Le récit de l’accouchement des triplés de Stéphie!

Publié le 31 juillet 2010 par Madameparle

Bonjour, bonjour!

Comme tous les samedis je laisse la place à l’une d’entre vous. cette semaine je ne suis pas peu fière de laisser les clés de la boite à kleenex à Stéphie! Elle nous raconte la naissance de ses trois cacahuètes!!!

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A 29 semaines d’une grossesse un peu « hors-norme », avec un ventre énorme, rempli par 3 beaux bébés, j’ai été hospitalisée, sous surveillance, afin d’éviter une naissance trop prématurée. Je suis restée allongée sur un lit d’hôpital 5 longues semaines, voyant défiler les différentes voisines de chambre… A 32 semaines l’équipe médicale a souhaité programmer la date de cette triple-naissance, par césarienne… 2 semaines plus tard. Est donc arrivé le fameux mercredi, à 7 mois et demi de grossesse. La veille au soir, on m’avait apporté le nécessaire pour me faire belle avant d’aller au bloc : une bonne douche de bétadine et une jolie robe opératoire !

La dernière nuit a été longue, malgré le petit cachet blanc.

Quand enfin le futur papa a passé la porte de ma chambre, j’étais déjà prête, le monitoring sur le ventre, le cathéter dans le bras. On a attendu comme si de rien n’était, essayant de parler d’autre chose, jusqu’à ce que l’on vienne nous chercher.

Je me revois encore sur cette chaise roulante, en habit de bloc, charlotte sur la tête et

sur-chausses aux pieds, mon mari chargé de mes affaires nous suivant dans ce dédale de couloirs. Puis les infirmières nous ont laissés quelques instants seuls, le temps d’un dernier baiser, avant que je franchisse LA porte. Le Papa ne pouvait pas assister à la césarienne, mais serait dans une petite salle attenante au bloc, avec les puéricultrices qui prendraient en charge nos bébés.

On me hisse sur la table, m’explique rapidement le déroulement. Il y a beaucoup de gens autour de moi, sages-femmes, internes, anesthésistes, étudiants. Je suis assise, nue. Je serre mon ventre dans mes bras, pour la dernière fois. Derrière moi on procède à la piqûre anesthésiante, au même endroit qu’une péridurale. Tout va très vite. J’ai froid, peur, je claque des dents. Je ne sens déjà plus mes pieds, mes genoux, mes cuisses, mes fesses, mon ventre. Plus rien. Je suis allongée, on dresse un grand drap bleu devant mon visage. J’ai les bras en croix, avec une perfusion dans chacun d’eux. De mon côté du drap, des dames toutes vêtues de bleu et dont je ne vois que les yeux et les sourcils me parlent, me posent des questions, me caressent le front, m’épient. De l’autre côté du drap, j’entends des bruits d’outils, des voix. Le chirurgien est arrivé, accompagné de mon gynécologue. Ils ne se sont même pas penchés pour me dire bonjour, sont juste venus trifouiller dans mon utérus. Je sens qu’on bouge en dedans de moi, c’est très bizarre. Et ça y est, je l’entends, elle est là, Andréa. Elle pleure, on me la montre furtivement, et on l’emmène là où son Papa l’attend. A peine le temps de réaliser que déjà on me montre Lisa. Les puéricultrices courent dans le bloc, avec mes bébés entre les mains. Puis enfin, c’est le petit Alexis qui naît en dernier.

Tous sont en pris en charge, on me félicite, me dit qu’ils sont magnifiques, et on vient m’annoncer leur poids respectif, 2 kg 400,1 kg 800 et 2 kg 300. Enfin, le gynécologue passe de l’autre côté du drap pour me saluer, et me préciser que l’on a fait du bon travail. Le chirurgien, lui s’en va comme un voleur, laissant les autres me recoudre. Après leurs travaux de couture, ils me remettent sur un brancard et m’accompagnent dans cette fameuse salle où il y a déjà toute ma petite famille. On me fait les présentations, et me résume la situation de chaque bébé. Dans l’ensemble, ils réagissent tous très bien ; seul Alexis a besoin d’un peu d’oxygène. Grande nouvelle, ils n’iront pas en couveuse. Ils vont être installés dans des berceaux chauffants, en soins intensifs, dans le bâtiment néonatalogie. Moi, je vais aller quelques heures en salle de réveil, et je pourrai venir voir mes chers petits le lendemain, seulement.

Avant de nous séparer, on me les dépose tout de même sur la poitrine. D’abord Andréa, puis les deux filles ensemble, les puéricultrices nous prennent en photo. Et enfin Alexis. J’ose à peine les toucher, ils sont si petits. Leur peau est douce et chaude. Il y a beaucoup de monde, difficile de trouver un peu d’intimité. Mon mari a les yeux qui brillent, il semble soulagé. J’aimerai profiter de cet instant magique, mais on doit m’emmener en salle de réveil.

Je pars donc, nue, ensevelie sous une pile de couverture, des capteurs sur la poitrine, des perfusions de tous les côtés. Je dois attendre patiemment que le bas de mon corps se réveille, et retrouve ses sensations. C’est très long, moi je n’ai pas sommeil du tout, je suis hantée par tout ce qu’il vient de m’arriver, submergée par ce trop plein d’émotion que j’aimerai pouvoir partager. De temps en temps une infirmière s’approche pour vérifier qu’il reste du liquide dans la perfusion, c’est tout.

Pendant ce temps, le Papa tout neuf, accompagne ses nouveau-nés en néonatalogie. Il distribue aux puéricultrices le nécessaire que nous avions préparé : trois jolis bonnets de couleurs différentes, six minuscules chaussons assortis, et une petite peluche pour chacun, à l’effigie de Totoro, notre héros japonais. Ce bon gros doudou veille et surveille les Cacahuètes, dans leur berceau transparent de l’hôpital.

Moi, toujours enfermée dans cette salle où tout le monde se réveille petit à petit, je pense à ces bouts de choux croisés si rapidement, j’essaie de me rappeler de leur visage, de leur odeur ; je me demande si Alexis va bien, c’était impressionnant de voir cet être miniature au milieu de tous ces tuyaux. Respire-t-il par lui-même, comme ses sœurs ? Je pense déjà au moment où j’irais les voir, demain.

De l’autre côté de la rue, au bâtiment réservé pour les prématurés, un Papa se découvre. Il fait connaissance avec trois petites choses si fragiles. Il les regarde, sans trop oser y toucher, et les prend en photo, les filme un peu, pour pouvoir me montrer ensuite ces premiers instants de vie, auxquels je ne peux encore participer.

C’est seulement quatre heures après que l’on m’installe dans ma nouvelle chambre de maternité, et que je retrouve mon homme fou de joie. Nous échangeons enfin nos impressions, nous serrons fort, nous dévorons du regard, avons du mal à trouver des mots. Les mots adéquats. Les mots pour traduire ce mélange d’appréhension, de gaieté, de soulagement, de fatigue, de bonheur. Oui, le bonheur. Je crois que c’est ça.

Puis je rebranche mon téléphone, qui ne cessera plus de sonner et de vibrer durant plusieurs heures, voire plusieurs jours. Il y a beaucoup de monde qui souhaite partager avec nous ce moment de délivrance. Nous racontons le déroulement des dizaines de fois, nous repassons la bande du film, insistant sur les nombreuses étapes de cette journée bien remplie.

Une fois le calme revenu, nous nous penchons sur le petit écran de la caméra, pour visionner les quelques séquences de tout à l’heure, quand Andréa Lisa et Alexis sont arrivés dans leur box sous haute-surveillance. Je redécouvre leur minois, j’aimerais pouvoir les toucher à travers l’écran, mais me contente de ces images magnifiques. J’entends leurs pleurs, qui me déchirent déjà, je vois leur univers hospitalier, mais tout de même douillet. Je me rassure. J’écoute tout ce que mon mari a à me raconter sur ces quelques heures qu’il a passées avec eux. Je l’envie un peu. Je veux savoir s’il a vu des médecins, entendu des choses. Les bébés vont passer de nombreux tests durant les jours à venir, mais pour l’heure, toute notre jolie tribu se porte bien. D’ailleurs Alexis n’est déjà plus sous assistance respiratoire.

L’heure des visites se termine, les Papas doivent repartir. Rentrer chez eux, seuls, laissant leurs bouts de famille dans cet univers aseptisé. La soirée est loin d’être terminée, encore de nombreux coups de fil, plein de textos joyeux auxquels il faut répondre, les premiers soins de mes suites de couche, une nouvelle ronde des sages-femmes de nuit.  De longues heures me séparent encore de mes enfants, mais demain, je les prendrai dans mes bras… Demain. Je m’endors alors en rêvant à demain.

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A qui le tour? J’attends ton récit et une photo si tu en as envie à l’adresse suivante: elunaleo@yahoo.fr

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