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Dans la peau de Bill ou Slévich (26)

Publié le 04 août 2010 par Sophielucide

26. This is the end

Je ne sais pas pourquoi on s’échine à penser que la vie se doit d’être suffisamment compliquée pour lui trouver un sens mais ce que je peux dire maintenant c’est que la question existentielle qui taraude les vivants est d’une telle simplicité que l’on peut, au choix, en rire ou en pleurer. Tout ça pour ça ?   Enfer, paradis ou purgatoire, je ne sais toujours pas où je suis mais je peux affirmer que ce lent bégaiement est mortel ; revivre au ralenti et en replay sa dernière heure, conduire pour l’éternité tandis que le décor ne fait que se renouveler comme dans les films où deux rouleaux tournent sans relâche  de chaque côté de l’automobile montée sur parpaings, au rythme lent d’infatigables violoncelles, avec, à la bouche, une cigarette qui ne se consume jamais mais qui reste vissée au coin des lèvres , tout ça sans la moindre possibilité d ’y pouvoir rien changer, c’est juste une horreur que je dois endurer…

Le pire est que la pensée, pour l’instant tout du moins, semble continuer de fonctionner, d’aller de l’avant, et donc d’espérer : la mort n’est donc pas une réponse, ni même une punition, mais juste  un stand by permanent, qui doit bien déboucher sur quelque chose. Aucune rencontre, il va sans dire, pas de retrouvailles éperdues dans l’au-delà, aucun comité d’accueil acclamant au tromblon l’arrivée triomphante, pas de refrain entonné par de frêles angelots ou de guerriers archanges, nada, niente, nichts, nothing !

La seule conclusion tenant la route est que la mort est un rêve  du genre de ceux, humiliants, qui nous mettent en scène sans que la moindre volonté ne joue le rôle usurpé qu’on pense remplir dans la vie. Cette passivité alliée à une subite clairvoyance est proprement dégueulasse et rien que pour ça je ne saurais trop vous conseiller de décaler l’échéance au plus loin ou de prévoir votre dernière heure comme le rêve que vous aimeriez revivre ; quoi que…s’apercevoir que ce que vous aimiez le plus dans l’existence ne s’apparente qu’à une machinerie,  que le plaisir qui en découle s’étiole au même titre que le reste doit être insupportable aussi…Aucune issue donc, désolée c’est ainsi. Je sais bien que ma petite expérience ne signifie pas grand-chose, que peut-être ai-je « mérité » ce cauchemar sans saveur, que la fumée qui m’absorbe embrume un corps dont je n’aurais jamais pensé qu’il puisse me manquer à ce point, que la souffrance physique n’est décidément rien à côté d’un esprit qui s’enraye, qui rouille à vitesse grand V en faisant défiler toutes les obsessions, les tergiversations, les questions balayées d’un éclat de rire, reportées pour l’éternité….L’horreur, je vous dis…

Et le plus abject dans cette histoire grotesque c’est de conserver en mémoire, non pas les êtres chers, dont vous connaissez la consistance et l’odeur, mais des personnages de papier nés de votre imagination poisseuse ! Ceux-là semblent plus vivants que vous à présent, ils vous cernent et vous narguent, se moquent ouvertement de votre incapacité à avoir pu jouir de la vie, de votre fol espoir d’avoir  su créer un monde parallèle, ô blasphème ! Je n’étais pas Dieu et je dois le payer ! Et vous qui me lisez, vivez ! Je vous l’ordonne !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

http://www.youtube.com/watch?v=VrSizc1zE4A


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