Magazine Journal intime

J'aime les mouches

Publié le 05 août 2010 par Anaïs Valente

L’autre jour, j’ai vu une mouche.

Oooh, ça va, je sais, c’est pas l’événement du siècle, pas comme si je vous disais « l’autre jour, j’ai vu un (dodu) dodo se poser dans mon jardin » ou « l’autre jour, j’ai vu un iguanodon brouter dans mon jardin », ce qui est bien sûr impossible, vu que… j’ai pas de jardin.  Quoique j’ai un doute, un gros doute : le dodo, est-ce qu’il vole ?  et l’iguanodon, il est bien herbivore ?

Mais en voyant cette mouche se balader sur ma jambe, une foule de souvenirs sont revenus à ma mémoire (comme le chantait si bien Marie Laforêt).  J’ai réalisé à quel point j’aimais les mouches… parfois.

Evidemment, dans la plupart des cas, je hais les mouches.  Et le hasard a fait que, consultant quelques blogs que vous, ô lecteurs adules, tenez (depuis que j’ai lu cette remarque disant que les blogueurs ne lisaient pas les blogs de leurs commentateurs, je tente de lire plus vos blogs, mais ça prend du temps et si je passe mon temps à lire les blogs, je n’ai plus de temps pour écrire mon blog, CQFD), donc en vous lisant, j’ai pu réaliser que je ne suis pas la seule à ne pas aimer les mouches en ce moment, jugez plutôt ici, et là. 

Mais mon idée de billet « j’aime les mouches » date de bien avant la découverte de vos billets à vous, ô lecteurs vénérés.  Elle date de ce moment où une mouche s’est posée sur moi pour une promenade matinale, moment où j’ai réalisé combien j’aimais les mouches… tout en les haïssant (Anaïs a toujours été très complexe).

Je hais les mouches lorsqu’elles tournent autour de mon lustre, inlassablement.  En fait, ce n’est pas vraiment tourner, on dirait qu’elles font des lignes droites, puis tournent brusquement, puis continuent en ligne droite.  Un genre de zigzag permanent, qui me donne le tournis.

Je hais les mouches lorsqu’elles aiment mon repas et tentent par tous les moyens d’y accéder, me forçant à faire de grands gestes de la main pour les éloigner, ce qui ne les éloigne qu’un micromillionnième de seconde, puisqu’elles reviennent et reviennent encore.  Et que mon repas est froid, à force de les chasser, et que j’ai de la sauce tomate / de l’huile d’olive / des grains de riz / du taboulé (biffez la mention inutile) partout autour de moi sauf dans ma bouche.

Je hais les mouches qui agonisent sur les attrape-mouches, ces trucs longs et collants qu’on suspendait du temps de nos ancêtres au plafond.  Je pensais que cette torture était révolue, ben nenni, j’en ai vu un tout tout récemment (chez mon amie qui détient les tapettes « laisse une chance à la mouche » d’ailleurs, cherchez l’erreur).  La pauvre mouche (je la hais, mais je la plains, c’est pas incompatible) s’y colle et y meurt à petit feu.  L’attrape-mouches devient donc un cimetière à mouche, c’est frais.

Je hais les mouches lorsqu’elles se posent sur mon nez pour y faire leur toilette matinale, lorsque je suis tétraplégique.  Bon, je ne suis jamais tétraplégique (mais ça viendra avec l’âge, petite Anaïs), mais j’imagine aisément le supplice que la mouche pourrait m’infliger si je l’étais.  D’un autre côté, ce ne serait qu’un supplice, alors qu’avec un zébré, ce serait un enfer.

Je hais les mouches lorsqu’elles entrent dans mon frigo pour se poser sur ma délicieuse tranche de rosbif (ou roastbeef) mal emballée pour y pondre leur descendance tout entière.  C’est du vécu, à lire ici si vous êtes tout nouveaux tout chauds sur ce blog.  

Je hais les mouches lorsqu’elles sont petites, brunes, et me regardent d’un air vicieux en posant leur petite trompe sur mon bras pour aspirer j’ignore quoi (et je préfère ne pas le savoir).

Je hais les mouches lorsqu’elles sont grosses, bleutées, brillantes, et font un vrombissement d’avion à réaction en tournant autour de moi, au point que je les confonds avec un zébré, un taon, un frelon ou autre bestiole ignoble et estivale.

Donc, en général, je hais les mouches.

Mais parfois, bien malgré moi, passque je sais à quel point elles transportent microbes et crasses (enfin j’en sais rien, mais on me l’a répété depuis ma plus tendre enfance « mouche à caca, pas propre, pas toucher, beurk »), lorsqu’une mouche se pose sur mon corps de déesse (pour une mouche, un corps comme le mien, c’est nirvanesque, moelleux et rebondi) et s’y balade, j’aime ça.

J’aime l’effet de ses six (huit ? dix ? vingt ?) pattes sur ma peau.  Le chatouillis que ça me procure.  J’ai toujours été une grande adepte des « guiliguilis », des « chatouilles », des « doudouces », alors cette promenade impromptue de la mouche sur moi me rappelle ma tendre enfance, celle où ma mère-grand me préparait une orange en quartier sur une assiette, et, pendant que je la dévorais (j’aime les fruits, enfin pas toujours, mais je réserverai cette dissertation pour un autre billet), elle faisait des aller et retour sur mes mollets, durant de longues minutes, et moi, tel un gros chaton repu, je ronronnais. 

Donc, parfois, j’aime les mouches.

Illus issue d'un blog génial découvert via Google sur le mot "mouche", qué bonheur... y'a des mouches et de l'humour à gogo.

J'en ai profité pour en ajouter sur ce billet, qui parlait de la tapette "laisse une chance à la mouche"... allez voir ça, les illus méritent le détour.

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