Comme l'a brillamment exposé Moli, malgré un départ sur les chapeaux de roues, Calvi on the rocks n’a pas constitué un élan suffisant pour finir le mois de juillet en roue libre, même pour ceux ont fait le choix de prolonger leurs vacances après le festival. Le mois de juillet fut horrible à Paris, mais guère plus excitant à la plage. Compte rendu. Pour les enfants que nous avons à peu près tous été, partir en vacances au bord de la mer constituait le moment le plus excitant de l’année. L’école finie on entamait cette interminable période avec la joie la plus pure, provoquée par l’idée de retrouver la mer, le soleil, la plage, les châteaux de sable… Les vacances c’est aussi le moment où tout nous est autorisé, on mange des glaces tous les jours, il y a du Coca dans le réfrigérateur, on achète une tonne de jouets qui seront cassés avant même la fin du séjour, et surtout on peut regarder la télévision le soir, ce qui tombe rudement bien car on y passe les aventures de Tintin… Bref nous pénétrons dans un monde parallèle dont nous ne sortirons qu’après deux mois, une éternité. Malheureusement tout a une fin. On grandit, petit à petit nos vacances sont escamotées par des examens puis des concours, par des révisions voire pire, des stages. Enfin on y arrive, il faut travailler en été… on croit rêver ! Mais tel est le dur lot des jeunes actifs que nous sommes, qui se retrouvent à devoir poser deux misérables semaines de congés en été, sachant que pour beaucoup la laisse électronique du Blackberry empêche de s’éloigner trop loin des préoccupations parisiennes. Une fois sur place, rien n’est plus comme avant. On a beau partir au même endroit depuis 25 ans, on ne reconnaît plus rien, on ne se reconnaît plus en vacances. A peine arrivé on pense au départ, on se sent pressé. Pressé de devoir rattraper la lecture de dizaines de livres repoussée tout au long de l’année, pressé de profiter d’un maximum de choses en un minimum de temps mais surtout pressé de bronzer. Au moins le bronzage est tout ce qu’il nous restera quand les vacances s’éloigneront. Mais les vacances d’adulte, c’est aussi l’occasion d’aller un peu malgré soi à la rencontre de ses congénères. Pour nous tous qui vivons en cercle fermé, endogame, les vacances, quelque soit le niveau de « poshitude » de celles-ci, nous permettent au moins une fois dans l’année de croiser d’autre gens que des personnes qui font le même métier que nous, vivent et sortent dans les mêmes endroits (sauf à Calvi bien sur). Malheureusement, c’est généralement là que cela se gâte car nous ne supportons pas les autres. Même dans des lieux réputés corrects, le vacancier qui surfe impunément sur la vague du confort-pour-soi contre le respect-pour-tous se ballade à 23h encore en tong et en short, hurle dans son portable a.k.a sa raison de vivre et se croit tout permis, puisqu’il est en vacances ! Bref il a laissé les quelques règles de savoir vivre qu’il lui reste à Paris, et finalement s’adonne à son activité favorite : la médiocrité. Sous le miroir grossissant des vacances apparait alors tout ce qui met en péril notre société: l’égoïsme exacerbé, la dé-moralisation, la perte des valeurs, l’avènement de la classe moyenne…Alors pour échapper à ce triste spectacle on lit l’interview poignante de Stallone dans Technikart, histoire de revivre notre adolescence à défaut de retomber en enfance. Mais le retour de Sly sur sa carrière, ses regrets de n’avoir jamais tourné pour un grand réalisateur et la sortie prochaine du navet annoncé The Expendables nous rend encore plus triste. On se réfugie alors dans les classiques de la littérature française comme au bon vieux temps où on s’apprêtait à rentrer au collège mais on se rend compte que l’Education sentimentale ne vaut rien à côté des Illusions perdues. On finit par lire les chroniques de Philippe Muray ce qui signifie au moins qu’on a bon goût mais également qu’on est sur la mauvaise pente, une semaine de plus et on attaquerait Cioran. Finalement, on cherche désespérément le tube de l’été qu’on continuera d’écouter une fois rentré à Paris. Malheureusement pas de nouvel album-blague de Christophe, de tube déglingue de Elle Milano ou d’Amanda Blank. On finit par se rabattre sur les valeurs sures et on écoute en boucle I started a joke des Beegees, c’est triste mais c’est beau. C'est tellement beau qu'on a l’impression que le bal incessant des enfants sur la plage qui s’amusent sous nos yeux, se déroule au ralenti et en sépia, comme sorti d'un Fellini. On repense à cet âge d’or où il était permis de rêver et de vivre l’instant présent pour lui-même et on se revoit au travers de ces enfants.Et puis non. Après tout si on était encore au collège, la vie serait peut-être plus agréable mais plus répétitive, sans réelles aspérités ni imprévus. Les vacances seraient une routine, pas nécessairement méritées donc sans trop de saveur. La vie d’adulte au moins, permet de faire des choix, de s’affirmer, bref d’être libre.Et puis, un petit garçon de 10 ans pourrait-il draguer des models au Montana, prendre un vol pour NY afin d’aller au concert de Arcade Fire au Madison Square Garden ou même lire le nouveau Bret Easton Ellis ? Non.Le mois de juillet 2010 n’a pas été un millésime, il a même conduit à quelques égarements mais maintenant j’en suis sur, August will rock !
Chambie