" Aujourd'hui la vierge Marie est montée aux cieux ;
réjouissez-vous, car elle règne avec le Christ à jamais "
EN UNION DE PRIERES AVEC LES ENFANTS DU MONDE
L'origine de l'Assomption de Marie
e L'Eglise et les grands Docteurs, dans les discours et les homélies qu'ils ont adressés au peuple, pour la fête de l'Assomption, en ont parlé comme d'une vérité déjà connue et admise par les fidèles.
Dès le V° siècle, les chrétiens de Jérusalem (église du tombeau de Marie à Gethsémani) fêtent la montée de Marie au ciel avec son corps et avec son âme.
Au VI° siècle, l'Eglise d'Orient étend cette vénération par la fête de la Dormition : Marie s'est endormie et a été enlevée au ciel par les anges.
Les Pères ont mis en lumière ce que les textes liturgiques avaient brievement indiqué :
Cette fête rappelle que le corps inanimé de Marie n' a subi aucune corruption, mais aussi qu'elle a triomphé de la mort ,
et qu'elle a été glorifiée dans le ciel, à l'exemple de son Fils unique Jésus Christ.
Au moment de sa conception dans le sein d'Anne, Marie est conçue Immaculée, sans le péché originel. Elle est dès lors l'Immaculée Conception. A sa naissance, elle entre dans notre monde " recouverte du soleil, la lune sous les pieds ", resplendissante de beauté. C'est ce qui ressort des paroles qui, au nom de Dieu, la saluent comme étant " pleine de grâce " gratia plena " par la bouche de l'Archange Gabriel. C'est ce qu'illustrent notamment les textes suivants.
HOMÉLIE AU CONCILE D'ÉPHÈSE (431)
Nou s te saluons, sainte Trinité mystérieuse, qui nous as tous convoqués dans cette Église de sainte M arie Mère de Dieu !
Nous te saluons, Marie, Mère de Dieu, trésor sacré de tout l'univers, astre sans déclin, couronne de la virginité, sceptre de la foi orthodoxe, temple indestructible, demeure de l'incommensurable, Mère et Vierge, à cause de qui est appelé béni dans les saints Évangiles, celui qui vient au nom du Seigneur.
Nous te saluons, toi qui as contenu dans ton sein virginal celui que les cieux ne peuvent contenir ; toi par qui la Trinité est glorifiée et adorée sur toute la terre ; par qui le ciel exulte ; par qui les anges et les archanges sont dans la joie ; par qui les démons sont mis en déroute ; par qui le tentateur est tombé du ciel ; par qui la créature déchue est élevée au ciel ; par qui le monde entier, captif de l'idolâtrie, est parvenu à la connaissance de la vérité ; par qui le saint baptême est accordé à ceux qui croient, avec l'huile d'allégresse ; par qui, sur toute la terre, les Églises ont été fondées ; par qui les nations païennes sont amenées à la conversion.
Et que dirai-je encore ? C'est par toi que la lumière du Fils unique de Dieu a brillé pour ceux qui demeuraient dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort ; c'est par toi que les prophètes ont annoncé l'avenir, que les Apôtres proclament le salut aux nations, que les morts ressuscitent, et que règnent les rois, au nom de la sainte Trinité.
Y a-t-il un seul homme qui puisse célébrer dignement les louanges de Marie ? Elle est mère et vierge à la fois. Quelle merveille ! Merveille qui m'accable ! Qui a jamais entendu dire que le constructeur serait empêché d'habiter le temple qu'il a lui-même édifié ? Osera-t-on critiquer celui qui donne à sa servante le titre de Mère ?
Voici donc que le monde entier est dans la joie. Qu'il nous soit donné de vénérer et d'adorer l'unité , de vénérer et d'honorer l'indivisible Trinité en chantant les louanges de Marie toujours Vierge, c'est-à-dire du saint temple, et celles de son Fils et de son Époux immaculé : car c'est à lui qu'appartient la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
Nous pouvons aussi méditer avec saint Jean Damascène, la beauté de Marie, Mère de Jésus, fils de Dieu :
Marie qui avait gardé intacte sa virginité dans l'enfantement,
Il fallait qu'elle garde son corps même après laort, exempt de toute corruption.
Marie, qui avait porté le Créateur dans son sein comme un enfant
Il fallait qu'elle aille faire son séjour dans la lumière divine.
Cette épouse que l'Père s'était unie,
Il fallait qu'elle habitât la chambre nuptiale.
Elle qui avait contemplé son Fils cloué à la Croix
Et qui avait reçu dans son cœur le glaive de douleur
Qui lui avait été évité à l'enfantement,
Il fallait qu'elle le contemplât avec le Père
HOMÉLIE POUR LA NATIVITÉ DE LA VIERGE MARIE
Saint Jean Damascène
Puisque la Vierge Mère de Dieu devait naître de sainte Anne, la nature n'a pas osé anticiper sur la grâce : la nature demeura stérile jusqu'à ce que la grâce eût porté son fruit. Il fallait qu'elle naisse la première, celle qui devait enfanter le premier-né antérieur à toute créature, en qui tout subsiste. Joachim et Anne, heureux votre couple ! Toute la création est votre débitrice. C'est par vous, en effet, qu'elle a offert au Créateur le don supérieur à tous les dons, une mère toute sainte, seule digne de celui qui l'a créée.
Réjouis-toi, Anne, la stérile, toi qui n'enfantais pas ; éclate en cris de joie, toi qui n'as pas connu les douleurs. Réjouis-toi, Joachim : par ta fille un enfant nous est né, un fils nous a été donné. On proclame son nom : Messager du grand dessein de Dieu, qui est le salut de tout l'univers, Dieu fort. Oui, cet enfant est Dieu. Joachim et Anne, heureux votre couple, et parfaitement pur ! On vous a reconnus grâce à votre fruit, selon cette parole du Seigneur : Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Vous avez eu une conduite agréable à Dieu et digne d'elle que vous avez engendrée. À cause de votre vie chaste et sainte, vous avez produit le joyau de la virginité, celle qui devait être vierge avant l'enfantement, vierge en mettant au monde, vierge après la naissance ; la seule toujours Vierge d'esprit, d'âme et de corps.
Joachim et Anne, couple très chaste ! En observant la chasteté, cette loi de la nature, vous avez mérité ce qui dépasse la nature : vous avez engendré pour le monde celle qui sera, sans connaître d'époux, la Mère de Dieu. En menant une vie pieuse et sainte dans la nature humaine, vous avez engendré une fille supérieure aux anges, qui est maintenant la Souveraine des anges.
Enfant très gracieuse et très douce ! Fille d'Adam et Mère de Dieu ! Heureux ton père et ta mère ! Heureux les bras qui t'ont portée ! Heureuses les lèvres qui, seules, ont reçu tes chastes baisers pour que tu demeures toujours parfaitement vierge.
Acclamez Dieu, terre entière, sonnez, dansez, jouez. Élevez la voix, élevez-la, ne craignez pas !
HOMÉLIE SUR L'ANNONCIATION À LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU ET TOUJOURS VIERGE MARIE (extraits)
Saint Nicolas Cabasilas
( Saint Nicolas Cabasilas, théologien, laïc byzantin du xiv siècle, est bien connu pour son remarquable traité sur La vie en Christ et son excellente Explication de la divine liturgie. Il est aussi l'auteur de deux homélies sur la Passion et l'Ascension du Christ, et de trois homélies sur la Nativité, l'Annonciation et la Dormition de la Mère de Dieu. 1319/1323 - 1397/1398. Il est considéré comme saint par l'Eglise orthodo xe)
S'il fallut jamais que l'homme se réjouît et dansât et chantât de joie, s'il y eut un instant que l'on doive célébrer avec grandeur et éclat, s'il faut pour cela demander la hauteur de l'esprit, la beauté du discours et l'élan des paroles, je n'en connais pas d'autre que ce jour où un ange vint du ciel annoncer tout bien à la terre. Maintenant le ciel est en fête, maintenant resplendit la terre, maintenant la création tout entière se réjouit et celui-là même qui tient les cieux en sa main n'est pas absent de la fête - car ce qui a lieu aujourd'hui est bien une panégyrie, une célébration universelle. Tous s'y rassemblent en une figure unique, en une même joie, dans ce même bonheur qui survient pour tous : et pour le Créateur, et pour toutes ses créatures et pour la mère elle-même du Créateur, celle qui a fait de lui un participant de notre nature, de nos assemblées et de nos fêtes. [...]
La Vierge s'offrit d'elle-même et fut l'ouvrière de ce qui attira l'artisan vers la terre et mit en mouvement sa main créatrice. Qu'est-ce donc ? Ce furent sa vie toute-pure, le renoncement à tout péché, l'exercice de toute vertu, l'âme plus pure que la lumière, le corps en tout spirituel, plus lumineux que le soleil, plus pur que le ciel, plus saint que le trône des chérubins ; un envol de l'esprit ne craignant aucune hauteur, surpassant même les ailes des anges ; un désir de Dieu anéantissant tout emportement de l'âme ; une prise de possession par Dieu, une intimité avec Dieu excluant toute pensée créée. Ayant orné son âme et son corps de tant de beauté, elle attira le regard de Dieu et révéla la beauté de notre commune nature par sa propre beauté ; elle a ainsi attiré l'impassible, et celui que l'homme avait rebuté par le péché est devenu Homme par la Vierge. [...]
Lorsque vint le moment où parut celui qui apportait l'annonce, elle crut, fit confiance et accepta le service. Car c'est cela qui était nécessaire, et il le fallait en tout cas pour notre salut. Si en effet elle n'en avait pas été capable, la Bienheureuse n'aurait pu voir la bienveillance de Dieu pour l'homme, car il n'aurait pas désiré descendre sans qu'il y eût quelqu'un pour le recevoir, quelqu'un qui fût capable de servir l'économie du salut - et la volonté de Dieu sur nous n'aurait pas pu passer en acte si la Vierge n'avait pas cru et acquiescé. Et la preuve en est que Gabriel s'est réjoui lorsque, s'adressant à elle et l'appelant pleine de grâce , il lui expliqua tout le mystère ( ). Mais Dieu ne descendit pas sans que la Vierge eût demandé à savoir de quelle manière elle enfanterait. Dès qu'il l'eut persuadée, dès qu'elle eut accepté la requête, tout l'oeuvre se réalisa aussitôt : Dieu revêtit l'homme et la Vierge devint Mère de son Créateur.
Si la Toute-Pure a observé devant Dieu tout ce qu'il faut observer, si elle s'est montrée aussi sainte comme homme sans rien omettre de ce qui se doit, comment n'eût-elle pas convenu à Dieu ? Et si rien n'a échappé à la Vierge de ce qui pouvait la désigner comme Mère de Dieu, si elle en a conçu un ardent amour pour lui, encore plus Dieu devait-il observer le juste retour et devenir son Fils. lui qui donne aux princes méchants selon leur cœur, comment n'aurait-il pas pris comme mère celle qui s'était montrée en tout selon son désir ? C'est ainsi que ce don fut approprié et convenable en tout pour la Bienheureuse. C'est pourquoi, pour lui annoncer clairement qu'elle allait enfanter Dieu, Gabriel lui dit : Il régnera pour les siècles sur la maison de Jacob et son règne n'aura pas de fin ( ). Comme si ce qu'elle venait d'apprendre n'était ni étrange ni inhabituel, elle reçut cette annonce avec joie. Et d'une voix bienheureuse, l'âme exempte de trouble et dans le calme des pensées, elle répond : Voici la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole ! ( ).
Tels furent ses mots, et la réalité suivit : Et le Verbe est devenu chair, et il a établi son habitation parmi nous ( ). Ayant donné sa réponse à Dieu, elle en reçut l'Esprit, artisan de cette chair consubstantielle à Dieu. Sa voix fut une voix puissante, comme le dit David ( ), et le Verbe du Père fut formé par le verbe d'une mère, le Créateur par la voix d'une créature. Et de même que Dieu dit : Que la lumière soit !, et aussitôt la lumière fut ( ), de même la vraie lumière se leva à la voix de la Vierge, et Il s'unit à la chair et fut enfanté, Celui qui illumine tout homme venant en ce monde ( ).
Ô voix sainte ! Ô majesté de tes paroles puissantes ! Ô bouche bienheureuse rassemblant de l'exil l'univers entier ! Ô trésor de ce cœur qui déverse en quelques mots sur nous l'abondance de ses biens ! Ces mots ont transformé la terre en ciel et vidé les enfers de ses prisonniers, ils ont fait du ciel l'habitation des hommes, des anges leurs compagnons, ils ont fondu en un seul chœur la race des cieux et celle de la terre.
Quelle action de grâce t'adresserons-nous pour ces paroles ? Oh, que peut-on te dire, toi dont rien n'est digne parmi les hommes ? Nos paroles viennent de ce qui est, mais toi tu excèdes tout ce qui surpasse le monde. S'il faut te présenter des mots, ce doit être oeuvre des anges, oeuvre de l'intellect chérubique, oeuvre de langues de feu. Aussi pour parler dignement de ta puissance, ayant commémoré par la bénédiction ce qui est de toi, t'ayant chanté comme notre salut autant qu'il nous est possible, nous voudrions encore emprunter la voix des anges, et nous terminerons notre discours en t'honorant par ces mots de la salutation de Gabriel : Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi !
LES PRIERES DE LA LITURGIE DE LA FETE
réjouissons-nous tous dans le Seigneur , et faisons fête en l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie ; de son Assomption se réjouissent les Anges, et ils louent à l'envie le Fils de Dieu.
Gloire au Père et au Fils et au, Saint-Esprit..
Réjouissons-nous tous dans le Seigneur , et faisons fête en l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie ; de son Assomption se réjouissent les Anges, et ils louent à l'envi le Fils de Dieu.
( introït actuel de la Messe, dans le rite tridentin et dans le nouvel ordo où ne figure pas le verset du psaume ni le Gloria Patri).
Un signe grandiose apparut au ciel : c'est une Femme ! Le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête.
. Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles.
Gloire au Père et au Fils et au, Saint-Esprit..
Un signe grandiose apparut au ciel : c'est une Femme ! Le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête.
La Fête de l'Assomption et la France
Aujourd'hui, dans toutes les églises de France, devrait avoir lieu, comme ce fut le cas jusqu'à la moitié du 20° siècle, jusqu'à la réforme liturgique, la procession solennelle instituée en souvenir et confirmation du vœu par lequel Louis XIII dédia le royaume très chrétien à la Bienheureuse Vierge.
Par lettres données à Saint-Germain-en-Laye, le 10 février 1638, le pieux roi déclarait consacrer à Marie sa personne, son état, sa couronne, ses sujets.
"Nous enjoignons à l'archevêque de Paris, disait-il ensuite, que tous les ans, le jour et fête de l'Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grande Messe qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les Vêpres dudit jour il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville avec pareille cérémonie que celle qui s'observe aux processions plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des monastères de ladite ville et faubourgs, et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris. Exhortons pareillement tous les archevêques et évêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la Messe solennelle en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu'à ladite cérémonie les cours de parlement et autres compagnies souveraines, les principaux officiers des villes y soient présents. Nous exhortons lesdits archevêques et évêques... d'admonester tous nos peuples d'avoir une dévotion particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection, afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis ; qu'il jouisse longuement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement, que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre plaisir. "
Le royaume de France s'affirmait donc à nouveau le royaume de Marie. Moins d'un mois après la première fête célébrée conformément aux royales prescriptions, le 5 septembre 1638, naissait d'une union stérile vingt ans celui qui fut Louis XIV. Lui-même devait renouveler la consécration à Marie de la couronne et du sceptre de France, le 25 mars 1650
Prière anciennement en usage dans l'Eglise de France
Il est digne et juste, Dieu tout-puissant, il est équitable que nous vous rendions de grandes actions de grâces en ce temps consacré, en ce jour vénérable entre tous. Comme le fidèle Israël sortit de l'Egypte, ainsi la Vierge Mère de Dieu passa du monde au Christ. Pas plus que la corruption de la vie, elle ne connut la dissolution du tombeau. Exempte de souillure, glorieuse en sa fécondité , délivrée par son assomption, elle règne au Paradis comme Epouse. Vierge toujours pure, elle porte un fruit d'allégresse ; la douleur est absente de son enfantement, la peine de sa mort ; sa vie fut au-dessus de la nature, son trépas ne fut pas une dette exigée par celle-ci. Chambre nuptiale brillante, d'où sort l'incomparable Epoux, la lumière des nations, l'espérance des fidèles, le spoliateur des démons, la confusion des Juifs ! Vase de vie, tabernacle de gloire, temple céleste ! Mais de cette vierge nouvelle ,les mérites éclatent mieux, si les gestes de l'ancienne Eve en sont rapprochés.
Celle-là produit la vie pour le monde ; celle-ci donne naissance à l'empire de la mort. Celle-ci prévarique et nous perd ; celle-là engendre et nous sauve. Celle-ci par le fruit de l'arbre nous frappe à la racine; de cette branche sort la fleur dont le parfum nous réconforteront le fruit nous guérit. L'une sous la malédiction engendre dans la douleur ; l'autre retrouve la bénédiction, assure le salut. La perfidie de l'une conspire avec le serpent, trompe son époux, perd sa race ; l'obéissance de l'autre apaise le Père, mérite le Fils, délivre sa descendance. L'une nous présente dans le suc d'un fruit l'amertume; l'autre fait couler de la source de son Fils la douceur sans fin. Telle est l'aigreur de la pomme d'Eve, que les dents des enfants en demeurent agacées ; la suavité du pain de la Vierge les raffermit et les nourrit : nul avec elle ne meurt, que celui qui en présence de ce pain rassasiant reste dégoûté. Mais il est temps de laisser les vieux gémissements pour les nouvelles joies.
Nous revenons donc à vous, Vierge féconde, Mère toujours pure qui ne connûtes point d'homme, qui enfantez, mais dont le Fils vous apporte l'honneur et non la souillure. Heureuse, vous par qui sont arrivées jusqu'à nous les joies que vous avez conçues ! Nous nous sommes félicités de votre naissance, nous avons tressailli à votre enfantement, nous nous glorifions de votre passage au ciel. Il n'eût pas suffi sans doute que le Christ sanctifiât votre entrée ; d'une telle Mère, il devait illustrer aussi la sortie. Il était juste que, l'ayant reçu dans votre amour quand vous le conçûtes par la seule foi, lui-même à son tour vous reçût dans sa félicité par cette Assomption ; celle en qui la terre n'avait point eu de prise ne pouvait être retenue sous la roche du tombeau.
Véritablement donc, que de merveilles inaccoutumées ! Les Apôtres lui rendent le devoir suprême ; les Anges la célèbrent en leurs chants; le Christ la reçoit dans ses bras ; une nuée est son char ; son Assomption l'élève au Paradis ; parmi les chœurs des Vierges elle exerce une principauté glorieuse. Par le Christ notre Seigneur, à qui les Anges et les Archanges.
A l'Office des Vêpres
Les Grecs nous donnent cette gracieuse composition, dont les huit premières strophes s'adaptent aux huit tons musicaux, pour revenir dans la neuvième au premier, ayant ainsi chanté sur tous les modes le triomphe de Marie (J .-B. Pitra, Analecta Spicilegio Solesmensi parata, I, LXX, ex Anthologio )
A un signal de la toute-puissance, les Apôtres qui portent Dieu furent enlevés sur les nuées par les airs.
A leur arrivée, ils saluèrent dans un langage sublime votre corps très pur, principe de la vie.
Cependant les plus élevées des puissances des cieux, venant avec leur Seigneur, forment cortège au corps sans tache qui a renfermé Dieu ; saisies de crainte, elles remontent vers les célestes demeures,
Et elles crient comme font les esprits aux chefs des angéliques phalanges : " Voici qu'arrive la reine de tous, la Mère de Dieu !
" Ouvrez les portes, et recevez dans les hauteurs la mère de la lumière éternelle.
" Par elle s'est accompli l'universel salut des mortels. Nos yeux sont impuissants à fixer sa beauté.
" Elle ne saurait être assez honorée ; car son mérite surpasse toute pensée. "
C'est pourquoi, immaculée, ô Mère de Dieu, vivant à jamais dans la société du prince de la vie né de vous,
intercédez pour nous sans cesse ;
soyez notre garde ;
sauvez de tout choc de l'ennemi cette jeunesse qui est vôtre
Car nous avons droit à votre secours " A vous, dans les splendeurs de l'éternité, nos acclamations !
O que glorieuse est la lumière dont vous brillez, royale fille de la race de David ! Du trône où vous êtes élevée, Vierge Marie, vous dominez tous les habitants des cieux.
Mère en gardant l'honneur de la virginité, vous offrîtes comme palais votre cœur au Seigneur des Anges ; la pureté prépara votre sein sacré : Dieu fut chair, et le Christ naquit.
C'est lui qu'adore en tremblant l'univers, lui devant qui tout genou à cette heure fléchit dévotement, lui de qui nous implorons, par votre secours, la fin de nos ténèbres et les joies de la lumière.
Accordez-nous cette grâce, Père de toute lumière, par votre Fils, dans l'Esprit-Saint : avec vous il vit et règne ce Fils, dans les cieux resplendissants, gouvernant tous les siècles.