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Du handicap...

Publié le 19 juillet 2010 par Valou94
Du handicap...Je profite de tes vacances, avec le courage qui me caractérise, pour t’écrire ce mot.
Tu tomberas dessus par hasard, dans une semaine ou dans un mois, attiré ici par le lien sous facebook, peut-être. Peut-être pas.
Parfois, il est encore plus difficile de dire merci que de dire merde.
J’ai longtemps hésité à l’écrire, cet article, parce que je ne voulais pas te ranger dans une catégorie. Handicapé. Paraplégique. En fauteuil.
Je voulais tout simplement te remercier, pour tout ce que j’apprends à tes côtés.
Je ne connaissais pas d’handicapé moteur avant toi, pas vraiment. Si bien sûr, j’en avais croisé, au boulot, en vacances, j'avais commencé à apprivoiser un peu mes réactions et mes habitudes.
Mais je n’avais aucune conscience de ce que ça peut représenter au quotidien.
Je n’oserais pas dire que j’en ai une très grande maintenant, je continue à apprendre bien sûr.
Mais tes problèmes de prêts immobiliers, refusés alors que tu n’es pas malade, juste en fauteuil, je les ai suivis avec toi.
Je me suis énervée de concert pour tes soucis de réservation d’hôtel pour tes vacances, pour trouver des chambres adaptées.
Le prix demandé pour faire adapter la voiture que tu viens d’acheter, j’ai moi aussi trouvé que c’était du vol.
La difficulté pour voir un concert avec des amis, je l’ai vécue en live. Tu n’as droit qu’à un accompagnateur dans la zone réservée.
J’ai pris l’habitude dans les transports publics, de vérifier machinalement ce qui était fait pour permettre aux handicapés de les prendre. Pas grand-chose en vérité. Même quand l’accès est possible, c’est toujours toute une histoire, il faut parfois prendre 3 « ascenseurs » (qui n’en ont que le nom, j’appellerai ça plutôt des monte-charges) qui chacun mettent 2 ou 3 bonnes minutes à se déployer (plateforme, bras de sécurité) avant de pouvoir être utilisés.
Chaque seconde s’égrenant te martèle un peu plus ta différence.
J’ai appris, avec toi, à regarder.
Nous, les valides, nous ne savons pas toujours comment nous comporter avec vous, aider sans assister, la limite est difficile à trouver. Il y a toujours en nous cette culpabilité d’être debout que nous ressentons à vos côtés. Je ressens toujours ça, mais beaucoup moins maintenant.
J’ai pris mes marques. Je suis souvent encore à côté de la plaque, mais tu es suffisamment intelligent pour ne pas m’accabler dans ce cas. J’essaie de t’éviter de demander, je sais que tu as horreur de ça. D’être différent. D’avoir besoin de quelqu’un.
J’ai rarement croisé quelqu’un avec autant de volonté que toi. Avec autant d’envie de faire ses preuves, et de faire oublier son handicap. Avec ce désir immense de tout faire comme si ton fauteuil n’existait pas, comme si tu pouvais tout réaliser, à force de le rêver. Et, à force de le rêver, le réussir.
Il y a des questions que je n’ai pas encore osé aborder avec toi, parce qu’elles touchent vraiment à l’intime, et cependant…
Je me demande ce qui se passe dans ta tête, le soir, quand tu te couches dans ton lit, quand tu laisses tomber les masques.
Je me demande si tu pourras facilement avoir des enfants un jour, ou si là encore ce sera une énième lutte à mener.
J’aimerai que tu me racontes, un jour, toi-même, ton accident…
Mais, tu me connais, jamais je ne te poserai ces questions directement. Je ne veux surtout pas te blesser.
Je tenais juste à te dire merci, merci d’être là. Merci de m'apporter au quotidien ta jeunesse, ton enthousiasme, ta passion.
Mon collègue. Mon ami. Même si le terme est un peu fort, parce que des amis, tu en as des tonnes, et certains bien plus proches que moi.
Je n'ai pas encore trouvé le terme qui exprime la place que tu as dans ma vie, et celle que j'ai dans la tienne. Je continue de chercher. Nous avons tout le temps pour le trouver, n'est-ce pas?
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