Triste découverte

Publié le 15 août 2009 par Narcissiquemelanc0lique
Narrateur Alex
______Depuis que Jill était partie, je ne cessais de courir à la porte chaque fois que la sonnerie retentissait, espérant qu'elle serait enfin là. Depuis ce matin, j'avais essuyé 3 déceptions: Nathaël qui avait perdu les clés du manoir - il était nerveux et complètement ailleurs depuis quelques jours - , le facteur qui avait un colis pour Sarah, et un vendeur de tapis auquel j'avais fermé la porte au nez. Chaque fois que je refermais la porte, je devenais la proie de mon inquiétude et de ma déception. Alors quand j'entendis la sonette pour la quatrième fois, je ne me précipitai pas vers la porte. Je muselai mes pensées, et avançai d'un pas lent vers l'entrée, peinant à ne pas me précipiter sur le battant. Quand j'ouvris la porte, je la vis. Paola, la soeur de Nathaël qui avait disparu depuis des années. Elle avait changé, mais je la reconnu tout de suite. Ses cheveux d'un blond presque blanc formaient un halo autour de son visage fin aux grands yeux verts et tristes. Quelques secondes seulement me suffirent à remarquer une forme sombre allongé sur le perron. Elle était là. Enfin elle me revenait! Mais quand elle releva son visage vers mois, je compris dessuite que quelque chose n'allait pas.
______Jill pleurait comme elle n'avait jamais pleuré, son maquillage dilué sur ses joues creusées, ses paupières comme tatouées de noir, ses yeux rougis me suppliant, agenouillée sur le sol froid. Sa peau blanche était encore plus blème, ses traits déformés par la tristesse. Ses vêtements sales et déchirés étaient tachés de sang, à l'instart de son visage, et elle semblait ne plus avoir la force de marcher. Jamais je ne l'avais vu dans un tel état, pas même la nuit où elle était revenue il y a quelques jours. Hébété, il se passa quelques secondes avant que je ne puisse de nouveau parler.
- Jill? Jill, qu'est-ce qui...
- Il est mort, murmurra-t-elle tandis que je m'agenouillai à côté d'elle.
- Qui est mort? demandais-je, affolé. Qui est-mort? répétai-je en me relevant, me tournant vers Paola, puisque Jill ne répondait pas, répétant sans cesse "il est mort, il est mort".
- Je ne sais pas bien qui il était pour elle, répondis celle-ci. En fait, tout ce que je sais, c'est qu'il s'appellait Simon.
- Non... souffais-je. Non!
______Je tombais à genoux tant j'avais mal. Bien sûr, la souffrance que j'éprouvais n'était pas mienne: je ne connaissais pas Simon, je l'avais vu quelques heures, et je le détestais presque pour ce qu'il avait fait à Jill. Oui mais Jill, elle, l'aimait. Pas autant que moi, mais ses souvenirs heureux avec lui devaient avoir laissé leur trace, ce que je comprenais parfaitement. Je souffrais par procuration.
______Tandis que je me relevais, Jill se remit à pleurer bruyamment, et je l'attrapai sous les esselles. Je la pris dans mes bras tel un prince charmant, comme la fois ou je l'avais sauvée des griffes de Mike.
- Paola, Nathaël est dans le salon, avec Sarah.
______Paola acquiesça, hésita devant le porche, et tandis que je me dirigeai vers la salle de bain avec ma petite fille dans les bras, je la vis avancer à petits pas mesurés vers le salon, sa jupe plissée voletant derrière elle. Le temps que j'arrive devant la baignoire, mon T-shirt était trempé des larmes noires de Jill. Doucement, je tentais de la poser sur le sol en décrochant ses ongles plantés dans la peau de ma nuque. Jill résista, mais je parvins enfin à la poser sur le tapis. Tandis qu'elle plaçait ses bras autour de ses genous et enfouissait son visage boursoufflé par les pleurs dans ses cuisses, j'allumais le robinet d'eau chaude et fis couler un bain presque brûlant. Puis, doucement, je m'approchai de Jill pour la relever. Une nouvelle fois elle s'accrocha à moi avec la force du désespoir, puis elle crocheta mon cou et m'embrassa avec ferveur. Je lui rendis son baiser, heureux et triste à la fois. Mais quand elle tenta de soulever mon T-shirt, je l'arrêtai.
- Dé-Désolée! S'escusa-t-elle en pleurant de plus belle, refermant ses bras blancs autour de son corps maigre comme si elle empêchait ses côtes d'exploser.
- C'est pas grave, Jill. Viens là, enlèves ton T-shirt que je te laves.
______Mais elle ne semblait même pas avoir la force de m'obéir. Toujours aussi lentement, j'enlevai son T-shirt, sa jupe et ses collants déchirés, lui otait ses sous-vêtements et la portait jusqu'à l'eau de bain. Elle s'assit dans la baignoire, ses grands yeux gris encore plus vides et indéchiffrables, ses prunelles perdu dans des souvenirs violents. Malgré la température de l'eau, elle frissonnait tellement que la surface était agitée de mini-vagues.
______Précautioneusement, je mouillais ses longs cheveux emmêlés, frottais son visage sale, frottais les tâches de sang qui parsemmaient son corps. Elle restait immobile, complètement insensible à ce qui se passait au delà de son cerveau choqué.
______Quand elle fut propre, je la relevai et l'enveloppai dans ma serviette de bain. Me faisant face, elle plongea son regard humide dans le mien, et je vis sa dernière larme couler sur sa joue. Après quoi elle se blotti dans mes bras en silence. Je la serrai de toutes mes forces en murmurrant à son oreille
"c'est fini maintenant, c'est fini... Je suis là, je t'aime ma toute petite fille... je t'aime tellement... C'est fini..."