Untitled - James Wigger
Ses mains errent et quittent un oasis couvert par d’étourdissantes fragrances. Elles reprennent du voyage. La paume bohémienne, affamée, avide et assurée, bien à plat pour ne rien rater, pas un millimètre, aucun grain de la douceur brulante et offerte. Un peu plus haut, aux pieds de deux dômes fières, la caravane des doigts électrisés par tant de désir, s‘apprêtent à narguer, dresser et rendre plus insolents ses sentinelles…
Et elles cavalent. Elles effleurent, survolent, planent, caressent, pétrissent, pressent, pincent, envahissent, s’approprient, préparent. Le ventre qui comme une vague se creuse. Un creux qui s’incurve, s’enfonce, recule, hurle face aux meutes des doigts. Des doigts pas encore rassasiés qui s’écartent, pour couvrir, parcourir, avaler, boire, aimer plus de peau, plus de satin. Et le satin de frétiller, de vibrer, de se hérisser et de se granuler… Si le monde est une éponge qui absorbe le son des voix, le drap est une mer émeraude et le temps ne compte plus les râles qui accompagnent les assauts…