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Descartes 1596-1650

Publié le 17 juillet 2010 par Ckankonvaou

"Je pense donc je suis"

DESCARTES 1596-1650De la méthode et de ses errements
Géomètre, astronome, physicien, moraliste et théologien, René Descartes est le modèle même du penseur classique : un savant doublé d’un philosophe. Longtemps considéré comme « l’initiateur de la philosophie moderne », les études qui lui sont consacrées aujourd’hui ont contribué à nuancer cette image.
Illuminations pour le père de la raisonRené Descartes raconte que, durant la nuit du 10 au 11 novembre 1619, il fit trois rêves qui allaient changer le cours de sa vie. Le jeune homme, alors âgé de vingt-trois ans, a fait halte dans un petit village sur les bords du Danube (Allemagne). Il est en garnison avec les troupes du Duc de Bavière, qu’il a rejointes un peu plus tôt. Alors que ses compagnons d’armes passent leurs soirées ensemble à boire et bavarder, lui a préféré s’enfermer dans une petite chambre d’auberge. Là, il lit, étudie, prend des notes. Depuis la fin de ses études de droit, il s’est lancé dans l’exploration des mathématiques. Il y excelle. Les mathématiques lui offrent une nouvelle façon de voir le monde. La rigueur mathématique n’est-elle pas un instrument infaillible pour atteindre des vérités universelles et incontestables, mettre fin aux dogmes anciens, repenser le monde et s’en rendre maître ? Penser le monde à l’aide du seul instrument de la raison : voilà son but. Voilà à quoi il doit s’employer. Une révolution mentale est en cours et lui doit en être le principal artisan. Il s’endort, l’esprit en ébullition. Commence alors son premier rêve :. Il marche dans la rue. Un vent violent le pousse contre un bâtiment. Il s’agit du collège jésuite de La Flèche, là où il a fait ses études de 1606 à 1614. Il entre et rencontre un homme qui l’appelle par son nom. On lui propose un melon ! Descartes se réveille. Ce rêve l’intrigue. Il passe deux heures à méditer. Puis se rendort. Débute alors le deuxième rêve :. Il se trouve dans une pièce, où, après un coup de tonnerre, la foudre fait descendre sur lui comme une pluie d’étincelles. Il se réveille une seconde fois, puis se rendort de nouveau. Vient alors le troisième rêve :. Où il est question d’une encyclopédie, et où un personnage apparaît, un poète.Pour Descartes ces rêves ont un sens. Ils lui indiquent une mission. Le vent est le mauvais génie qui le pousse vers les savoirs anciens. Il doit s’en détourner. La pluie d’étoiles signifie qu’il a été choisi pour dévoiler une grande vérité. L’apparition de l’encyclopédie indique la voie : unifier les connaissances autour d’une méthode nouvelle, fondée sur la seule raison. Voilà son projet.
Descartes va alors se retirer de la vie militaire. Après avoir hérité d’une petite fortune familiale, il passera le reste de ses jours à satisfaire sa passion : la science. Après avoir transité par plusieurs pays : - Hollande, Allemagne, Suisse, Italie- puis fait des retours épisodiques en France, il se fixe en Hollande en 1628. Là, il pense trouver une plus grande tranquillité d’esprit. Il se met à la rédaction de plusieurs écrits dont un Traité du monde qu’il renonce à publier craignant l’hostilité de l’Eglise (il ne le sera qu’après sa mort en 1701).
En 1637, Descartes se décide à faire imprimer trois traités qui résument les travaux qu’il mène depuis des années en optique (Dioptrique), sur les phénomènes météorologiques (Météores), et surtout sa Géométrie où il expose les bases de la géométrie analytique. Il fait précéder ces traités d’une préface d’une soixante de pages qui deviendra le plus célèbre texte de la philosophie française : Le Discours de la méthode.« Je pense donc je suis »Dès le début du Discours de la méthode (1637), Descartes prétend avoir trouvé une méthode infaillible pour faire progresser les connaissances.
Cette méthode repose sur quatre principes :1. Rejeter les connaissances préalables non assurées et n’accepter que les vérités claires et évidentes (règle d’évidence).2. Décomposer chaque problème en des problèmes plus simples et élémentaires (règle d’analyse)3. Remonter pas à pas du simple au complexe (règle de l’ordre)4. Saisir le tout dans une vue générale pour vérifier qu’aucune faute ou oubli n’a été commis (règle du dénombrement)
Cette méthode, Descartes nous dit l’avoir appliquée avec succès dans le domaine de l’algèbre et de la géométrie. Pourquoi ne pas l’étendre à la nature, à l’homme, à la morale, à la métaphysique ?Sa démonstration suit plusieurs étapes. D’abord, remettre en cause toutes les opinions acquises : c’est le fameux « doute cartésien ». Mais le doute pouvant mener au scepticisme généralisé, il faut reconstruire. On peut douter de tout, écrit Descartes, sauf d’une chose : le doute lui-même. Douter c’est penser. Et si « je pense » alors « je suis » (du moins en tant qu’être pensants). Cogito ergo sum. Chez l’homme, la raison est première, affirme Descartes. « En tant qu’il a pris le penser pour principe », écrivit Hegel, Descartes peut être considéré comme le véritable initiateur de la philosophie moderne. Cette opinion, qui a longtemps eu cours est nuancée aujourd’hui par certains auteurs qui soulignent les continuités et les emprunts que Descartes a faits à d’autres penseurs ou savantes.
A partir du doute et du cogito, Descartes tente une démonstration de l’existence de Dieu (étant moi-même un être imparfait, il faut bien qu’une entité supérieure ait mis en moi l’idée de perfection). Puis, sa métaphysique étant posée, Descartes revient sur la terre ferme. Le monde qui nous entoure suppose l’existence d’un ingénieur qui en a défini les lois et lui donne en permanence un certain mouvement. Après Dieu, vient le monde : Descartes présente alors sa conception mécaniste du monde. Puis enfin, les questions morales où Descartes s’en tient finalement à des positions assez conformes à celles de son temps.
Le doute, la pensée, Dieu, enfin le mondeDescartes adoptera le même plan argumentatif que dans le Discours de la méthode pour ses textes ultérieurs comme ses Méditations métaphysiques (1641) et ses Principes de philosophie (1644). Dans ces trois textes, on retrouve le même cheminement : le doute suppose la pensée qui implique Dieu qui explique le monde. Tout semble s’enchaîner comme dans une démonstration mathématique. La publication du Discours de la méthode et ses trois traités rend Descartes célèbre dans toute l’Europe cultivée. Des disciples rallient sa cause. Certains le critique vertement.
En Suède, la reine Christine a entendu parler du philosophe. Elle le fait venir à ses côtés pour qu’il lui enseigne sa science. Mais du fait du climat de Stockholm à l’heure de ses rendez-vous avec la reine, fixés à cinq heures du matin, Descartes contracte une pneumonie dont il meurt en février 1650.
J.F DortierIn Cinq siècles de pensée française
La prochaine fois nous parlerons de PASCALsauf si nous parions que les médias, le parleur et le menteur, internet et mon beau frère nous disent : Non


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