Brisé par le temps et les épreuves, je tente d’oublier mes crevasses, cratères, fissures, dans une danse nocturne avec des inconnus aussi esseulés que moi, aussi déchirés, aussi loin de leurs rêves que l’est Neptune de la Terre…
Prêts à toucher le fond, titubants, incertains, nous nous tenons par la main. Parfois comme un éclair de lucidité ou d’illusion, j’en reconnais un, il me touche, nous nous retrouvons.
Et pour un instant, je me dis que ça vaudra la peine de voir le matin, de m’en réjouir. Sans en espérer rien. Le vivre simplement sans chercher de sens.
Savoir qu’il n’y en a pas. S’en foutre.
Et partir d’un grand éclat de rire.
En attendant de crever.
Danse nocturne… de l’utilité d’une explication
Petite explication du texte Danse Nocturne
Réponse suite à quelques commentaires de lecteurs…
J’ai écrit l’intégralité du texte « Danse Nocturne » sur mon gsm, alors que je marchais dans la ville par une belle journée très ensoleillée de juillet.
J’étais de fort bonne humeur, je me dirigeais vers un rendez-vous plaisant. Mais les mots étaient dans ma tête et ne demandaient qu’à sortir.
Je me suis dit que s’ils sortaient ils me foutraient la paix. Je les ai donc déposés. Ils étaient tellement pressés de sortir qu’ils ne voulaient pas patienter le temps d’un arrêt, à une terrasse de café par exemple. En trois minutes le tour était joué. Le texte écrit, terminé. La version publiée ici n’a subi que très peu de modifications (en fait des « on » peu corrects, que j’ai changé en d’autres pronoms).
Puis, il m’ont hantés, les bougres.
C’est le problème, avec les mots. Une fois que vous les rassemblez en phrases, etbien : ils sont mieux organisés ! Et vous vous retrouvez avez un groupe solide vous faisant face et revendiquant leur besoin de liberté et de reconnaissance sociale.
J’ai donc pris mon courage à deux mains (oui je tape sur un clavier avec mes dix doigts!) et j’ai retapé l’intégralité du texte.
Le texte est écrit à la première personne du singulier. Mais « je » n’est pas moi.
D’abord, « je » est un homme. Et oui, cela ne paraît pas évident au premier abord. Il n’y a qu’un seul indice, le premier mot du texte :
« Brisé »… et non « Brisée ».
Je (moi, Yelyam) n’ai pas fait de faute d’orthographe (en tout cas pas celle-là)
« Je » est peut-être aussi homosexuel, puisqu’il semble être touché par « il ». Mais peut-être que je me méprends sur les relations entre ces deux-là. Au fond, je crée des personnages, mais j’en dis si peu que je ne les connais pas. Je les croise et ils vivent leur vie. Celle que le lecteur voudra bien leur donner, imaginer.
Ils dansent et il fait nuit : je les imagine dans une boîte de nuit, bien sûr. Mais le texte ne parle pas de musique. Et pour ma part, j’adore la musique. Peut-être sont-ils drogués ? Tellement shootés à je ne sais quelle substance qu’ils n’entendent pas la musique, qu’ils n’en ont pas besoin. Peut-être sont-ils dans la rue ? Rien ne l’indique.
Le narrateur dit qu’il est aussi loin de ses rêves que Neptune l’est de la Terre.
Cela mérite explication.
En fait, jusqu’il y a peu, la planète de notre système solaire considérée comme la plus éloignée de nous était Pluton. Puis, il y a quelques années, les scientifiques nous ont appris que finalement, non, Pluton, n’est pas une planète.
Cette nouvelle m’a fascinée. Je me suis imaginée être un petit garçon rêvant d’être cosmonaute pour aller sur « la-planète-la-plus-éloignée » en pensant à Pluton etil fait des tas de recherches sur cette planète. Et puis il apprend la nouvelle.
Je me suis dit que si ce petit garçon était un peu optimiste comme moi, il ne se pencherait pas longtemps sur les heures de recherches perdues sur Pluton, mais sur le fait que la nouvelle « planète-la-plus-éloignée » est à présent un peu plus proche de lui, sans même qu’il ait eu à bouger ! Finalement… n’est-ce pas que le rêve lui aussi, se rapproche ?
Le paragraphe sur le fait que cela vaudra la peine de voir le matin est inspiré d’un matin que j’ai vécu il y a environ deux semaines… après une sortie à danseravec des amis, justement. Nous voilà dehors, au milieu du bois et témoins du soleil qui se lève. La lumière était magnifique, le ciel bleu, l’air frais… un grand moment. J’aime beaucoup les ciels de Belgique pour cela… ils offrent de jolies surprises. J’ai regardé le ciel et je me suis dit que c’était vraiment super e
que la vie vaut la peine d’être vécue quand on a la chance de voir un tel spectacle.
C’est un peu ça, pour notre personnage, peu importe ses blessures, cela vaut la peine de vivre le jour, sans trop se poser de questions, car nous n’obtenons jamais de réponses de toute façon.
Et rire (de sa vie, des événements, de tout) est pour moi la plus grande des sagesses.
La dernière phrase fait peur, je le sais. Pourtant, mourir est le seul événement de notre vie dont nous soyons certains. C’est parce que nous sommes mortels et que le temps nous est compté que nous parvenons à réaliser certaines choses, que nous nous démenons. En tout cas, toutes les lectures que j’ai eues concernant de près ou de loin l’immortalité, semblent indiquer que beaucoup d’auteurs, se penchant sur la question de la brièveté de notre existence, arrivent à la même conclusion.
Je retourne donc à mes noirceurs, inhabituelles, je le sais, pour ceux d’entre vous qui me connaissent personnellement.
Je tenterai cependant d’ajouter de la couleur du rouge pour l’amour ; du jaune pour la joie ; du vert, pour la santé ; de l’orange pour les bons plats à partager avec les amis ; du pourpre pour la beauté ; du bleu pour les émotions.
Et du blanc pour l’innocence et la candeur que je (vous) souhaite un peu garder…