Les chiffres torturés de la RATP

Publié le 08 juillet 2010 par Lili

Toi qui déambules à la queue leu leu dans les couloirs du métro, toi qui t'entasses sur le quai, qui trépigne d'impatience à l'idée d'étouffer sous les aisselles de ton voisin, toi qui te fais ballotter dans la rame de RER, tu rêves…

Tu exagères les retards, tu imagines les incidents techniques, tu inventes les voyageurs malades, Rien de tout cela n'existe, tu es dans la matrice… pas dans la réalité … Rassures toi, voyageur, ce que tu vis chaque jour, ce que tu ressens à chaque instant n'est que le fruit d'un voyage virtuel

On a découvert la "vraie réalité celle de l'indice de régularité du métro 99% et celui du RER, 90%, moi je dis Bravo!

Comment la RATP assure-t-elle ce chiffre? Facile : créer une méthode de calcul imparable!

Définir des critères : un voyageur est considéré en retard s'il attend plus de 3mn en heure de pointe, plus de 6mn en heure creuse et plus de 10mn la nuit.

Si le train prend progressivement du retard, seuls sont comptabiliser les voyageurs en bout de ligne quand le retard atteint 6mn.

Dans le RER, normalement un train passe toutes les 2mn, mais si un train sur deux roule, c'est-à-dire une cadence toutes les 4mn et donc inférieure au critère de 5mn considéré comme un retard, judicieux non?

Cela dit ça fait deux fois plus de monde dans une rame, et certains voyageurs restent sur le quai, ce n'est pas un train qu'ils manquent mais deux!

Pour obtenir de bons chiffres de régularité, une autre astuce consiste à faire des moyennes sur l'ensemble des lignes, les lignes fiables (1, 4 et 11) rattrapant les lignes à la traîne ( 2, 6, 13). La moyenne! Un grand classique pour faire de bonnes analyses statistiques et interpréter les chiffres comme ça arrange…ou bien encore on ajoute des rames pendant les heures creuses…, les voyageurs sont ravis de savoir qu'il y a plus de rames en heures creuses!

Les retards dans le métro ne supposent-ils pas des retards de maintenance, d'investissement et un manque d'implication politique?

Source : Le monde 31/O3/2010 + la ratp rame avec ses chiffres