Guy Debord a très bien expliqué comment la société du spectacle divertissait et distrayait (de l'essentiel) le citoyen spectateur / consommateur. Comment la mise en scène, l'image, le jeu, les dispositifs de monstrations, sont là pour qu'on oublie le caractère même d'artifice de ce que l'on nous montre jusqu'à ce que ça en devienne "réel".
On est un peu comme des lapins hypnotisés par la lumière des phares ou comme des insectes attirés par la lumière qui les brûle.
Si l'on a été très longtemps dans de "l'entertainment", trop habitué et désensibilisé par une imagerie récréative, ludique comment imaginer la suite? Quand une drogue n'est plus assez puissante on en change les doses ou on passe à une substance plus dure.
On peut, sans être prophète, prévoir non plus du spectacle, mais une réalité spectaculaire, où tout participe à plonger l'individu dans l'effroi. On passe peu à peu du théatre et du cirque (récréatif, représentation, fiction) aux jeux du cirque (non plus fiction ni représentation mais présentation directe de la réalité d'une mise à mort). Le spectacle ne reproduit plus la réalité, la réalité elle-même devient spectaculaire, terrible, effroyable.
Ce serait une société de l'effroi où chaque élément de la société serait maintenu par une architecture de la peur. Où l'individu en serait réduit à un instinct de conservation primaire, comme un chien battu à mort et affamé.Ce serait la mise à mort de la réalité telle que nous la connaissons, alors tout prendrait l'allure d'un mauvais cauchemar.
Ah... Ok. On me dit que le spectacle a déjà commencé.
ps : si vous connaissez des textes sur ce durcissement du "spectacle", sur ce glissement de la réalité vers un terrorisme de masse, d'un auteur qui aurait pensé une "continuation" de Debord je suis preneur.
Est-ce qu'il n'y a qu'Eric Cantona pour le dire à voix haute?
(Merci à lui, on se sent moins seul)
http://www.lepost.fr/video/2010/01/05/1872089_cantonna-on-nous-encourage-a-devenir-des-mafieux-on-vit-dans-un-etat-completement-mafieu.html