Magazine Journal intime

Cap sur paradis… (épisode 3)

Publié le 22 juillet 2010 par Anaïs Valente

capparadis.jpgTroisième épisode du mini-roman chick lit écrit par bibi et paru dans le Summer Flair 2009 (un an déjà, que le Tampax vite hein ma bonne Dame).  Publié avec l’aimable autorisation de l’équipe de Flair, afin que vous, mes lectrices de pas la Gelbique, puissiez enfin en profiter… Keskon dit ?  Merci Flair.  A suivre durant six semaines sur ce blog…  Bonne lecture.

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Je file ensuite au restaurant, où m’attendent déjà mes neuf compagnons et compagnes.  Marc m’a bien entendu gardé une place à ses côtés.  J’en frémis d’horreur et, afin de survivre à sa conversation égocentrique et à ses regards énamourés, je dévore un mezzé, du poisson grillé et un moelleux au chocolat à damner un saint.  A ce train-là, je devrai dire adieu à mon minishort d’ici la fin des vacances, peuchère !  Qu’importe.

Peu après minuit, je regagne ma cabine.  A la fois exaspérée et troublée, bien malgré moi, par Renaud, je m’endors en pensant à lui, oubliant presque que, demain, je devrai affronter cinq célibataires toujours avides de chair fraîche.

Dimanche

Lauranne nous a sommés d’être présents sur le pont supérieur dès l’aube (11 heures, en vacances, c’est l’aube, non ?), afin de participer à un « speeddating - jacuzzi ».  Revêtue de mon bikini turquoise qui tente de cacher le strict minimum de mon anatomie parfaite (blanche, mais parfaite), je profite du soleil en attendant le top départ de l’activité.  Les cinq jacuzzis nous sont réservés pour plusieurs heures, afin qu’après le speeddating, nous puissions faire « vraiment » connaissance autour d’un repas.  Je crains le pire.  La journée promet d’être longue.  Heureusement, de gigantesques cocktails sont à notre disposition.  Je décide d’abuser d’alcool afin de tenir le coup (je sais, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, mais entre boire et conduire j’ai choisi : aujourd’hui, je bois).

A peine installée dans le premier jacuzzi, en compagnie de Jean-Paul et d’un cocktail, je repère Renaud, accoudé au bar de la piscine, à une dizaine de mètres de moi.  Un frisson me parcourt l’échine et je me raisonne en repensant à ses moqueries de la veille.  Il croise mon regard et me fait un petit sourire, que je tente d’ignorer en me concentrant sur Jean-Paul.  Ce grand timide s’avère un charmant compagnon, qui me confie s’être entiché de Lara, qu’il veut à tout prix conquérir sans savoir comment s’y prendre.  Touchée par sa révélation et son côté pataud, je lui promets de faire passer le mot à Lara.

Second jacuzzi.  Second méga cocktail.  Pierre me raconte sa vie et veut tout connaître de la mienne.  Sa culture n’a d’égale que son intelligence, et je prends un plaisir certain à faire mieux sa connaissance, même si, physiquement, il m’attire autant qu’une croquette pour chien peut plaire à un chat.  Comme il me précise qu’il fait ce voyage non pour trouver l’amour mais pour ne pas être totalement seul durant repas et excursions, je décide d’être moi-même et nous discutons durant un bon moment de la problématique des vacances en solo.  Pierre s’avère être quelqu’un d’extrêmement agréable.  Je commence à apprécier cette croisière, qui ne réserve finalement pas que de mauvaises surprises.

Troisième jacuzzi.  Troisième giga cocktail, que j’avale cul sec, histoire de survivre à la présence de Fredo, toujours à la recherche de la femme de ménage de sa vie.  Il ne semble pas comprendre que je ne suis pas intéressée par le poste vacant.  Je m’évertue donc à lui préciser que non, je ne sais pas repasser correctement une chemise et que non, je ne suis pas capable de cuisiner sans tout brûler.  Ne m’écoutant pas, il tente alors une tactique très … directe, et me propose : «  dis Chloé, puisqu'on est coincés ensemble sur ce bateau, que tu me plais, que je te plais, pourquoi ne pas en profiter à fond, passer nos nuits ensemble et avoir un max de plaisir sans prise de tête ? »  Et moi, je reste là, yeux écarquillés, souffle coupé, et je ne dis rien, je le regarde avec des yeux de merlan frit et la bouche semi-ouverte (ça convient bien au merlan frit).  Puis je me lève, et je m’en vais, déçue d’avoir tant manqué de répartie.  Puisse cependant cette fuite silencieuse être suffisamment explicite.

Quatrième jacuzzi.  Quatrième… ou cinquième… ou sixième… cocktail ?  Chais plus, je vois triple…  L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, je confirme.  Bruno, fidèle à lui-même, joue le clown de service.  Je m’esclaffe à chacune de ses blagues, m’assurant au passage que Renaud, toujours au bar, remarque à quel point je m’amuse comme une petite folle.  Qu’il en prenne pour son grade, ce goujat.  Oups, l’alcool me rend un tantinet agressive.   Pourtant, les trois Renaud que je vois, à travers les vapeurs d’alcool, me semblent si craquants…  Trois Renaud ?  Bon, j’arrête les cocktails immédiatement.  Heureusement, Bruno continue sur sa lancée et nous rions de bon cœur.  Charmant compagnon de voyage que ce Bruno.  Avis que semble partager Jasmine, qui le surveille intensément de loin.

Dernier jacuzzi.  Dernier cocktail, promis juré craché.  Marc me rejoint et me dévore des yeux.  Je le sens déjà prêt à m’ôter illico le peu de vêtements que je porte.  Grâce aux cocktails ingurgités, je me mets à jouer ma mijaurée, alternant regards sensuels et moues boudeuses, histoire de titiller ses instincts salaces.   La langue qu’il pend jusque par terre me confirme que cela fonctionne à merveille et qu’il est temps que je cesse mon petit jeu si je veux éviter qu’il ne me kidnappe dans sa cabine. Marc ne me plait absolument pas, et j’ignore pourquoi j’agis de la sorte… ou plutôt pour qui… enfin si, je sais très bien pourquoi et pour qui je fais ça : pour prouver à Renaud que les croisières pour célibataires, c’est le pied intégralement intégral et que ses moqueries de la veille sont injustifiées.  Je suis ridicule.  Je sais.  Mais je ne veux pas que ce journaliste à la noix trouve quoi que ce soit à redire, des fois que l’idée d’un article à mon sujet lui traverserait le neurone unique.

Grisée par tous ces cocktails multicolores, je zigzague à qui mieux mieux, avec ma bande de célibataires, jusqu’au buffet dressé à notre attention au bord de la piscine.  Les discussions sont moins timides qu’hier et des affinités se sont déjà créées.  Je profite de quelques minutes avec Yasmine pour attirer son attention sur Jean-Paul et ses diverses qualités.  Elle semble intéressée.  Fichtre, l’an prochain, j’organise ma propre croisière pour célibataires, en bonne entremetteuse que je suis devenue.

(Suite mercredi prochain)


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