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Coups de coeur, suprises et déceptions aux Correspondances d'Eastman

Publié le 11 août 2010 par Claudel
Aucune envie d’être objective pour parler des Correspondances d’Eastman. Coups de coeur, surprises et déceptions en plusieurs billets.
Coups de cœur
Mon arrivéeDes fleurs partout, des enseignes pour le stationnement, les chapiteaux, des cafés terrasses où s’attardent les dineurs. À l’accueil, les bénévoles sont fébriles, ils me renseignent. Repérage facile, tout est dans moins d’un kilomètre. Je trouve facilement Le parc du temps qui passe où se tiendra l’ouverture. Je remonte dans mon Pruneau (ma dinette-couchette-toilette comme je dis souvent) et je pars à l’assaut des côtes pour lesquelles on m’a fait un peu peur en me disant de ne pas apporter mon vélo (mais sur le plat, au village vers le lac d’Argent, belle piste cyclable asphaltée).
Coups de coeur, suprises et déceptions aux Correspondances d'EastmanPruneau monte la côte, sans élan, jusqu’au théâtre de la Marjolaine. Sans problème. C’est donc là que je passerai les quatre prochains jours. Le jour au moins. J’aurais bien aimé y coucher, mais les organisateurs ne veulent pas. Je n’aurais pourtant dérangé personne. Bon, c’est un autre débat. Les spectacles du soir ont lieu dans la salle du théâtre et les cafés littéraires derrière sous une grande terrasse recouverte.
Je suis donc prête. Retour au village. Dans une des boîtes à malle, je trouve un livre : Garage Molinari de Jean-François Beauchemin (Québec-Amérique). Je me rends au parc, je m’assieds à l’ombre. Je lis. Rien d’autre, je suis ici et maintenant dans un livre. Et je verrai l’auteur le jour suivant.
ClémenceDès que j’ai su qu’elle donnait un spectacle, j’étais déjà gagnée, c’est certain que j’irais la voir. Je l’aime depuis très longtemps. La première fois que je l’ai vue, ce devait être autour de 1968, dans le temps des nappes à carreaux rouges et les filets de pêche sur les murs de bois. Probablement le Patriote à Sainte-Agathe. Plusieurs années plus tard, je m’étais rendue à Ottawa voir son spectacle sur la ménopause. Et si j’entends son nom à la télévision, c’est certain qu’il faudra une sacrée bonne raison pour la manquer.
Donc son spectacle un mélange d’entrevue — pas très poussée — et rappel de ses nombreux textes. À l’occasion Danièle Bombardier faisait office de souffleuse et n’a qu’à lui poser une ou deux questions et voilà que Clémence se levait et repartait.
Du déjà vu, du déjà entendu, mais on rit encore. Elle en rajoute, elle improvise ou a l’air d’improviser. Personnellement il n’y a que deux humoristes qui me font rire à voix haute : Yvon Deschamps et Clémence. Question de génération? Peut-être.
Je ne suis pas la seule à l’aimer. Des centaines ce soir-là, dont une douzaine à peine qui la voyait pour la première fois. Et quelques rares hommes.
Petite déception quand Clémence a demandé : quelle heure il est là? Je sais bien qu’elle l’a demandé parce qu’il y avait retrouvailles au Piano rouge à 21 heures, mais ça m’a fait un petit choc. Comme quand mon père demandait l’heure parce qu’il en avait assez, il voulait passer à une autre activité. J’aurais eu envie de dire à Clémence : ça n’a pas d’importance, ceux qui veulent partir, qu’ils partent, nous autres, nous allons continuer de jaser.
Surprises
Jean BarbeQuand je l’ai vu, je me suis dit : « reste ouverte, ne te rebiffe pas tout de suite ».Je n’aimais pas Jean Barbe, je n’avais pas choisi ce café littéraire pour lui, mais pour Jean-François Beauchemin. Quand il parle à la télévision, je n’aimais pas ce qu’il disait, son ton tranchant, ses idées exposées fermement. Il avait l’air d’en vouloir au monde entier, de ne trouver personne à sa hauteur. Comme un professeur qui regarde tout le monde de haut.
Et là, il est arrivé avec son chien, ça ne me l’a pas rendu sympathique parce que je trouvais que le chien dérangeait, attirait les regards.
Coups de coeur, suprises et déceptions aux Correspondances d'EastmanMais quand l’émotion vous étreint la gorge, quand vous retenez les larmes qui veulent monter, c’est que des phrases vous ont touchée, que vous vous êtes reconnue dans les dires de quelqu’un. Ce fut le cas devant Jean Barbe. Il fut généreux dans ses impudiques confidences : « J’avoue que je méprisais mon père » Chacune de ses interventions était efficace, comme un acteur qui sait doser ses effets, comme un professeur qui sait attirer l’attention, comme un humoriste sait «à quelle heure le punch ». Visiblement expérimenté, il sait comment faire naître l’émotion.
Il m’a également intéressée par les affirmations, les observations au sujet des livres, de l’écriture. Il fallait l’entendre quand il a parlé du premier livre qui l’a marqué. Il en parle aussi dans cet article>>>;
L’importance des livres dans sa vie est assez semblable à celle que je leur accorde moi aussi : il y a plus dans certains romans que dans nos vies.
Je ne sais pas si j’aimerai Jean Barbe dans toutes ses interventions futures, je ne sais pas si je serai capable de lire en entier un de ses livres, mais au moins une fois, il m’aura touchée.
À suivre…
(photos: le parc de Claude Lamarche et celle de Jean Barbe empruntée à fr.canoe.ca)

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