Ce soir sur la Piazza Grande, à 21h.30.
Au fond des bois, de Benoît Jacquot.
Première mondiale.
Vers 1865, en France profonde (grands espaces montagneux et magnifiques évoquant les Causses, puis l’Auvergne), Joséphine, la jeune et vertueuse fille du docteur Hughes, médecin des pauvres, cède à l’attrait, ensuite à l’envoûtement caractérisé d’un jeune vagabond aux pouvoirs parapsychiques spéciaux, se présentant d’abord comme sourd et muet au toubib, puis s’exprimant en étrange sabir latino-français. Fasciné par la beauté virginale de la jeune fille, le jeune sauvage l’hypnotise puis la possède. Revenue à elle, Joséphine chasse son abuseur, puis court le rejoindre, après quoi s’établit, entre l’un et l’autre, une relation faite de violents rejets (de la part de Joséphine) et de retours non moins passionnés, où l’on sent que se heurtent les principes d’une éducation catholique et les pulsions irrépressibles de la sensualité et des forces telluriques. Sur fond de relents plus ou moins sataniques (celui qui finit par avouer son prénom de Timothée s’est d’abord présenté comme le fils de Dieu, avant de se dire la réincarnation des empereurs romains les plus mal famés…), ce nouveau film de Benoît Jacquot, disciple lointain de Robert Breson, joue sur l’opposition des apparences de l’innocence et des réalités humaines à la fois charnelles et sociales, lesquelles commandent un dénouement policier et judiciaire, puis un retour à un ordre de façade. Isild Le Besco, au beau visage de vierge apparemment au-dessus de tout soupçon, campe le personnage de Joséphine en soulignant avec force les deux faces de sa personnalité, et Nahuel Perez Biscayart incarne un Timothée aussi inquiétant qu’attachant. Piazza Grande, 4 août, à 21h.30, après la cérémonie d’ouverture.
Le clin d’œil de Pandora
On sait qu’à Locarno les stars sont les films, mais il est quand même moult vedettes de cinéma qui y ont défilé en soixante ans, de Marlene Dietrich à King Vidor ou d’Alberto Sordi à Anthony Hopkins, comme se le rappelle aussi la tortue Pandora, hôte sexagénaire des jardins désaffectés du Grand Hôtel.
Pandora est l’une des mémoires du Festival de Locarno, qui ne se nourrit que de salade : c’est dire la clarté de son mental. A cela s’ajoute chez elle une sorte de sagesse d’expérience, qui la rend indulgente et même bonne. Ainsi n’est-elle guère étonnée d’apprendre que, sur la Piazza Grande, le plaisir suprême des spectateurs est d’être filmés, le soir, avant la représentation, et d’apparaître ainsi sur le grand écran pour une seconde de pure gloire, tandis que, sous sa carapace, avec son profil à la Edward G. Robinson, elle sourit de rester, quant à elle, la star à jamais incognito…
Clin d’œil du jour : Pandora se doit de saluer la course cycliste « du souvenir » amorcée mercredi à Zurich par l’équipe de Daniel Von Aarburg, réalisateur de Koblett pédaleur de charme, partie le matin et censée arriver à Locarno jeudi, veille du jour de la projection du film sur la Piazza Grande, vendredi 6 août à 21h.30.
Infos complémentaires sur le programme et les données pratiques du festival: http://www.pardo.ch