Heureux ceux qui connaissent l'amour

Praxitèle : Hermes portant Dionysos - www.georges-millet.com/grece/museeolympie.htm
Ce que le temps nous a donné il le reprend
Amant dérisoire au milieu de la nuit
Je ne me souviens que du jour et je pleure
Voilà des vers anciens comme un chapelet
Que j'égrène tandis qu'à la fenêtre je
Regarde passer la lune où dorment les morts
Tout l'air est encombré de plumes un dieu moqueur
S'y balançait autrefois et l'empreinte de
Son corps creuse toujours l'édredon du ciel
Forme vide et courbe comme un vaisseau à l'ancre
D'un nuage où le vent s'engouffre avec le bruit
Du tonnerre sans l'éclair qui promet la foudre
L'olympe était une basse-cour rieuse et
Criarde chaque immortel arborait avec
Orgueil un jabot de dentelles aux couleurs de
L'arc-en-ciel seul le grand zeus portait un chapeau
Sur le chef penché comme une flamme
Grande falaise sous le haut tamis des lustres
Austères se balancent les ifs gantés d'or
Près d'un tumulus le peintre s'est assis en
Silence sont-ce les dieux qui meurent ou les hommes
Ah quand les hommes meurent les dieux meurent aussi
Dit-il
Heureux ceux qui connaissent l'amour
Le désir les habite comme une fontaine
(...)
Jean Ristat - Eloge de M. Burattoni assis sur le tombeau de Virgile et dessinant (extraits)