degré XI, VIII
Publié le 27 juillet 2010 par Moinillon
Mais je
crois devoir cesser de vous entretenir sur cette matière, quoique la malignité
artificieuse de la démangeaison de parler, et les vices qu'elle produit,
semblent m'inviter à le faire encore. Je me contenterai donc de vous répéter ce
que me dit un jour une personne bien respectable. Parlant donc avec cette
personne du silence, elle m'assura que la loquacité venait d'une de ces causes
: premièrement, de la mauvaise habitude qu'on a contractée de parler trop
librement et trop facilement; car, ajoutait-elle, la langue, semblable aux
autres membres du corps, fait avec une violente inclination ce qu'elle aime, et
ce qu'elle a appris par un grand usage; secondement, de la vaine gloire,
surtout dans les personnes qui ne font que de commencer à s'exercer dans la
pratique des vertus; troisièmement, de la gourmandise : car plus d'une fois il
est arrivé que des personnes, en châtiant ce défaut, et en s'encourageant par
les violences qu'elles s'étaient faites, par les privations qu'elles s'étaient
imposées, et par la faiblesse à laquelle elles avaient réduit leurs corps, se
sont heureusement délivrées de la démangeaison de parler, et ont exactement
fermé la porte à l'intempérance des paroles.
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«Du bavardage et du
silence» (О многоглаголании и
молчании)