PapaZen attend patiemment dans l’auto pendant que je passe chercher deux ou trois trucs chez Anik. J’entre quelques secondes pour regarder l’empilement des boîtes dans la salle à manger. Je récupère un agenda des Éditions géniales comme cadeau de fin d’année pour l’enseignante de GrandeSoeur. On échange quelques potins expéditifs. Puis on ressort sur le balcon.
Anik, banalement – Où en êtes-vous pour Bébé4?
Julie, soupirant parce qu’embêtée – Je n’en sais rien. S’il était là, tu sais, je le prendrais. Mais je suis loin d’être certaine de vouloir vivre 8 mois de nausées et de hauts et bas hormonaux… Juste à y penser, j’ai envie de vomir dans tes marguerites.
Anik, compatissante et faisant un signe de la main à PapaZen dan la voiture – Et ton chum, il en pense quoi?
PapaZen, sortant sa tête de la voiture – Qu’est-ce que je pense de quoi?
Anik, résumant rapidement la situation – Je lui demandais où vous en étiez pour votre réflexion Bébé4?
PapaZen, naturellement zen – Les filles, je n’y comprends rien…
Anik et Julie, perplexes - …
PapaZen, naturellement masculin – Je ne sais pas comment vous pouvez arriver à des discussions aussi sérieuses en moins de 5 minutes.
Julie, avec répartie – Ça, je le sais. Tu peux passer plusieurs heures en tête-à-tête avec un ami devant une bière ou un match de hockey. Tu peux jaser météo, pédagogie ou de Halak et compagnie…
Anik, complétant – Et tu oublies de lui demander si sa blonde a des contractions, si l’entrée à la maternelle de son fils se passe bien ou si la petite dernière – quel est son nom déjà? - fait ses nuits?
PapaZen, peu offensé – Je me dis que c’est ce qui fait mon charme.
Anik, ne démordant pas – Tu n’as pas vraiment répondu à la question…
PapaZen, éternellement relax – Bien, on en a déjà discuté plusieurs fois. Mais puisque les discussions sont moins nombreuses, je crois qu’on est en train de se faire à l’idée que Frérot sera notre petit dernier… Toi, ma blonde, tu en penses quoi?
Julie, toujours aussi surprise de voir que PapaZen répond aux questions franchement quand c’est quelqu’un d’autre qui le lui les pose – Je retourne tout ça dans ma tête chaque jour… parfois j’ai envie. D’autres non.
PapaZen, probablement tout aussi surpris de me voir exposer mes pensées silencieuses au grand jour – Quoi? Tu penses à ça tous les jours?
Julie – Mais oui! Tu serais surpris de savoir tout ce qui me traverse l’esprit chaque jour. Si je pouvais te refiler quelques centaines de pensées, je serais tellement soulagée!
PapaZen – Et moi probablement tellement fatigué!
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C’était la même chose pour Bébé3. Ce questionnement m’a hantée pendant des mois (mais PapaZen n'en a pas souvenir). Pour Bébé1, c’était clair. Pour Bébé2, ça allait de soi. Mais pour Bébé3, j’ai toujours dit que ça avait été notre plus grande décision et qu’heureusement nous ne l’avons jamais regrettée. J’ai vécu ma 3e grossesse comme étant la dernière. Physiquement, elle a été la plus épuisante. Mentalement, elle a été la plus éprouvante. Frérot est né d’un AVAC. Malgré tout le stress, ça a été le plus simple et le plus facile de mes trois accouchements. J’en garde un souvenir très précieux.
Il reste une place libre autour de la table. Il reste une place dans notre voiture. Et il reste beaucoup de place dans mon cœur. Ça me fascine de voir chacun de mes enfants devenir de vraies personnes. Des petites personnes qui existent parce que je les ai portées et parce que nous leur avons apporté des soins. Il y a une part de moi qui me dit que c’est impossible que ce soit fini. Que c’est impossible que la place reste vide.
En même temps, je pourrais vous énumérer toutes les raisons pour que nous en restions là. Et elles seraient toutes bonnes.
Comment avez-vous su clairement que votre famille ne s’agrandirait plus?
Crédits photo: ©Julie et GrandeSoeur