Dans la série rencontre du deuxième, voir troisième type, voici Gleeden, premier site de rencontres extra-conjugales !
En effet, jusqu'à présent les hommes mariés étaient très ennuyés car ils ne pouvaient pas draguer sur internet.C'est bien connu, Meetic, Match, et que sais-je (pas les petits livres) ont pour vocation la promotion des rencontres entre célibataires de tous poils, laissant au banc de la société les mono et polygames décidément pas assez seuls pour bénéficier d'amours plus ou moins virtuels.
Heureusement, il reste Facebook à ces pauvres diables pour se faire tirer par la queue par leur premier amour retrouvé. Mais faut avouer que coté discrétion, lorsque toute votre famille et tous vos copains ont accès à vos échanges épistolaires, c'est pas Broadway...
Et bien voila, c'est chose faite, désormais l'homme et la femme mariés ont également leur jardin d'Eden secret pour y batifoler entre malheureux de leur espèce.
Je me suis interrogé sur l'intérêt et la pérennité d'un tel concept, sachant que le mariage n'est plus vraiment à la mode. C'est un peu comme si je me lançais dans le développement d'une chaine de grandes surfaces vendant des minitels.
Par ailleurs pourquoi aller se planquer sur un tel site qui finalement va recenser consciencieusement tous les candidats à l'adultère...J'imagine bien Sandrine, l'épouse de Philippe, 45 ans, mécano à Bordeaux, 1m78, 80 kg, brun, cherchant "une complice de jeu en toute discrétion" lui répondre favorablement car elle aussi aimerait bien "un homme qui s'occupe d'elle comme une femme" (sic) parce que la photo floutée de présentation de son futur Apollon sous un palmier, lui rappelle vaguement son voyage de noce il y a 10 ans au Club Med d'Agadir, et pour cause...
Evidemment le buzz crée par un tel concept est en lui-même une réussite. Surfant sur le conservatisme et les valeurs traditionnelles, il ne pouvait manquer d'attirer quelques gogos.Donc, hier, prenant mon clavier à deux mains, ha, ha,ha, go, go, ceci n'est pas un exercice, je me suis inscrit.
Pourquoi ? N'étant pas marié, vous êtes en droit de me poser légitimement la question.Et bien de mauvaise foi, je répondrai : par curiosité, pour trouver éventuellement un coup sentant la poudre plutôt que la foudre, trouver une femme mariée de mes connaissances que je pourrai draguer en toute impunité et même faire chanter si elle a une belle voix ou un mari riche, et enfin pour assouvir ma soif inextinguible de connaissances...
D'entrée pas de grosse découverte, même principe que pour les autres sites : création de profil et possibilité d'album photo public et privé à demande d'accès, chat, messagerie...rien de très sulfureux.
Nouveauté : dans le questionnaire de présentation on demande vos préférences sexuelles : domination, yeux bandés, conversation, sexe à plusieurs, sex-toys...et même conversation platonique !
Où va se nicher la perversion. Quelle époque...Me voilà donc dans le vif du sujet, et la connotation libertine du site semble enfin prendre tournure.Une fois avoir passé 10 minutes en tergiversations et réflexions (et si je tombe sur une dominatrice sado-maso qui pratique la râpe à fromage, suis-je sûr d'apprécier ?) quant à l'orientation idéale à donner à mon profil, on me demande quelques euros pour les orphelins du site.
Je lance un avis de recherche pour trouver la coquine idéale...s'en suit une galerie de produits à consommer, classés par localisation, date de fabrication, bilan de masse graisseuse, etc...
Il n'y a pas que des personnes mariées, quelques divorcées et célibataires, et peu de photos en accès public, discrétion oblige. Et un choix finalement très limité.
Deux trois profils semblent prometteurs, je demande poliment l'accès à leur galerie privée. Ana333 me répond en me demandant accès à ma galerie privée. Je n'y ai pas mis de photos vraiment compromettantes, mais on m'y reconnait nettement, très sexy dans ma chemise bleue bureau. Visiblement cela ne lui a pas plu car elle a refusé de m'ouvrir son album secret.
Je ne suis pas spécialement photogénique, je le sais, mais c'est un peu vexant.
J'ai tenté quelques autres approches par chat, mais sans grand succès. Cela relève plus du jeu du chat et de la souris que de la mise en relation directe.
Une des seules qui m'ait répondu, Sisibelle33, m'a jeté car je n'étais pas marié. Je lui ai répondu que si cela pouvait contribuer à assouvir son fantasme, je pouvais remettre mon alliance car je l'avais été par le passé. Mais non.
Parmi les femmes présentes beaucoup n'affichent pas clairement leurs intentions, mais dévoilent sans pudeur leur hobbies : antiquaires, cuisine, ballade, musées... Cherchent-elles de l'Art ou du cochon ?
J'ai réécrit mon profil une bonne dizaine de fois alternant les description explicites et sibyllines, jusqu'à laisser un message de l'espace.
Mon appât lancé, je tente une autre approche du site en me plaçant cette fois-ci coté féminin. Nouveau profil "Pompompidou", gratuit cette fois-ci, où va se placer la galanterie ma bonne dame, quelques préférences dans l'air du temps et, en voiture Simone, me voila devenue femme mariée en quête d'un mâle d'appointTout de suite l'ambiance est différente. En 20 secondes chrono j'ai déjà 5 jolis coeurs qui veulent chatter avec moi, et leur nombre augmente à chaque instant ! Quel succès ! Je commence à répondre mais les entrées en matière du genre "Salut coment tu va ? on peu discuté ? T'a envi de baise, moi oui" pleuvent à m'en faire perdre mon lapin. Dans un article de l'express : Traders et médecins cherchent maîtresse sur Gleeden, Teddy Truchot, le directeur de Gleeden, présentait son site ainsi : "Quels profils retrouve-t-on parmi ces inscrits?Le secteur financier est majoritairement représenté parmi nos abonnés, d'après un sondage réalisé auprès des nouveaux inscrits. Traders, analystes et chargés de clientèle surfent régulièrement sur notre site.Arrive en deuxième position la sphère médicale qui représente 13% des inscrits.Comment l'expliquez-vous?Nous avons demandé aux personnes travaillant dans la banque ou la finance de justifier leur inscription sur notre site. 45% ont déclaré y venir pour retrouver confiance en eux contre 22% par ennui dans leur couple."
Pour les prochaines élections, je serai assez partisan d'un programme visant à réformer en profondeur l'enseignement de l'orthographe, voir instaurer des U.V. supplémentaires de Savoir Vivre en fac de médecine, et d'Altruisme en sciences éco...
Le lendemain, mon profil féminin avait été vu 508 fois contre 7 pour le masculin, j'avais une bonne centaine de coups de coeurs, des messages d'amour comme si je venais de m'écrabouiller sous le pont de l'Alma, bref un aréopage de prétendants qui certes flattaient le coté féminin qui sommeil au fond de moi, mais ne m'avançait pas à grand chose, l'enfer pour pas radis.
J'ai la nette impression que l'idée d'un Paradis de l'adultère est donc très surfaite, les cocus peuvent dormir tranquilles.
Même si on admet que ce soit Dieu qui ai crée internet, il n'en a certainement pas non plus imaginé les dérives possibles, et il est bien possible qu'un jour il se fâche tout rouge.
Heureusement que Dieu, lui, n'a qu'une seule maîtresse, elle s'appelle Clémence : tout le monde connaît Dieu et sa grande Clémence.