Il est souvent utilisé l’image du puits que chaque spiritualité creuse, pour atteindre le fleuve souterrain unique que serait la Vérité. Chacun peut s’imaginer posséder la seule eau qui désaltère… Jésus devant la samaritaine n’oppose pas le temple de Jérusalem à celui du Mont Garizim… Non, Juif, il répond à la question: « Femme, ce n'est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, qu'il faut adorer, mais en esprit et en vérité. »
Lors de cette rencontre, l’eau d’abord demandée au bord du puits s’est chargée de significations successives ( de l’eau pour ne plus venir au puits jusqu’au prophète reconnu et à « Je te donnerai à boire de l’eau qui fait que tu n’auras plus jamais soif », pour désigner la réalité divine qu’est la vie éternelle, et qui n’a de sens que selon la foi.
Elle illustre parfaitement l’affirmation de H. de Lubac, pour lequel « le passage de la lettre à l’esprit est le mouvement même de la metanoia », c’est-à-dire de la conversion.
C'est à cette femme, et non aux apôtres, que Jésus va décrire la véritable religion de l'Esprit! C'est en elle qu'Il va construire et susciter le sanctuaire éternel, le seul Temple de Dieu, le seul Sanctuaire du Nouveau Testament qui est nous-même, dans notre esprit, dans notre coeur, dans cet échange total de nous-même avec Dieu qui se communique infiniment à nous. ( Zundel )
Cette liturgie au bord du puits, que me donne Jésus, avec sa parole et les outils nécessaires pour m’abreuver à sa source, n’est pas moins vitale pour moi que ne peut l’être le ‘dharma’ pour un bouddhiste. Et cette constatation n’enlève rien à ma foi en Jésus le Christ, fils de Dieu, mort et ressuscité. Dieu - lui même Trinité -, est au cœur de la relation. Il est là, au cœur de ma liberté et de ma recherche vers ma véritable nature ( … de Bouddha… :-) ).