Magazine Journal intime

Partie Fine.

Publié le 16 décembre 2007 par Mélina Loupia
Je m'en souviens, c'était un mardi.
Copilote et moi étions tout excités à l'idée que le lendemain était chômé et que nous pourrions donc nous la donner jusqu'au bout de la nuit, sans Paul ni Tourtel.

Non, nous n'en étions plus là.

La veille, j'avais reçu un mystérieux coup de téléphone avec une voix suave, nordique, ne m'indiquant que la date, le lendemain, l'heure, 20h30 et le lieu, chez Robert Rodriguez.

Pourtant ayant pratiqué et habité le centre-ville de Carcassonne 2 ans durant, en connaissant chacun des angles de rues perpendiculaires et en sens unique, ce nom ne me parlait pas le moins du monde. Mais si mon interlocuteur connaissait, je ne pouvais que lui faire une confiance toute aveugle.

De toute façon, Copilote serait là et remplirait donc sa fonction de guide.
"Chez qui? Tain, je connais pas, c'est où? Elle existe cette rue?"

Nous sommes passés une première fois en voiture et repérage des lieux. Nous étions en avance et avons décidé de nous offrir la place de parking rêvée, éclairée, passante et donc sécurisée, à portée de pas. C'était sans compter l'exhibition ce soir-là d'une patineuse recyclée, dont le caprice de star avait voulu qu'on bloquât l'accès alentour.

De guerre lasse et dans le froid, nous nous préparions à affronter 500 bons mètres de marche cadencée.

Alors que nous arrivions enfin au point de rencontre, nous nous sommes retrouvés nez à pare-choc avec une minéralogie étrangère, du Nord de l'Europe, l'Eure pour être plus précis.
Un grand coucou plus tard, nous nous faisions guides touristiques, affectés à l'arrière, coincés entre nos hôtes et leurs énormes clébards.
"Puisqu'on est en avance, on va vous faire visiter les rues de la ville."
Nous étions alors devant la place de parking que nous allions retrouver un tour de manège et 20 minutes plus tard, après que le chauffeur s'est pris à peu près tous les trottoirs des angles droits des rues.

L'entrée nous réservait une drôle de surprise.
Il fallait que nous sonnions et attendions qu'on nous ouvrît.
Ma congénère émit alors le doux frisson que nous étions sans nul doute en train de pénétrer l'antre de l'échangisme carcassonnais. Perso, j'avais une trouille bleue.
Les hommes, quant à eux, dans toute leur splendeur, rigolaient dans leurs barbes.
Les chiens, ils gardaient la voiture.

Notre hôtesse à la coiffure asymétrique nous a accueillis comme il se doit dans ce genre de maison.
"Permettez que je vous mette à l'aise, il fait bien plus chaud dedans que dehors, si vous voulez bien me suivre."

La salle était déserte et je sentis alors que le piège allait se refermer sur nous.

Ce fut le cas.

Calme, luxe, volupté.
Au menu, 2 choix.
Un excellent et l'autre à pleurer de bonheur.
En revanche, nous avons abandonné l'idée de décrypter les mets.
Quand la charmante soubrette est venue nous porter la carte des vins, elle déposât en fait dans les mains de notre invitant une encyclopédie œnologue.
"Merci, à dans 1 heure madame."


C'est alors que la magie se produisit.

Copilote a mangé du poisson.
Plus que la magie, un miracle qui mériterait d'être homologué, validé, certifié par le Vatican ou au moins le Chasseur Français.
Il faut savoir que si l'idée saugrenue me vient de cuisiner tout ce qui naît, vit et meurt dans l'eau, je suis immédiatement priée de bien vouloir m'exécuter chez ma mère ou au restaurant.
Il m'est absolument proscrit de rapporter à la maison la queue d'une arête ou l'inverse sous peine de me voir expulsée, répudiée, brûlée vive ou divorcée.

L'autre bonne surprise a résidé dans la teneur des propos échangés tout au long de la soirée.
Dires que je garderai pour moi mais qui, croyez-moi ou non, ont quasiment changé la façon dont je voyais la vie, les fleurs, la mort, tout ça. Sans parler du Fitou, qui m'a bien aidée, et de la petite prune digestive qui elle, m'a carrément transportée dans un autre monde.

Nous nous sommes quittés là, devant la porte, pendant que les chiens relevaient leurs messages le long des réverbères.
Rendez-vous obligatoire ayant été donné à l'heure du café de 11h en mes terres, chacun regagna ses pénates, eux dans leur donjon, nous dans notre brique.

Même pas mal à la tête le lendemain quand nous eûmes la surprise de les voir débarquer devant la maison, alors qu'ils n'avaient même pas eu besoin de nous lancer un appel de détresse de la départementale défoncée, perdus comme nous étions sûrs qu'ils seraient;
Le café promis bu, je les invitai à prendre connaissance de là d'où je blogue, côté pile et côté face.
Elle prit une planche de photos, il en prit plein les yeux.

Les embrassades furent de courte durée, mais empreintes d'une émotion difficilement feinte.

La porte refermée, je me promis de ne pas oublier cette première rencontre entre blogueurs.

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