À 26 ans, quand j’ai pris deux ans de congé sans solde pour devenir auteure publiée, on me disait trop jeune pour écrire parce que n’ayant pas assez vécu (j’espère que les professeurs en création littéraire ne disent plus pareille bêtise à leurs étudiants). Comme écrire ne s'apprenait pas alors à l'université, Je croyais apprendre en autodidacte, en forgeron : «c’est en forgeant qu’on devient forgeron». Alors j’ai écrit. Et comme j’ai eu la chance d’être publiée, je croyais que ça y était : je savais.
Aujourd’hui, plusieurs années plus tard, je fais le raisonnement inverse : j’ai du vécu mais je ne sais pas écrire.Aujourd’hui, écrire ça s’apprend. À l’université, dans les ateliers d’écriture, dans les livres.Aujourd’hui, on ne publie pas mes manuscrits.
Il faut donc :me poser des questionsm’apercevoir que finalement je ne savais pasréapprendre à écrire, selon certaines règles
suivre ces règles, ce qui est très difficile pour moi qui est une plutôt accrochée-style-libre des années '70
Comme je n’ai pas l’intention de retourner à l’université, il me reste les ateliers, les livres, cet Internet inaccessible en 1976. Où d’ailleurs, j’ai trouvé le site d’Annie Perreault. À elle seule, cette blogueuse a réuni de nombreuses informations qui peuvent servir à un auteur qui veut apprendre.
Et surtout, il me faut retrouver la confiance en moichasser le démon qui dit : « franchement si à ton âge, tu ne sais pas encore écrire, à quoi bon essayer, prends ta retraite, contente-toi de lire et laisse la publication aux jeunes »écouter la petite voix qui dit que je peux, qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre, essayer encore et encorecroire les personnes qui me disent que mon manuscrit a du potentiel
Et encore, quand mon manuscrit sera publié, ne pas dire « maintenant, je sais ».