Lorsqu'elle reconnut son propre carré magique, dit d'ordre quatre, car il possédait quatre nombres par côté, soit seize au total, elle poussa un hurlement de joie.
Englobant les trois mystérieuses séries numériques, il avait été rendu célèbre grâce à l'œuvre Mélancolie d' Albrecht Dürer
.
Elle observa la gravure avec attention. Le carré magique était disposé sous une cloche, en haut à droite, près d'un sablier. A sa gauche, une balance était clouée au mur. L'instrument étant bien loin de la balance égyptienne à laquelle elle s'attendait ! Elle réprima un fou rire nerveux avant d'applaudir comme un enfant. Marie, qui avait toujours adoré les énigmes, exultait.
Lorsqu'elle remarqua, appuyée contre le pilier où étaient suspendus le carré magique et la balance, une échelle à sept barreaux, elle serra les poings, victorieuse. Convaincue que rien à présent ne pouvait plus l'arrêter, elle poursuivit son examen. Dans l'angle supérieur gauche, des rayons de soleil hachuraient le ciel et l'échelle, tandis qu'au centre, une banderole brandie par une monstrueuse chauve-souris portait le titre de la gravure, Melencolia. Elle avait trouvé les "rayons affligés".
Le premier ne nécessita que quelques minutes, le temps d'avoir la confirmation que le British Museum abritait plusieurs versions de la gravure de Dürer. Le second, dont l'interprétation s'avéra plus délicate, car impossible à vérifier, ressemblait à une invitation. Si l'on considérait que le crayon symbolisait le dessin, et par extension, la gravure Mélancolie, "sous le crayon" pouvait signifier "sous la gravure". La mention "se cache l'écrit" s'apparentait alors à l'indication d'une cache, celle d'un "écrit". Et ce serait à cet écrit mystère que mènerait l'énigme, à la façon d'une chasse au trésor.
Folle de joie, Marie improvisa une danse tribale autour de son ordinateur, avant de s'écrouler sur le lit, les bras en croix. Mais quand elle ferma les yeux, le doute revint.
Dans le prochain épisode, Marie décidera-t-elle de croire aux contes de fées ?