Hier matin, alors que d'une humeur affable et plaisante j'ouvrais Facebook sans me douter une seconde du drame qui allait suivre, quelque chose de très désagréable m'a titillé les yeux. Dans l'encart de droite, il y avait une photo de Nicolas Sarkozy suivie de : "2 de vos amis en sont fans". Pour tout vous dire, j'ai failli en régurgiter mon petit dej.
Qui donc pouvaient être fan de "Celui qu'on ne doit pas critiquer sous peine de perdre peut-être un jour sa nationalité Française" ?
Après une enquête minutieuse, qui a duré 30 secondes, j'ai obtenu la liste des coupables. Mon incrédulité était à son comble : était-ce une blague, une caméra cachée ? Mais non, je devais être forte et accepter cette vérité déplaisante et inavouable : je connaissais bien des fans de Nicolas Sarkozy.
Ils n'auraient pas pu être fans de Placebo ou Sophie Marceau, comme tout le monde ? Ou même fans de Bernard Menez, j'aurais peut-être pu pardonner cette faute de goût. Mais fans de Sarkozy, faut
vraiment le vouloir, non ? Il faut avoir sa carte du Parti, la petite photo dans son portefeuille, il faut regarder d'un air ému les gesticulations ridicules du personnage, il faut en rêver la
nuit, et puis surtout, il faut approuver son programme, adhérer à ses idées, dont certaines sont carrément nauséabondes. Alors, que faire ? Rayer ces gens de mon carnet d'adresses ?
"Non, désolée, mais nous n'avons pas les mêmes valeurs".
Ou essayer de comprendre leur point de vue, les ramener peut-être à la raison.
- Bon, vous vous êtes fourvoyés, mais cela peut arriver à tout le monde. Enfin, pas vraiment à tout le monde, il faut quand même avoir subit un traumatisme violent. Est-ce que par exemple votre
adorable grand-mère vous chantait pour vous bercer "Maréchal, nous voilà", les yeux mouillés d'émotion en contemplant avec fierté un portrait de Pétain accroché dans un cadre doré au dessus de la
table en formica ? Cela expliquerait bien des choses.
Moi j'essaye juste de comprendre, vous savez. J'essaye de vous aider. Oui, je sais, je ne suis qu'une Française de seconde zone, tout juste naturalisée, je devrais faire attention à ce que je dis, une déchéance de nationalité est si vite arrivée. Enfin, je n'ai pas encore agressée un flic et je ne suis pas polygame, mais au train où vont les choses, il suffira d'un rien, d'une petite broutille et zou, direction un charter. Non pas que je n'aime pas voyager (gratuitement en plus), mais je me suis attachée quelque peu à la France et je m'y voyais couler des jours heureux, jusqu'à ma retraite (que je n'aurai jamais, mais ça c'est une autre histoire).
Nan, mais sérieusement, qu'est-ce qui vous plaît tellement chez Sarkozy ? Sa façon incroyable de noyer le poisson ? De piquer honteusement le programme des Le Pen ? De créer des tensions intercommunautaires et religieuses, de trouver toujours le bouc émissaire parfait ?
Comment ? Ah, je comprends mieux : tu es de la famille de Liliane Bettencourt et tu voudrais qu'on lui foute la paix. Certes...
Et toi, tu ne serais pas de la famille d'Eric Woerth, par hasard? Si? Hé bien tout s'explique maintenant ! Désolée pour le dérangement, hein. Vous savez, je suis un grande curieuse, mais je ne
voulais surtout pas vous agresser. Hum... D'ailleurs, suite à ma déclaration d'impôts, j'ai subit un petit redressement fiscal. Il n'y aurait pas moyen de... ? Merci ! Entre amis, on se comprend
!