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(3) sator

Publié le 12 juillet 2010 par Luisagallerini

(3) SATOREt cette nouvelle dimension s'appelait "carré magique". On appelait carré magique un carré constitué de nombres tels que la somme de chacune des lignes, colonnes et diagonales était identique. Il existait, sur le même modèle, des carrés magiques composés de lettres dont chaque ligne, colonne et diagonale formaient un mot, comme le légendaire carré SATOR, qui aurait servi de signe de reconnaissance aux premiers chrétiens.

Lorsqu'elle reconnut son propre carré magique, dit d'ordre quatre, car il possédait quatre nombres par côté, soit seize au total, elle poussa un hurlement de joie.

Englobant les trois mystérieuses séries numériques, il avait été rendu célèbre grâce à l'œuvre Mélancolie d' Albrecht Dürer

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Elle observa la gravure avec attention. Le carré magique était disposé sous une cloche, en haut à droite, près d'un sablier. A sa gauche, une balance était clouée au mur. L'instrument étant bien loin de la balance égyptienne à laquelle elle s'attendait ! Elle réprima un fou rire nerveux avant d'applaudir comme un enfant. Marie, qui avait toujours adoré les énigmes, exultait.

Lorsqu'elle remarqua, appuyée contre le pilier où étaient suspendus le carré magique et la balance, une échelle à sept barreaux, elle serra les poings, victorieuse. Convaincue que rien à présent ne pouvait plus l'arrêter, elle poursuivit son examen. Dans l'angle supérieur gauche, des rayons de soleil hachuraient le ciel et l'échelle, tandis qu'au centre, une banderole brandie par une monstrueuse chauve-souris portait le titre de la gravure, Melencolia. Elle avait trouvé les "rayons affligés".

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Son cœur battait à tout rompre. En lisant la description de la gravure, elle apprit que Dürer avait dissimulé la date de création de son œuvre, 1514, dans le carré magique. Or les deux nombres, 15 et 14, apparaissaient dans la troisième suite, celle qui donnait la clé. Les joues brûlantes, Marie ne contrôlait plus ses doigts, aussi glacés que roides. Sous l'emprise de l'émotion, ils ripèrent sur une touche du clavier, qui éteignit aussi sec l'ordinateur. Fait inhabituel, elle grommela à peine, se contentant de relancer la machine capricieuse. Transportée par la tournure que prenaient les événements, elle avait beaucoup de mal à garder les idées claires. Cependant, il restait encore deux mystères à élucider : le lien existant entre le British Museum et la gravure de Dürer, et la fin de l'énigme, "souvent sous le crayon se cache l'écrit".

Le premier ne nécessita que quelques minutes, le temps d'avoir la confirmation que le British Museum abritait plusieurs versions de la gravure de Dürer. Le second, dont l'interprétation s'avéra plus délicate, car impossible à vérifier, ressemblait à une invitation. Si l'on considérait que le crayon symbolisait le dessin, et par extension, la gravure Mélancolie, "sous le crayon" pouvait signifier "sous la gravure". La mention "se cache l'écrit" s'apparentait alors à l'indication d'une cache, celle d'un "écrit". Et ce serait à cet écrit mystère que mènerait l'énigme, à la façon d'une chasse au trésor.

Folle de joie, Marie improvisa une danse tribale autour de son ordinateur, avant de s'écrouler sur le lit, les bras en croix. Mais quand elle ferma les yeux, le doute revint.

Dans le prochain épisode, Marie décidera-t-elle de croire aux contes de fées ?

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