Ça y est. L’engrenage est enclenché. Petites dents crantées qui s’imbriquent les unes dans les autres. Il me faut apprendre la patience. Stopper la course du temps. Secouer le sablier en tous sens. Mes mots se sont envolés. Evanescence.
Il y a eu ce premier virage : m’ouvrir à vous. Petit bout. Je me dissous. Livrer mes maux au jour le jour. Décrire mes pensées qui s’étouffent au creux de moi. Dévoiler le souffle de mon cœur qui se soumet.
Puis il y eu un second lacet. M’autoéditer. Ça n’a l’air de rien, comme ça. Mais c’est déjà bien ample. Comme un geste à peine ébauché qui s’arrondit sous la paume de ma main. Une bulle d’effroi. D’émois. De moi. Trois livres offerts à vos lectures. Abondance de feuilles noircies de mon encre pâle qui s’étale. Nuit d’opale.
Epingle à cheveux pour le dernier acte. Chirurgical. Le contact. Lettres qui s’envolent à la charge d’Hermès. Petites ailes qui se plument devant vous, éditeurs. Antre à proscrire. Peurs irraisonnées. Ancrez-moi dans vos maisons. Je me ferais lyre pour vous, carapace de tortue pour écailles au firmament.
Que reste-il de mes mots ? Confiés, esseulés, stigmatisés ?
La gloire ? Éphémère.
La victoire ? Une nouvelle ère.
Un prix ? Je ne suis pas conquise.
Une reconnaissance ? Je ne reste pas banquise.
D’autres pages, volages, se couvrent de suie, ivres de mes écrits. Studieuse, je continue chaque jour d’embellir ma vie de papier et de phrases. Et peut-être qu’un jour, sous un vent nouveau, mes lignes danseront sous vos regards. A bientôt.