne commenta jamais ce que j'avais fait. Elle ne sortit même pas une phrase stéréotypées du style "C'est pas ta faute" ou "Tu n'y es pour rien". A la place, elle me demanda si je voulais quelque chose.
- Mourir! répondis-je en y pensant vraiment.
En croisant son regard noir, je compris qu'il fallait mieux que je réponde autre chose:
- Rentrer chez moi, soupirais-je.
- Je vais t'accompagner, assura-t-elle. Il est temps que je rende visite à mon grand frère.
- Je crois qu'il t'attend impatiemment, en effet.
______C'est ainsi que cinq minutes plus tard, ayant simplement enfilé une jupe horriblement froissée qui sentait l'oeuf pourri par dessus mon collant déchiré sans même laver mon visage ravagé par les larmes, Paola et moi dîment au revoir à Maxime qui rentrait chez lui, à New York, et nous dirigeâmes à pied vers la sortie de Bronx. J'essayais de ne pas trop penser que j'abandonnais derrière moi le corps de mon ami, mais c'était extrêmement difficile. Cependant, que pouvais-je faire d'autre? L'enrouler dans un tapis et me timbaler avec dans les rues? Non. J'attendrais que tout le monde ait évacué la "Maison", et j'appèlerais les flics en leur décrivant ce qui s'était passé. Nous avons attrapé un métro, et une demi heure plus tard nous étions à Gardely Hill. J'étais épuisée, mais je courrais presque pour aller au manoir, tant et si bien que Paola peinait à me suivre.
______Arrivée devant la porte, après une hésitation, je sonnai. Que verrait Alex quand il ouvrirait la porte? Une meurtrière. J'avais peur. Si peur qu'il ne me juge. Il en aurait le droit. Il devrait le faire. J'avais si peu que je m'en remit à pleurer et, incapable de tenir debout, écrasée sous le poids du chagrin, tombai par terre, sur le perron.
Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit sur Alex.
Partie claire: modification du texte par crazy-giirl-ciizaiin-01. Merci à toi!

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