24. On the road again…
Partir à la recherche de Maria Vitavi ne faisait pas partie de mon programme bien qu’il présente l’avantage non négligeable de me tirer en douce au volant de ma béhème qui me manquait plus que tous les zozos réunis dans c’t’embrouille à l’eau de rose.
J’allais manquer le meeting de Bill mais j’en connaissais déjà la teneur, ayant joué pendant tout ce temps le rôle de nègre pour ce fainéant ingrat qui prenait mes textes à la rigolade, corrigeant les inepties au passage ainsi que les fautes au passé simple ; j’avais crû un moment qu’on formait une bonne équipe, présente sur tous les fronts, ne laissant rien passer, jouant de l’ironie autant que du sarcasme pur jus, encore victime de cette foutue crédulité….
Le seul indice valable tenait en deux mots : pompier de Paris, autant chercher une originalité dans les poèmes de la Défaillante mais j’ai toujours eu un faible pour la capitale et j’avais un besoin urgent de saine pollution dans la grisaille lourde qui met en valeur toute la beauté des lieux. Et puis, là-bas, je pourrais compter sur Vernon, ce qui me fit rugir comme le moteur avide d’action de mon terrible engin.
J’avais une autre bonne raison de tailler la route au plus vite ; dans la feuille de chou trônant sur le crâne luisant de Zackmo une petite annonce avait retenu toute mon attention: « Y’en aura plein des canards blessés, c’est leur fête donc , tsoin tsoin … » Le S.O.S du terrien en détresse ! Je me disais que la vie tenait à peu de choses, que les coïncidences allaient bon train ces derniers temps, qu’il en avait fallu de peu pour que je passe à côté de l’appel au secours du filleul… Une pensée au passage pour air nama qui n’aurait pas manqué l’occasion de placer son laïus sur son thème préféré, la synchronicité donnant le sens tant recherché à la vie qui en manque tellement…Bullshit !
J’imaginais le gang des Pastiche engoncé dans sa combi à bulles et la perspective d’échapper au ridicule m’enchantait ; Nul doute que LBK prendrait chacun en photo pour immortaliser ce moment historique, si toutefois Bill ne lui confisquait pas son appareil….
Skévich s’était une fois de plus évaporé dans la nature, ce qui devait signifier que j’étais sur la bonne voie. Je m’étais faite à l’idée que mon inspiration était étroitement liée à l’idée que je m’en faisais plus qu’en sa petite personne et j’étais désormais persuadée qu’en aucun cas il n’aurait levé la main sur moi, ce qui n’était pas le cas de Zack, l’administrateur en chef de cette farce plumartienne. Si ce n’était lui, c’était un de ses gros bras auxquels il n’avait jamais hésité à faire appel. Monsieur ne se salissait pas, non, monsieur sifflait un des ses sbires écervelés qui s’acquittait pour lui des tâches repoussantes…
Aussi, lorsque je vis au loin une silhouette blanche sur le bord de la route, je n’en fis pas grand cas ; encore une de ces apparitions incohérentes genre la Dame Blanche ou je ne sais quoi, ce qui ne m’empêcha pas de ralentir, au cas où…un accident est si vite arrivé et si le type en kimono nourrissait des idées suicidaires, qu’il n’éclabousse pas de son sang les jantes rutilantes de mon noir destrier !
Kimono ?
Je freinai comme une malpropre, ce qui fit sursauter le jeune homme comme une vierge effarouchée.
Je vous emmène ?
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