Retraites - Productivité et réduction du temps de travail.

Publié le 28 juillet 2010 par Perceval

Cette défense à tout prix d’un ordre libéral, semble devenir avec les choix politiques récents ( démantèlement de la fonction publique, de la protection sociale…) un enjeu de civilisation. Loin de quelques mots d’ordre, je tente de réfléchir à cette question, au travers de la réforme des retraites.

Dans le système de « répartition », nos retraites sont payées par le prélèvement des cotisations sociales ( salariales et patronales) . L’ensemble de ces cotisations font partie de la masse salariale.

Cette question semble dépendre de la démographie ( taux de fécondité et , allongement de l’espérance de vie, et le papy-boom ( plus conjoncturel ) ..). ( je vais vite …)

Or, ce qui semble être une évolution malheureuse est en fait, un signe d’évolution positive ..

La proposition libérale consiste à augmenter la durée du travail, et de « ne pas toucher aux cotisations sociales déjà suffisamment élevées » E. Woerth et L. Parisot. Pourtant, cette possible augmentation permettrait de se pencher sur l’évolution du partage de la richesse produite ( la valeur ajoutée ).

La réalité est que l’équilibre des retraites dépend de trois paramètres, et non d’un seul : le niveau des pensions, le taux de cotisation et le rapport du nombre de cotisants au nombre de retraités. ( (pension moy.)/( salaire moy )=(taux de cotis.)*(nb de cotis.)/(nb de retrait.)

Dans notre pays ( et les autres ) , nous assistons depuis trente ans à une baisse très importante de la part de la masse salariale dans la valeur ajoutée ( 8,8 point de % de la valeur ajoutée ) ( cf : la part des salaires en % de la valeur ajoutée OCDE http://hussonet.free.fr/psalfo.pdf ). Corrélativement la part des profits s’est envolée. Ex : en 1982 les seuls dividendes versés aux actionnaires ( sociétés non financières) représentaient 3% de leur valeur ajoutée brute ( celle qui permet de calculer le PIB ), en 2007, c’est 8%, soit 5 points de plus … !

Explication : le décrochage des salaires par rapport à la productivité du travail,  ( facilité par un chômage élevé … ). Donc, sont liés : chômage, stagnation de salaires et enrichissement des actionnaires…

L’augmentation des dividendes depuis 1982 est de 100 milliards ; le déficit prévu pour l’ensemble des régimes de retraite en 2010 est de 32,2 milliards.

Les retraites ne sont-elles pas une affaire de répartition juste de la richesse produite par les salariés ? Le déclenchement de la crise, dont on voit les conséquences sociales, a été produit par ce capitalisme financier ; aussi, ne serait-il pas équitable de faire cotiser les dividendes, et de soumettre à cotisation toutes les formes de rémunérations versées aux salariés ( intéressement, participation, PERP, PERCO ( exonérées..) ) ? Ne serait-il pas équitable de supprimer le plafond de 34.308€ annuels ; en effet, au-dessus pas de cotisation .. ! ?

Notre société aspire enfin, à partager les gains de productivité de travail, c’est à dire à infléchir la répartition de la richesse en faveur de tous les salariés.. La réduction du temps de travail, et donc le refus de l’allongement de la durée de cotisation, est une manière d’y tendre…