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Nos deux corps sont en toi, Je le sais plus que d'ombre. Nos amis sont à toi. Je ne sais que de nombre. Et puisque tu es tout Et que je ne suis rien, Je n'ai rien ne t'ayant Ou j'ai tout, au contraire, Avoir et tout et tien, Comment se peut il faire?... C'est que j'ai tous les maux Et je n'ai point de biens. Je vis par et pour toi Ainsi que pour moi-même. Tu vis par et pour moi Ainsi que pour toi-même. Le soleil de mes yeux, Si je n'ai ta lumière, Une aveugle nuée Ennuie ma paupière. Comme une pluie de pleurs Découle de mes yeux, Les éclairs de l'amour, Les éclats de la foudre Entrefendent mes nuits Et m'écrasent en poudre Quand j'entonne les cris, Lors, j'étonne les cieux. Je vis par et pour toi Ainsi que pour moi-même Tu vis par et pour moi Ainsi que pour toi-même. Nous n'aurons qu'une vie Et n'aurons qu'un trépas. Je ne veux pas ta mort, Je désire la mienne. Mais ma mort est ta mort Et ma vie et la tienne. Ainsi, je veux mourir Et je ne le veux pas. MARGUERITE de VALOIS |
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