Voici ce que j’ai déclaré ce matin au monument aux morts à l’occasion de la Fête nationale.
En ce jour de fête nationale, je voudrais m’attarder avec vous sur un élément de notre identité qui est aussi le fruit de notre histoire : le drapeau français.
Le 13 juillet 1789, la Garde nationale, sur le point de prendre la Bastille, porte une cocarde bleue et rouge (les traditionnelles couleurs de Paris). Le 17 juillet, Pierre Bailly, maire de Paris, présente la cocarde au roi et l’épingle sur son habit blanc. Celui-ci va saluer la foule devant l’Hôtel de Ville avec cette cocarde. La Fayette la recommande au gouvernement et elle est adoptée le 4 octobre 1789.
Les trois couleurs : le rouge, le bleu et le blanc ont figuré successivement sur les drapeaux français depuis Charlemagne :
• Le rouge fut le drapeau impérial à partir du IXème siècle, mais aussi celui des révolutionnaires. Dans les heures de grand péril, les rois de France brandissaient la bannière de Saint-Denis, rouge du sang du martyr. Cette tradition reprise par les insurgés contre Louis XVI, est devenue ensuite le symbole mondial des luttes ouvrières !
• Le bleu correspond aux couleurs des bourgeois de Paris, au Moyen Âge, en association avec le rouge. Cette couleur est le fond de la bannière armoriée ainsi que du pavillon marchand depuis le 13e siècle.
• Le blanc est la couleur d’une écharpe que les chefs des armées et le roi en personne arboraient au combat. Il correspond à la couleur des Bourbons. Il fut le drapeau et le pavillon de la France aux 16e et 17e siècles.
Le 15 février 1794, la Convention décrète que ‘’le pavillon et le drapeau national seront formés des trois couleurs nationales disposées en trois bandes égales de manière à ce que le bleu soit attaché à la garde du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant'’. Cette disposition des couleurs a été suggérée par le peintre Louis David.
En 1848, après l’abdication de Louis-Philippe, les Républicains hésitent à conserver les trois couleurs et penchent pour le drapeau rouge, signe de la loi martiale utilisée par la Garde nationale contre une manifestation au Champ de Mars.
Il faut toute l’éloquence de Lamartine pour les conserver. À l’Hôtel de ville de Paris, le poète s’adresse en ces termes à l’assemblée : « Le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie».
La constitution de la cinquième république instaure en 1958, dans l’article 2, que “l’emblème national est le drapeau tricolore bleu, blanc, rouge”.
Le drapeau français et ses trois bandes verticales de largeur égale, et dont la longueur représente deux fois la largeur fait référence à la liberté, et à l’égalité. Ce modèle a été repris par de nombreuses nations, notamment d’anciennes colonies dont on fête aujourd’hui le cinquantenaire de l’indépendance.
Ce drapeau, c’est donc le résumé de notre histoire, et ces trois couleurs symbolisent et synthétisent le creuset dans lequel notre nation s’est constituée. Nous sommes les héritiers des révolutionnaires de 1789, mais aussi de la dynastie des Bourbons et de Charlemagne. Nous nous reconnaissons dans ces origines pourtant contradictoires. Ceux qui regardent notre pays nous identifient, nous comprennent dans ces trois couleurs juxtaposées.
Et de nombreux Français ont combattu, souvent au péril de leur vie, pour ce drapeau, et ont à leur tour contribué à sa grandeur.
Vous ne m’en voudrez pas j’espère, de relier cette réflexion sur nos couleurs nationales à quelques remarques sur la coupe du Monde qui vient de se terminer en Afrique du Sud. Je ne souhaite pas ajouter de commentaire sportif aux très nombreux avis déjà publiés de tous côtés, notamment sur l’équipe qui devait défendre nos couleurs. Mais on peut quand même remarquer que cette compétition planétaire a mis en valeur des équipes au sein desquelles le collectif a pris le pas sur l’individuel. Les observateurs notent par ailleurs que le star-system dans lequel prospère le football a montré ses limites, au pays de Mandela.
J’en resterai là avec la comparaison, mais j’en tirerai néanmoins une leçon à méditer pour chacun d’entre nous. L’histoire de ce beau pays qu’est l’Afrique du Sud nous y aide aussi : une nation, c’est un groupe qui se construit avec patience, qui est beaucoup plus qu’une somme d’individus. Ce groupe se nourrit de ses différences, de ses contradictions, de ses antagonismes. Chaque membre du groupe, de l’équipe, peut apporter à l’ensemble ses richesses, ses qualités, en les mettant au service de l’intérêt supérieur. Il faut pour cela que le projet proposé au groupe, au pays, soit de nature à le galvaniser, à le rendre fort.
Respectons ce drapeau, parce qu’il nous dit qui nous sommes, et parce qu’au-delà de nos différences, il nous solidifie, et nous donne confiance. Tous les grands pays républicains défendent les symboles qui les définissent et les transcendent. Le drapeau tricolore fait partie de ces symboles que nous devons respecter, et faire respecter.
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