Magazine Humeur

Témoignage sur Medjugorje (10)

Publié le 16 juillet 2010 par Hermas

MedjugorjeETUDIONS A PRESENT CE DOMAINE DELICAT de la réception des apparitions au regard des enseignements de l'Eglise.

Nous abordons cette question à partir des réflexions du Père Laurentin, théologien : dans son ouvrage intitulé :

Les apparitions de la Sainte Vierge se multiplient.

C’est Elle ? Que veut-Elle nous dire? (Ed. Piemme)

Nous assistons à une série d’apparitions de la Vierge dans plusieurs localités du monde. Comment expliquer cette floraison ? On peut considérer les raisons suivantes :

1) - Est-ce un phénomène lié à un moment historique? La revanche de l’irrationnel sur le rationnel. Nous voyons en effet, avec inquiétude la multiplication des diseurs de bonne aventure, des voyants extralucides, des voyants ;

- les hommes deviennent anxieux devant une situation de crise, et entretiennent un sens vague mais répandu de danger. Les temps tourmentés sont souvent favorables pour la recherche d’une forme de spiritualité : c’est la recherche d’une porte de sortie de ces problèmes ;

- les hommes qui avaient mis leurs espérances dans la science, ont compris qu’elles ne résolvaient pas et ne pourrait jamais résoudre toutes les exigences de l’homme. Aussi cherchent-ils ailleurs. D’où un réveil d’une vague religiosité, mais qui n’est absolument pas un réveil de la foi.

2) – En revanche, il est caractéristique de la mission de Marie, d’intervenir pour aider ses enfants dans les moments difficiles. Cette action d’aide est destinée à s’intensifier dans les derniers temps, comme le disait Saint Grignon de Montfort. La multiplication de ses apparitions ne répond-elle pas peut-être à une grande exigence ? Un grand tournant attend-il l’humanité ? En ce début du troisième millénaire ? Tout semble l’indiquer.

Mais alors, les actuelles apparitions de Marie doivent-elles être prises au sérieux ? Tout de suite ? Et que veulent-elles nous dire ?

Grave dilemme pour beaucoup!

Ceux qui sont attirés et convertis par les apparitions, s’entendent dire, à leur retour : « Tu ne devais pas y aller tant que l’Eglise ne les a pas reconnues ; il faut attendre, il faut être prudents ». Ils sont donc préoccupés ; mais s’ils avaient attendu, ils ne se seraient pas convertis et, souvent, la grâce s’est manifestée précisément à l’endroit où ils se sont rendus.

En outre, les messages de la Sainte Vierge aux voyants présentent des caractéristiques d’urgence : le monde est en danger : priez, jeûnez, faites pénitence, etc.

En effet, c’est un faux dilemme qu’il faut clarifier.

Urgence, oui ; mais prudence dans l’urgence.

Cette contradiction, ce malentendu sont symptomatiques d’une situation confuse qui dure depuis un siècle. Ces temps derniers, la théologie se méfie de ce surnaturel sensible. La théologie biblique y oppose la Révélation, et la théologie dogmatique définit les révélations privées comme étant accessoires et sans autorité ; quant au droit canon, il s’est arrêté seulement aux précautions à prendre pour limiter, ou pour condamner ces phénomènes.

Voyons les choses de plus près.

A la Révélation, s’applique la certitude absolue de la Parole de Dieu, garantie de manière infaillible par l’Eglise, au Nom de Dieu lui-même ; à cela s’oppose l’incertitude relative des apparitions, même reconnues, parce qu’elles ne sont jamais reconnues qu’au nom de leur probabilité d’être vraies.

L’Eglise engage son infaillibilité sur le Credo.

On a suivi ainsi une voie de sévérité qui a dominé dans l’Eglise vers la moitié du vingtième siècle, en créant une ligne de conduite extrêmement négative. Aucune des apparitions qui ont eu lieu après Beauraing (1932) et Banneux (1933), n’a été reconnue officiellement par l’Eglise Catholique.

En effet, les apparitions n’ont pas pour fonction de compléter l’Evangile dans lequel le Christ a dit tout ce qui était nécessaire pour le salut, mais elles ont seulement pour fonction de le rappeler à nos oreilles sourdes et à nos yeux aveugles, de raviver notre foi, de nous aider à voir les dangers qui nous menacent.

Dans cette optique, les apparitions ont ainsi un rôle très important et, si on veut bien le comprendre, on devrait les accueillir avec joie, comme une grâce de Dieu, une étoile dans la nuit de la foi, un acte de Miséricorde et de Bonté.

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Mais il est vrai aussi que chaque apparition est entourée d’une prolifération de fausses apparitions. Il y eut des dizaines de fausses apparitions après celles de Lourdes ; et, de même celles de  Banneux et de Beauraing il y eut de très nombreuses apparitions de valeur discutable, au point d’obliger le Cardinal Ottaviani, qui était alors Responsable du Saint-Office (l’actuelle Congrégation de la Foi) à opérer une répression sévère. On bloqua des causes da canonisation de mystiques de grande valeur, qui ont été reprises ensuite sous le Pontificat de Jean Paul II, comme celle de Sœur Faustina Kowalska (à présent canonisée), et les temps furent difficiles pour Padre Pio et pour d’autres (qui sont canonisés à présent).

La dévalorisation des apparitions parvint à son paroxysme dans les années 1950-1980.

Mais le résultat fut que les apparitions, non seulement se poursuivirent dans le monde entier, mais même s’intensifièrent.

Il est certain que ceux qui en perçurent et qui en perçoivent la valeur, n’ont pas eu alors la vie facile.

Toutefois les facteurs de jugement qui avaient prévalu durant la dernière partie du siècle dernier, ont fait prévaloir des principes qui demandent à présent d’être revus en profondeur.

Un exemple: “Tant qu’une apparition n’est pas officiellement reconnue par l’Eglise, on ne doit pas en parler, et on ne doit pas s’y rendre en pèlerinage. Il faut attendre. Dans le cas contraire, vous êtes dans l’imprudence ».

Ce n’est pas là du tout la position traditionnelle de l’Eglise. Au temps des prophètes, au temps du Christ, et chaque fois que, dans l’Eglise, se sont manifestés des apparitions ou des charismes, le peuple chrétien, dans la mesure où il croyait en Dieu et l’aimait, accourait à ces signes du Ciel, les yeux et le cœur ouverts, mais aussi avec un sens critique. Et plus y ont-ils reconnus l’action de Dieu, plus ils y ont obéi avec générosité. C’est ce qui s’est passé à Lourdes, à Pontmain, à Fatima, à Beauraing, à Banneux, etc. Et cela est tout simplement normal. La vérité est que si l’on a peur, on a peur de la vérité, on a peur de la demande de conversion, on a peur des rappels du Ciel. Les jugements contraires se multiplient facilement précisément quand manquent l’amour et le désir de Dieu. En réalité, on cultive à l’égard de Dieu, du Christ, de la Sainte Vierge, et de leurs dons ; et les apparitions, avec leur rappels, dérangent. A cela, s’ajoute l’urgence que certains messages proclament, dérangent plus encore le mode de vie tranquille de nombreuses personnes.

Mgr Laurence, Evêque de Lourdes, et d’autres, ont approuvé aussitôt la rapidité généreuse des fidèles à discerner les signes du Ciel. La Lettre Pastorale qui reconnaissait l’authenticité des apparitions de Massabielle, voit « dans le rassemblement nombreux du peuple » à la grotte, une des arguments sur lesquels s’est fondée l’authenticité des apparitions. Catherine Labouré et Don Bosco ont reconnu avec joie ces apparitions bien avant que Mgr Laurence ne les ait reconnues comme authentiques : « C’est la même », disait Catherine Labouré.

Si, en revanche, le peuple s’en était tenu aux consignes qui prévalent aujourd’hui, et si l’on avait ignoré les apparitions, il aurait été inutile pour l’Eglise de s’en occuper et de porter un jugement sur elles. Ces apparitions seraient nées mortes, et l’Eglise aurait grandement perdu.

D’autres aspects de doute et de méfiance sont aussi à considérer quand il s’agit de juger de la réalité des apparitions :

Chacune d’elles est unique.

L’apparition s’adapte aux voyants, et les voyants la reçoivent selon leur “mesure”.

a) – Elle parle à chaque voyant dans son langage, comme leur Mère : en dialecte local des Pyrénées, et non pas en français, à Bernadette ; en croate à Medjugorje ; en espagnol en Amérique Latine ; en dialecte du Rwandais pour l’apparition de Kibého.

b) - L'habit est différent à chaque apparition : Notre-Dame de Guadalupe a un vêtement orné de fleurs stylisées, avec un manteau bleu semé d’étoiles (on y remarque plusieurs constellations). Sa ceinture est celle d’une femme enceinte : signe donné au Mexique pour indiquer le Mystère de l’Incarnation. Dans les apparitions de la Rue du Bac et à Lourdes, le vêtement est blanc, immaculé. A Lourdes, la Vierge porte aussi une ceinture dont les pans tombent en avant. A La Salette (1846), la Vierge a un vêtement étrange : une coiffe toute plissée, et un habit de paysanne de l’endroit. A Pontmain, nous retrouvons les étoiles sur fond bleu, mais, sur le vêtement cette fois, car elle n’a pas de manteau. A Medjugorje, elle a un habit gris lumineux, que les voyants n’arrivent pas à définir, et un voile blanc court qui bouge.

c) – La Vierge n’a jamais le même âge. Elle apparaît comme une jeune fille à Thérèse d’Avila qui la voyait (« muy niña », toute petite), et de même pour Bernadette. Cela parce que le but était d’inculquer le mystère de l’origine immaculée, comme l’a déclaré Bernanos : « une jeune fille, cette Reine des Anges, plus jeune que le péché, plus jeune que le monde dans lequel elle est née ». Ailleurs, les voyants parlent d’une fillette, d’une jeune fille, mais ils ne savent pas préciser son âge : 16 ans, 18 ans, ou plus… Ils ne savent pas. Marie apparaît toujours jeune : l’éternité est une jeunesse  éternelle.

d) – Le voyant saisit l’au-delà selon ses possibilités et ses « ressources », et il en parle selon son langage limité, ce que manifeste le caractère inadapté de ses expressions. Pour les voyants authentiques, les apparitions sont une rencontre personnelle, et qui les fait entrer en toute évidence avec une réalité absolue qui les transcende : « je vois, je ne peux pas dire le contraire », répétait Bernadette devant la menace du commissaire et des juges.

C’est pour cela que l’Eglise n’attribue pas un caractère infaillible à son jugement ; et, même quand elle reconnaît l’authenticité d’une apparition, elle ne déclare pas « La Vierge apparaît ici, c’est sûr, et vous êtes obligés d’y croire ». Elle déclare : « Vous avez telle et telle raison, d’y croire, et cela est bénéfique, fructueux, nous vous invitons à y croire, mais sans en  faire une obligation de foi ».

Pour cette même raison, les Papes ont évité constamment d’être juges des apparitions, et ils laissent ce phénomène local à l’autorité locale, même quand l’événement prend une portée universelle. Dans ce cas, les Papes n’hésitent pas à encourager ceux qui vont en pèlerinage dans les lieux d’apparitions, et ils s’y rendent eux aussi ; mais il n’y a absolument pas d’engagement formel de l’autorité de l’Eglise.

Les apparitions n’ont donc jamais la certitude propre des dogmes de la foi.

Les décrets publiés sur l’authenticité des apparitions ne se placent pas au même niveau que celui des dogmes de foi ; ils n’ont pas la même importance, parce que l’adhésion intégrale à la Parole de Dieu est nécessaire au salut ; mais l’adhésion à telle ou telle apparition n’est pas nécessaire.

En résumé: en matière d’apparitions, on peut avoir des certitudes personnelles, mais non pas des certitudes officielles, même là où il y a reconnaissance officielle de la part de l’Eglise.

Les principes à suivre pour une orientation de base sont les suivants:

1) – orthodoxie: même une seule erreur sérieuse en cette matière est suffisante pour exclure l’authenticité;

2) – Des informations adéquates sur les faits et sur les personnes;

3) – les apparitions, les messages et les voyants s’adressent-t-ils à Dieu, à son amour à son Service, pour le bien de la foi, de la paix et de l’amour du prochain ? Ou bien se projettent-ils sur eux-mêmes, ou sur des choix particuliers qui sont les leurs?

4) – Examiner les signes de la présence de la grâce de Dieu: conversions, guérisons, ou autres miracles;

5) – Jugement des médecins et des psychiatres sur les voyants, et examen de leur vie, y compris après les apparitions; 

6) – Examiner les fruits que produisent ces apparitions. C’est là le critère principal, parce qu’il a été donné par le Christ lui-même.

Le Père Gianni Sgreva, Passionniste, qui avait projeté de fonder une communauté pour vivre le message de Medjugorje, se demandait sur ce projet n’était pas prématuré, étant donné que les apparitions n’avaient pas encore été reconnues par l’Eglise. Le Cardinal Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi lui répondit : « Ne vous préoccupez pas de cela, nous, nous occupons des faits. Vous, occupez-vous des fruits ». Et c’est ainsi qu’est née, au pied du Podbro « L’Oasis de la Paix ».

     

En conclusion de notre examen attentif, nous ne pouvons pas ne pas noter que la Sainte Vierge à Medjugorje a précisé qu’elle était venus pour conclure ce qu’elle avait commencé à Fatima.

(à suivre)


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