Les bonnes manières

Publié le 12 juillet 2010 par Sophiel

Autant se faire une raison : En période de Coupe du Monde de football, il est difficile de ne pas se manger quelques ballons dès le petit déjeuner jusqu’au digestif du soir…

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, j’accepte, magnanime, de sacrifier un mois de culture télévisuelle pour supporter quatre semaines de vuvuzelas.

C’est donc confortablement allongée sur le canapé, munie d’un paquet tout neuf de Picorettes que je suis et commente avec Mr Gremlin, les actions footballistiques.

Il y a bien des moments où la stratégie du jeu m’échappe, mon esprit s’égare, vagabonde par delà les pelouses sud-africaines, mais les coups de sifflet répétitifs de l’arbitre signale aussitôt ma faute et me ramène dare-dare sur le terrain. Aussi, pour faire passer le temps, j’observe le jeu et ses arrêts sous un angle nouveau. Et depuis trois ou quatre matchs, cette observation tourne à l’obsession…

Et je me demande : Ces joueurs de foot, avant de devenir les stars adulées du ballon rond, ont été de petits enfants non ?! Avec une mère censée les élever, non ?! Je ne cite délibérément pas les pères, lesquels interviennent assez peu dans l’apprentissage des règles du savoir-vivre de leur progéniture, si ce n’est pour leur apprendre à roter sur commande…

Pour en revenir aux joueurs et à leurs mères qui ne les ont pas correctement éduqués, je suis offusquée de voir, qu’aux heures de grande écoute, on autorise un tel débordement de crachats à la minute !

Je veux bien admettre que dans certaines cultures, cette pratique est courante voire banale, cependant, dans la plupart des civilisations dites développées, elle est tout bonnement inqualifiable !

A l’heure où j’écris ces mots, assise sur un banc face à l’Arc de Triomphe, trois chinois prennent place à mes côtés. Ils se font tirer le portrait (et le mien avec) sans daigner me demander mon avis… D’ici à ce qu’ils me crachent dessus pour me remercier…

Les joueurs qui, dans leur grande majorité n’ont pas été élevés en Chine, lorsqu’ils ne courent pas après le ballon, ont la déplaisante manie de cracher, recracher et recracher encore ! Si toutefois ils expectoraient discrètement, une main dissimulant élégamment leur crachouillées, et hors de portée des caméras, passe encore, mais non, ces Messieurs, compétiteurs jusqu’au fond de la gorge jouent également la Coupe du Monde des Crachats, immortalisée par toutes les télévisions internationales ! Et moi, lorsque je mange des picorettes, ça me dérange et cela me démange d’aller leur coller un aller-retour afin de leur apprendre les bonnes manières !

Qui plus est, ce ne sont pas de petits crachouillis de rien du tout dont ils aspergent le terrain mais bien de bons gros mollards à en dégoûter leur propre mère et qui viennent lourdement s’écraser sur la pelouse déjà bien gorgée du stade.

Les nombreux témoins de ces actes peu ragoûtants ne semblent s’en offusquer ; les arbitres laissent couler ; les supporters postillonnent leurs hurlements ; les commentateurs bafouillent ; seuls, peut-être, les cameramen y accordent un certain intérêt, soucieux de les filmer de profil au cas où la malchance leur en ferait prendre un en pleine face…

Pour la spectatrice que je suis, ces images déjà difficilement supportables en deviennent apocalyptiques à la vue de ces mêmes athlètes qui, non contents d’avoir évacué leur bave, se vautrent dans celles laissées pas leurs semblables la veille, l’avant-veille etc…

Beurk !

Heureusement, il y a la mi-temps !

L’occasion pour moi d’aller prendre une douche et pour eux de changer de maillot chargé d’empreintes ADN.

Comme je doute qu’ils aient la délicatesse de déposer leurs frustres dans le bac à linge sale, mes pensées vont vers celle – que l’on me montre un homme qui le fasse et je remplacerai « celle » par « celui » -  qui ramassera ce monticule baveux sans même obtenir un autographe en compensation.

A peine la deuxième mi-temps commencée, en voici déjà qui se raclent la glotte et font jaillir de tels jets que j’en reste coite !

C’en est trop !

Je m’en ouvre à Mr Gremlin, et lui démontre, preuves télévisuelles à l’appui, le bien fondé de mon indignation. Ce à quoi il répond :

-   Tu vas me tenir le crachoir encore pendant longtemps ou je peux regarder le match ?

J’imagine sans peine les femmes des joueurs, galopant à leurs côtés et leur tenant élégamment un crachoir signé Karl…

Je m’en vais de ce pas faire breveter cette salivante idée !