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L’éventail de 2015

Publié le 13 juillet 2010 par Fbaillot

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En ces journées de suppliques pour une retraite à prendre le plus tôt possible, j’ai eu le plaisir de rencontrer tout récemment le technicien chargé de la liquidation de mes droits aux pieds en éventail, qui m’a fixé rendez-vous en … juin 2015 !

Je ne peux malheureusement pas le cacher, j’atteindrai cette année le cap auparavant fatidique des 60 ans, et la caisse de sécurité sociale s’est inquiétée depuis plusieurs années déjà de la reconstitution de ma “carrière”.

Qu’on se le dise avant toute chose, je ne crois pas que je sois à plaindre : je n’ai pas pratiqué de professions considérées comme particulièrement harassantes, même si depuis quelques temps, j’ai parfois de bonnes raisons d’avoir “les nerfs”, je n’ai pas le dos en compote, j’en ai même encore “sous la pédale”, comme le reconnaissent certains de mes compagnons de route cyclistes.

Mais j’ai pris conscience un peu tard des réalités de ce passage attendu vers l’inactivité : je n’ai commencé à cotiser pour mes vieux jours “que” vers l’âge de 26 ans. Auparavant j’avais brillamment remporté un concours qui me permettait de financer mes études mais ne m’octroyait pas de trimestre comptabilisable dans cette satanée carrière. Il m’est même venu par la suite l’idée saugrenue de reprendre des études, financées par divers petits travaux : de nouveau quelques petits trous dans le gruyère de ma vie professionnelle. Pour résumer, à 60 balais, je n’ai pas les 160 trimestres qui auraient pu me permettre de devenir pensionné à taux plein. J’ai découvert également que les indemnités d’élu que je perçois depuis quelques temps ne constituent pas un salaire, et sont donc moins contributives à mon sort de retraité.

J’insiste, je ne regrette rien, et je ne réclame pas la commisération. Je passe d’ailleurs, de peu, entre les gouttes du nouveau dispositif présenté ce matin en conseil des ministres, et je pourrai écarter les orteils à 65 ans quoiqu’il arrive (touchons beaucoup de bois). Mais je me fais quelques cheveux blancs pour mes enfants, qui auront bien du mal à commencer à cotiser plus tôt que je ne l’ai fait, et devront prolonger encore plus que je ne le ferai leur vie professionnelle.

Vous ne m’en voudrez pas de m’attarder sur mon sort, mais je crois refléter quelques-uns des paradoxes de la réforme envisagée de la retraite, dont je ne doute pas qu’elle sera amendée par le Parlement et la force des choses.

Je pense pouvoir être encore utile sur le plan professionnel, sur d’autres aussi, et je comprends qu’il faille augmenter pour ce qui me concerne le temps de cotisation avant de bénéficier du système par répartition. Mais une réforme qui met tout le monde dans le même panier me paraît particulièrement injuste pour les plus modestes d’entre nous, qui ont commencé à travailler jeunes, et qui vont continuer à s’épuiser, alors même que leur espérance de vie est plus courte que d’autres. Et nos enfants qui ont de plus en plus de difficulté à s’insérer dans la vie active n’auraient le moment venu que leurs yeux pour pleurer si d’aventure les projets gouvernementaux étaient appliqués à la lettre.

A coup sûr, nous allons beaucoup gloser sur ce difficile sujet dans les semaines et les mois qui viennent. Il me semblerait important, pour ne pas dire essentiel pour l’aborder sereinement de poser une question simple : que peut apporter à la société une femme ou homme de 60 ans et plus ?

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