Faire Eglise : oui, mais comment … ?
Une initiative interconfessionnelle me paraît du plus grand intérêt : il s’agit des ‘ groupes de maison ‘.
Un groupe local ouvre sur des moments de carrefour, de tensions aussi parfois entre le « moi » et l’église, le « chez soi » et le « chez l’autre », l’organisé et le spontané, l’établi et l’innovant, l’intérieur et l’extérieur, les affinités et la diversité…
Une petite communauté ,ne doit pas nous conforter dans nos certitudes mais pour nous ouvrir à différentes pratiques et pour être stimulés. « Comment puis-je revoir ce que je fais à la lumière de l’expérience de l’autre ? »
- Au commencement les croyants se réunissent dans le temple car il n’y a pas plus grand, mais également dans les maisons pour la prière, le partage du pain etc. ... Dans les années 150 on voit de plus en plus d’églises maisons et on assiste aussi à une certaine formalisation du rôle du clergé face aux laïcs. Vers 250 des édifices sont réservés aux rassemblements des chrétiens mais sur le modèle des basiliques qui, à l’époque, étaient des bâtiments civils. Vers 400 des bâtiments religieux remplacent les temples païens et l’on assiste progressivement à une transition des petits groupes aux groupes plus larges.
- En France, dans les 50 dernières années ont aussi émergé en milieu catholique les grands mouvements : JOC, JAC, JEC, « Vie
nouvelle » où des gens se réunissaient en petits groupes. Depuis 1970, sur un autre registre, le renouveau charismatique a également engendré de nombreux petits groupes.
Peut-on faire un lien entre groupe de maison et l’église émergente ?
On y affirme ne pas vouloir de hiérarchie mais les relations de pouvoir sont bien réelles. Plusieurs questions se posent : dans un petit groupe, comment
s’exprime l’autorité ? Comment les groupes inter-agissent-ils ensemble ? Où est la notion d’église ? L’église est-elle le petit groupe ou la mise en réseau de plusieurs petits
groupes ? Pour les protestants, l’église est là où des personnes se réunissent au nom du Seigneur, mais structurellement, comment cela s’articule t-il ?
Pour l’église émergente ces questions d’autorité et de structure sont particulièrement importantes. Presque par principe un petit groupe innovant accordera peu de place à l’autorité. Il
privilégiera la souplesse mais, avec le temps, des questions d’organisation s’imposeront. Or, un groupe qui se dévelo
ppe a besoin d’être
structuré, non dans une structuration qui fige, mais dans une structuration qui permet la croissance et donne des repères. Cette articulation là n’est pas évidente à concrétiser.
Dans le Nouveau Testament, il est incontestable qu’église veut aussi dire communauté locale. Quand Paul parle du corps il pense à une communauté locale, la question n’est pas seulement fonctionnelle, l’idée de l’église en découle. Quand on parle de petit groupe, on parle de modèles différents: est-il au service de l’église, c'est-à-dire d’une identité plus grande, ou bien est-il l’église ? S’il est perçu comme étant l’église on ne va pas le concevoir comme éphémère alors que s’il est un moyen pour faciliter et dynamiser les relations à l’intérieur d’une communauté plus large, pour aider les gens à approfondir leur foi, on ne va pas souhaiter que les personnes s’y éternisent mais qu’elles s’y investissent un temps puis s’investissent ailleurs. Notre conception de l’église aura donc une importance dans la mise en place d’une petite structure. Il est par ailleurs évident qu’appartenir à Christ c’est appartenir à l’église universelle. »
Dans l’esprit de réseau vers lequel s’orientent les églises, il sera important de savoir, par rapport à chaque groupe, quels services, pas trop lourds, pourraient lui être demandé afin qu’un lien authentiquement chrétien se développe entre tous ».
Saint François d’Assise : « Témoigne en tout temps et, si nécessaire, utilise les mots »