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Edito pour Zavata la revue n°2

Publié le 28 juillet 2010 par Furu

   « Il était encore bien beurré lui hier soir! », expliquait, en parlant du plat, le type qui fabriquait des briques à Edith Ho sur le rebord d’un évier en maïs.
Il travaillait dans une briqueterie, sur la Place des Grands Hommes. Cela faisait quelques jours qu’ils se connaissaient et leur entente était passée de cordiale à bouillante; à tel point que le briquetier craignait que son évier en maïs ne se transforme en évier en pop-corn.
   Leur rencontre partit du nouveau virage qu’Edith avait décidée de prendre.  
   Edith, toute zavataïsée qu’elle était, dépourvue de radis noir mais remplie d’un bonheur collectif nouveau, cherchait une résidence; un endroit où habiter et créer.
Elle se sentait désormais pleinement capable de devenir une grande artiste.
La grande idée d’Edith pour lancer sa carrière au sein du collectif Zavata était de créer à l’aide de mercurocrom: des toiles au mercurocrom vibrants d’une aura balladurienne , des tatouages au mercurocrom représentants des belettes chouinants à la lune , des sérigraphies au mercurocrom de sangliers riants d‘un nain … Bref, son cerveau foisonnait d‘idées tant le fait de travailler ce matériau très rouge culotte la faisait vaciller dans son âme et dans son cœur.
Des œuvres médicales avec des petits bouts de pansements et de thermomètres aussi, le tout arrosé de petits cachets de Xanax pré-machouillés et recrachés par les narines.
   Pour sa joie paradisiaque, elle avait rencontré le type qui fabriquait des briques à la sortie d’une réunion du collectif Zavata sur «  comment souder à l’aide de bâtons de berger » animée par une majorette qui imitait à la perfection Olivier de Kersauson.
L’homme de la briqueterie fut de suite attirait par ses cheveux. Elle les avait teints d’un rouge piquant reflétant sa créativité du moment. Elle, c’est ses bras dessinés tels des flûtes traversières qui lui avait fait faire des grands écarts avec ses paupières.
Ils se plurent, ils s’enlacèrent et décidèrent de résider ensemble.
Il lui fit gravir les marches de la Place des Grands Hommes avant de l’inviter à s’installer à l’intérieur même de sa briqueterie.
L’homme de la briqueterie lui fut d’un grand secours. Garçon très maladroit, il se blessait souvent et était donc détenteur d’un certain nombre de flacons de mercurocrom et autres accessoires médicaux.
De plus, la morosité de sa vie avant cette rencontre l’avait emporté dans de sombres tourments; tourments qui l’avaient poussé à se tourner vers le Xanax et autres petits cachets anti-dépresseurs plus rigolos les uns que les autres lorsqu’on les crache par les narines.
   Grâce à son soutien et à sa collaboration matérielle, Edith Ho espérait être sélectionnée par « Zavata - la revue » pour être publié dans leur magazine n°2.
   Elle y croyait vraiment en regardant le plat qui était beurré hier.


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