A la tombée du jour, j’ai marché dans la ville des heures durant. Certains ont cru m’avoir perdu.
Je n’ai rien perdu, mais rien gagné non plus. J’ai juste avancé de quelques pas, et je ne suis arrivé nulle part.
J’ai croisé des chiens errants, pissant et puant qui m’ont raconté qu’ils étaient des hommes avant d’être ces sacs à puces mendiants. Et moi, avec tout l’égoïsme qui me colle à la peau aussi fort que la crasse à la leur, je me suis juste demandé ce qui les avait amené là et qu’apparemment je n’avais pas croisé sur ma route.
J’ai continué à y penser et à ramener leur misère à moi, pendant que je me lavais à grandes eaux. J’ai longtemps regardé la flaque d’eau savonneuse formée sur le carrelage.
Puis je suis allé me coucher. En y allant, je savais que les images d’aujourd’hui bien vite de ma mémoire allaient s’effacer. J’oublierai les visages de ces hommes. Leur odeur. J’irai jusqu’à oublier les avoir même croisés.
Ne restera de tout cela qu’une angoisse. Celle de tout perdre un jour. Angoisse que tout le monde me moquera. Mais qui me rendra l’esclave consentant de ce travail, honnis dans le fond de mon cœur, moi qui ne rêve que d’une chose : courir avec les loups.
Je sais déjà que je ne ferai rien, car je suis lucide.
La frontière est infime entre le loup et le chien….