Magazine Journal intime

Scènes d’un retour en enfance…

Publié le 08 août 2010 par Anaïs Valente

L’après-midi s’annonce banalement banale.  Un choli coussin est installé sur mon non moins choli transat.  Les petits coraya m’attendent, ainsi qu’une boisson fraîche et « Les âmes vagabondes », dont je suis aussi accro qu’un héroïnomane l’est à sa merde (enfin j’imagine, jamais testé ces horreurs moi).

Je m’avachis lentement, profitant déjà de l’après-midi de repos, farniente, glandouille (synonymes que j’aime tant) qui s’offre à moi.

Le téléphone sonne.

Et me voilà emportée dans l’enfance.  La leur.  La mienne.

Enfance féline.

Deux petits livrés à eux-mêmes et surtout à une mort certaine.  Recueillis, fort heureusement.  Choyés.  Sauvés.  Nourris.  Et moi en train de tenter de leur donner le biberon.  Keske c’est émouvant my god.  Keske je suis nulle.  J’ai en tête le souvenir du bébé girafe nourri dans la ferme célébrités en Afrique.  Super comparaison… Comparaison de taille, oserais-je dire.  Et quelle référence culturelle.  Le girafon se nourrit debout.  Sa nounou est également debout, sur une table.  Le girafon, même petit, est grand, qu’on se le dise.  Le chaton se nourrit couché sur le dos.  Sa nounou s’installe et renverse le petiot, puis lui enfourne la tétine dans le gosier.  J’aimerais pas subir ça, moi qui ai systématiquement la nausée et la gifle facile quand je subis l’abaisse-langue du docteur.  Joli moment que de devoir nourrir ainsi deux chatons.  Ensuite, repu, l’un des deux entame une petite sieste sur mes genoux.  Second joli moment.

Enfance enfantine.

Direction le parc d’attraction de la Citadelle.  Comment s’appelle-t-il déjà ?  Fabiola, dirais-je.  Oui, ça doit être ça.  Toute mon enfance ça.  Même si je n’y reconnais plus grand-chose.  Et de revoir ma grand-mère qui nous y emmenait.  Flash back.  Soleil.  Longue marche sous le soleil.  Raccourci à travers les arbres.  Ça monte ça monte ça monte.  Mais comment faisait-elle pour tenir le coup, à son âge déjà avancé, alors que moi, je me sens déjà incapable de monter à pied à la citadelle à mon jeune âge (bon, chiche, qui tente l’aventure avec moi ?).  Les petits nenfants déguisés sont partout partout partout.  Multicolores.  Grimés.  Casquettés.  Ils nous offrent leur spectacle.  Chant.  Danse.  Magie.  Acrobaties.  « Un oiseau un enfant une fleur-eeee ».  « Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire ».  « Doubidou, j’voudrais marcher comme vou-ou-ous ».  Soudaine envie de chanter.  Et de danser.

Ça y est l’enfance me rattrape…  je la sens.  Elle est là. Fin du pestacle.  Je croise une amie.  A la sortie.  Regard ahuri de sa part.  Mais kestu fais ici ?  (tout ça rime incroyablement)  Elle me prend pour une perverse.  Pas d’enfant l’Anaïs, alors keskelle fait ici, ma bonne Dame ?  Nan, chuis pas perverse, promis juré craché gerbé (copyright Moustique).  Chuis avec des enfants, promis juré craché gerbé.

Enfance Anaïssienne.

Direction la « discothèque pour mômes ».  Y’a pas de mômes.  Zont déserté les lieux.  Y’a que notre petite bande : quelques adultes, quelques enfants, au milieu d’une salle immense et déserte.  Le pestacle est fini, logique.  Mais nous, on veut s’amuser.

Alors on s’amuse, passque seule l’intention compte, non ?

Une petite séance de hulla hoop avec un hulla hoop qui fonctionne pas.  Naaaan, il fonctionne pas.  Trop petit.  Mal conçu.  Personne peut y parvenir, même pas moi.  J’ai su faire du hulla hoop, dans mon jeune temps.  Je le jure, j’étais plutôt douée.  A l’époque.  Il était orange.

Ensuite, la chaise musicale.  Je veux pas.  J’ai plus l’âge.  Mais on me force.  Pas le choix, je vais pas faire ma tête de cochon mal luné.  Pas grave, m’en fous, je perdrai au premier tour, et basta.  Et vlà l’Anaïs qui se prend au jeu, qui passe le premier tour, puis le second, puis le troisième, le quatrième, le cinquième… et qui gagne.  Et qui se réjouit d’avoir gagné comme si elle était l’unique gagnante de l’euromillions.

Ah, on a une invitée surprise.

Une guêpe.

Cris et hurlements.

Assassinat du bestiau.

Ouf.

Après le hulla hop et la chaise musicale, place à la musique.

Et on choisit ce qu’on veut.  Le pied intégral.

On en profite pour répéter notre petite chorégraphie apprise au camping.  Toujours impossible de retrouver le morceau sur lequel elle se danse.  Zumba zumba hella.  Ou alors yunga yunga holla.  A moins que ce ne soit Vinga vinga halla.  Allez quoi, aidez-moi…  En six temps.  Je deviens une pro.  Mais je regarde mes pieds, encore.  Làààà, voilà, sans regarder, et on sourit à l’assistance.  Je jette quelques regards vers la porte, des fois que boss chéri ou un collègue passerait et me verrait me déhancher. Le ridicule ne tue pas… mais il ridiculise, qu’on se le dise.

Personne en vue, on continue.

Et une petite dose de Macarena, ça je connais.

Nouvelle choré, sur les Black Eyed Peas.  Hé, ça fait que trois ou quatre semaines que je sais qu’ils existent, les Black Eyed Peas.  Alors je me la pète, quand j’entends « I got the feeling », je m’écrie, l’air de rien, « oh les Black Eyed Peas, j’adoooore ».  Et on apprend la choré, d’abord un peu zen, puis qui sombre d’un coup d’un seul dans un truc rythmé tue cœur épuise jambes mouille aisselles.  J’adore.  Je ne maîtrise pas tout, mais j’adore.  Pas moyen de synchroniser pieds et mains, mais j’adore.

Une petite dose de Lady Gaga, une petite dose de Mika, une petite dose de Claude François.  Un peu de tout.

Puis c’est fini, on s’en va, le parc ferme.

Direction la sortie.

Oh, c’est quoi ce joli monsieur tout grimé tout rayé ?  C’est qui ?

C’est un virtuose du diabolo.  Dans tous les sens, le diabolo, et de plus en plus haut dans le ciel tout bleu (ça nous change).  Et je m’émerveille.  Et je plonge encore plus profond dans l’enfance.  Je suis une môme face à un artiste.  En pamoison.  Ce qu’il fait est incroyable.  Puis il nous sort sa balle magique.  Puis ses ballons qu’il transforme en animaux.  J’en veux un.  Mais c’est réservé aux mômes.  Ben oui, mais là, tapie au fond de moi, y’a une toute petite Anaïs de six ans, qui veut un ballon, elle peut ?  Nan, elle peut pas, ou plutôt elle veut pas, passque des mômes, des vrais, arrivent de partout, alors ils ont la priorité.  Et je regarde naître un chien, une coccinelle, une souris, et même un cœur dans lesquels s’embrassent des colombes, rien que ça.  Ma petite bambina (comme disait Lara Fabian) est en extase.  Puis vient le chat.  Difficile à faire, le chat.  Le ballon couine dangereusement, et je m’écrie « ça va péter ».  Et ça pète.  Waw, quééén pouvoir j’ai.  Et notre artiste de me sermonner gentiment, je le déconcentre, j’ai pas confiance en lui, faut que je fasse silence et que j’y croie.  Et notre artiste de recommencer.  Et de nous créer un joli chat tout rose.

C’est la fin cette fois.  La fin de la fin.  La fin d’une après-midi tout sauf banalement banale.

Un dernier petit ballon pour la route.  La fatigue sans doute, il se trompe, confond cœur et chat (logique, les deux sont indissociables).  M’offre le chat fait par erreur.  Refait le coeur.  Tu vois, petite Anaïs, les rêves se réalisent parfois, tu l’as ton ballon.

C’est vraiment la fin, je rentre chez moi, en tenant bien fermement mon ballon, pour ne pas qu’il s’envole.

Faut jamais laisser les ballons s’envoler.

Faut jamais laisser l’enfance s’envoler.

Quelques photos souvenirs... et une chtite vidéo pour que vous découvriez le ballon en 3D.

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