Je cours, je sens l’air qui circule dans mes poumons et ma gorge qui se chauffe. Bientôt, j’aurai un point. Je m’en fous. Je fais des zigzags entre les serviettes, saute au-dessus des grands étalés et évite les crocodiles. Ah, ah, les garçons ne sont pas prêts de voir ma culotte !
Je les entends crier derrière moi mon nom à tue-tête : « Zélia ! Zélia ! » Je ris, qu’est-ce qu’ils sont bêtes ! Je n’ai même pas de culotte puisque je suis en maillot de bain. Je hurle : « de toute façon, j’ai pas de culotte ! Pas de culotte, tralalère ! »
Les merguez fumantes nous engueulent : « Mais c’est pas possible ! Allez jouer ailleurs ! Ce n’est pas un endroit pour courir, m’enfin ! » Je m’en fous. Tout ce qui compte, c’est ne pas nous faire chopper par les maîtres nageurs. Soudain, j’ai une idée de génie. Je stoppe ma course: « hé les garçons, si on jouait au requin? Le premier dans l’eau, c’est lui qui l’est! »