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Triste été pour le Sahel

Publié le 30 juillet 2010 par Fbaillot

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La mort de Michel Germaneau aux mains des sinistres illuminés d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) quelque part entre le Mali et la Mauritanie, n’a certes pas grand’chose à voir avec notre commune, même si je crois que beaucoup d’entre nous éprouvent une immense tristesse à cette nouvelle.

Michel Germaneau était ce qu’on appelle un “humanitaire”, un bénévole qui avait choisi de consacrer le soir de sa vie à la construction d’une école et d’un dispensaire à In Abangharit, un petit village touareg au nord du Niger.

Le théâtre de cette triste histoire, c’est le Sahel. On parle épisodiquement de cette frange de terre qui représente dix fois le territoire de la France métropolitaine, où habitent 50 millions d’habitants. C’est un des endroits les plus pauvres du monde, où le désert progresse, où on estime que 10 millions de personnes souffrent de malnutrition.

On le sait, la misère, le sous-développement, l’absence des structures de base qui permettent de soigner, d’assainir, de transporter, de cultiver la terre, d’éduquer les femmes et les hommes sont autant de terreaux fertiles pour les extrêmismes quels qu’il soient. C’est ce qui se passe au Sahel, qui s’enfonce depuis des décennies, sans que nous ne réagissions. En 2008, une série d’émeutes de la faim avaient eu lieu dans cette région. Le recul des productions agricoles et la hausse des prix mondiaux des céréales ne permettent plus de fournir les programmes d’aide alimentaire.

Et on sait que ce phénomène continue, sans que la mobilisation se mette en place. Les pays riches se sont engagés à consacrer  0,7% de leur reveneu national brut à l’aide aux pays en développement. On en est très loin. Pour ce qui concerne notre pays, en 2002, Jacques Chirac s’était engagé à atteindre ce chiffre d’ici 2012, avec un objectif intermédiaire de 0,5% en 2007. Nicola Sarkozy avait revu cet objectif à la baisse en 2008, fixant 2015 pour atteindre 0,7%, avec un objectif intermédiaire de 0,51% en 2010. Ces jours-ci, au cœur de l’été, il vient de geler les crédits  de l’aide au développement pour les trois prochaines années. Il avait pourtant promis en 2009 que “l’aide publique au développement ne serait pas la variable d’ajustement de la dépense publique”. En 2010, cette aide française se situe entre 0,44 et 0,46% du RNB. Encore faut-il préciser que dans ces montants sont incluses la prise en compte de la dette des pays les plus endettés, … et l’aide aux réfugiés ! C’est très, très loin des promesses, et surtout des besoins du Sahel.

C’est pourtant une nécessité que soulignent unanimement les ONG. Le premier impératif pour juguler les vagues de “harrari” qui traversent les déserts et les océans pour arriver en Espage ou en France par n’importe quel moyen, c’est une aide massive, durable, à ces territoires déshérités. C’est NOTRE intérêt, pour que nous puissions préserver notre confort paisible. Les quelques dizaines de membres de l’AQMI n’ont aucune prise dans la vie des touaregs, un peuple fier et digne. Ils ne parviendront pas à modifier la culture, l’esprit d’indépendance et la beauté de ces femmes et de ces hommes du désert.

Encore faut-il que nous mettions nos actes en concordance avec nos promesses. C’est le minimum que nous puissions faire pour rendre hommage à Michel Germaneau.

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