Moi qui croyais en la démocratie et en la réforme que nous avait promis notre Sultan, me voici bien mal aisé.
Moi qui croyais encore que la démocratie n'était pas encore un vain mot, je pleure déjà de la voir repartie dans les livres d'histoire.
Il arrive une aventure à une dame de mes amies qui me laisse dans l'hébétude la plus complète.
T'en souvient-il des Troglodytes qui se demandaient "Qu'ai-je affaire d'aller me tuer à travailler pour des gens dont je ne me soucie point ?"
Et bien, les Français pourraient l'accommoder de la sorte : "Qu'ai-je affaire d'aller me tuer à travailler pour des gens qui ne se soucient point de l'être humain que je suis ?"
Le Sultan a tant et tant oeuvré que de présidentiel, son mandat a pris le visage de la monarchie d'Ancien Régime où tout n'est plus que faveur.
Et l'on savait déjà à quel point "La faveur est la grande divinité des Français".
Ah, mon pauvre Usbeck, plus l'homme est puissant, plus il est exempt d'assumer ses responsabilités et plus il est faible plus on s'acharne à l'écraser entre le pouce et l'index comme un misérable insecte.
Donc, dans ce pays où l'esprit des lumières naquit il y a un peu moins de trois siècles pour se répandre à travers la planète, il existe aujourd'hui une monarchie au masque grossier de pantomime de démocratie.
Dans ce pays, aujourd'hui, comme Monsieur de Montesquieu (autre plume bordelaise d'un autre siècle), la critique d'une grande administration nécessite l'anonymat.
Mais, là, où autrefois, Monsieur de Montesquieu, porté par les prémices de l'esprit de la révolution, fut élu à l'Académie Française, aujourd'hui, on suspend pour deux années Zoé Shépard de la fonction publique.
Ah, mon pauvre Usbeck, de nos jours, la critique n'a plus qu'un sens unique ! Et si elle peut impunément (ou peu s'en faut) aller du haut vers le bas, elle n'est plus autorisée au chemin inverse...
Quand la liberté de paroles est ainsi muselée alors que la séparation des pouvoirs a déjà été mise à terre, ah mon pauvre Usbeck, je me demande où va ce beau pays à la devise si ouvertement foulée aux pieds !
Espérons que le Calife à qui revient la décision finale saura se montrer juste et ne pas suivre à la lettre la sanction requise...
A Burdigala, le 6 de la lune de Juliani, 2010
A bientôt !
Mirza, alias La Papote
PS : Un grand merci à Monsieur de Montequieu pour les emprunts à ses "Lettres persanes" qui, enfouies, depuis le lycée, au fond de mes pensées, ont rejailli naturellement.
EDITION
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