J’ai testé battre un record du monde

Publié le 16 août 2010 par Anaïs Valente

Vous le savez (ou l’ignorez, mais maintenant vous le saurez), j’ai tenté, y’a des années, de battre un record du monde.  Lequel ?  Petits curieux va.  Je dirai rien.  De toute façon, je l’ai pas eu mon record du monde, et j’en pleure des larmes de sang matin midi et soir depuis lors.

Récemment, en Gelbique, on a tenté de battre le record du monde du plus de spectateurs pour un événement sportif, en l’occurrence un match de tennis.  Enfin c’était quelque chose du genre.  Je l’ai appris trop tard, y’avait plus de places, sinon ça aurait été l’occasion de battre enfin un record du monde, fût-il collectif.

Alors, quand j’ai vu qu’un second record du monde allait être tenté en Gelbique, là, je me suis dit, faut pas louper ça.  Et quand j’ai vu que c’était un samedi, je me suis dit, super pratique.  Et quand j’ai vu que c’était à Ostende, je me suis dit, super génial, j’aimeuh la mereuh.  Et quand j’ai vu que Julie Taton serait de la partie, je me suis, super super, je l’adoreuh.

J’ai donc proposé à quelques personnes d’aller prendre part à ce super défi de la mort qui tue la vie (dédicace à Gala Delvaux, qui est dorénavant marraine de l’expression, comme Moustique est marraine de l’expression « promis juré craché gerbé »).  Et quelques personnes ont dit oui à ma proposition dite farfelue.

Nous voilà donc parties à l’aube, samedi, direction Ostende.  Je suis avec une amie, appelons-là Gala Delvaux.  Chuis surexcitée comme si que j’allais deux semaines dans une île lointaine.  La mer, pour moi, c’est les vacances.  Le trajet en train passe à une vitesse folle, entre papote, croissants, rires, pains au chocolat, médisances sur les hommes, toujours eux, couques au sucre, et pause pipi dans la toilette du train, envie de vomir en bonus, because un long poil épais collé sur la planche.  J’ai beau souffler dessus en me penchant (bonjour les odeurs), il s’en va pas.  Il colle, le filou.  Je me contorsionne donc le plus possible, me tenant à la porte pour pas tomber, avec les aiguillages qui font tanguer le train, je me mets en suspension et je fais ce que j’ai à faire, la nausée au bord des lèvres en pensant à ce poil.  Je sors rapido presto.  Deux minutes plus tard, une de mes amies se rend au même endroit, tant bien que mal car elle pige pas que les portes sont automatiques, pas faciles ces nouveaux trains, et revient me dire, tant bien que mal toujours, car je vois la lumerotte des WC s’éteindre, s’allumer, s’éteindre, s’allumer, que le poil a disparu.  Ouf.  Mais chuis toujours aussi dégoûtée.

A notre arrivée, le ciel est tout bleu, le soleil est tout jaune et le vent est tout calme.  J’aime la gare d’Ostende car l’effet vacances est immédiat : le Mercator nous attend dès la sortie, les petits bateaux, le port, puis la plage, le casino, les restos et, bien sûr, le plus important : la mer.  The sea.  De zee.

Nous commençons par un petit bain de soleil sur le sable, près de la banane.  Paraît que c’est belge, cette invention des points de repère sur les plages.  Les belges sont vraiment des petits futés, qu’on se le dise.  Moment bonheur que cette discussion sous le soleil, avec le bruit des vagues et le sable entre les orteils.  Mostek nous rejoint ensuite et, après une pause pipi (fou ce que ma vessie est travailleuse, comme la fourmi de la fable) et un écrasement en bonne et due forme de cakes Zebra, nous partons à la découverte du lieu du crime, j’ai nommé l’endroit où nous allons battre le record du monde du plus grand monde de personnes qui font du hulla hop ensemble.  Moi je prononce hulla hop, comme dans mon enfance.  Bizarrement, en 2010, ça se prononce hulla houp.  Pourtant, on chantait bien « yeah yeah, viens danser le hulla HOP, yeah yeah, on va danser le hulla HOP ».  Bizarre autant que strange.

La plage est encore déserte, le podium est prêt, et nous voilà munis (au masculin pluriel car nous sommes cinq en tout, de l’homme, de la femme, de la variété quoi) de nos hulla hop verts, de nos Tshirts blancs.  A peine installés sur le sable, au milieu de quelques pelés venus aussi tôt que nous, l’entraînement commence.  Fort heureusement, le ridicule ne tue pas, alors on y va.  Après quelques premiers essais infructueux, je parviens à faire tourner mon hulla hop plus d’une fois autour de ma taille de bourdon.  L’honneur est sauf.  J’arrive même à tenir une bonne dizaine de tours, si, je vous jure, même que Mostek a filmé mais, même sous la torture, vous ne verrez jamais ça.  Mostek, elle est hyper douée en hulla hop autour de la tête, même que j’ai filmé ça, mais, même sous la torture, vous ne verrez jamais ça (quoique, vous êtes prêts à payer combien ?)  Gala Delvaux s’en sort bien dans les deux disciplines.  Et moi, je tente des acrobaties : main droite, puis ajout de la main gauche, puis faire passer l’engin uniquement sur la main gauche.  Ça fait hyper mail au poignet, d’ailleurs j’en porte encore les stigmates à l’heure où je vous écris, mais c’est super super drôle.

Il est 14 heures, les animations commencent.  Et l’animateur arrive.  Très sympa, très néerlandophone et très obsédé sexuel.  Le rejoignent les ambassadrices de l’opération, Julie Taton et une autre charmante brune dont j’ai malheureusement oublié le nom.

Morceaux choisis de l’obsession sexuelle de notre présentateur du jour, obsession malvenue pour un événement somme toute hyper familial :

A Julie Taton qui déclare mesurer 1m69 « rhooooo 69 », puis « pas très grand ça, mais comme je me dis toujours sous la douche, c’est pas la taille qui compte. »

A Julie toujours, qui explique le maniement du hulla hop « Oh Julie, tes hanches ».

A Julie encore, « Julie Taton, à tâtons, je peux tâtonner ? »

A Julie encore et toujours, « ton mec est-il ici ? » (pendant tout ce temps, elle ne se départit jamais de son sourire, elle m’épate).

A la foule (ouf, il en veut pas qu’après Julie finalement, on avait fini par le croire) « moi je suis bisexuel (au lieu de bilingue », my god comme c’est à mourir de rire, et fin, et pas lourd du tout.

A une participante à un petit jeu « vous avez bien dormi ?  bien fait l’amour ? ».

Entre les blagues lourdes du monsieur, fort heureusement, nous avons le plaisir d’admirer une virtuose du hulla hop qui nous offre un petit spectacle, ainsi qu’un groupe sympa Cookie and cream.  On l’avait repéré sur le programme, Cookie and cream… mais on croyait que ça serait une dégustation de glace.  Raté.

A 13h30, nous sommes 500.  C’est foutu, faut être minimum 2292.

A 14h40, nous sommes 1700. Ah, tout est encore possible.

A 14h55 nous sommes 2200.  J’y crois et je vais faire un petit tour du côté du podium, afin de saluer Julie Taton, que j’avais eu le plaisir de rencontrer au Good Morning, lorsque j’avais participé à l’émission spéciale femme du 8 mars 2009, ça fait déjà un bail.  Elle me reconnaîtra pas, pour sûr, mais je l’avais trouvée si sympa, cette namuroise d’origine avec qui j’ai barboté dans une piscine quand j’étais ado et elle toute toute petite, que j’ai envie de lui faire un coucou.  Elle me voit, me fait un grand sourire et me dit « oooh, Anaïs, comment vas-tu ».  Elle m’a reconnue.  Trop cool.  On papote un peu du record en cours.  Elle est tellement simple, jolie, gentille, souriante, mais surtout simple, pas du genre à se la péter ni rien, et ça, c’est assez rare, à mon avis, dans ce milieu, pour être salué.  Alors je le lui dis, et elle me répond juste « merci ».  D’une simplicité rare je vous dis.  Et belle comme un cœur.  Mostek fait une photo d’elle et moi et je pense, au moment du clic fatidique « la belle et la bête ».  Julie est rappelée à l’ordre par la foule qui veut des photos et par les organisateurs car le podium l’attend.

Je retourne à mon entraînement, interrompu par une coccinelle qui nous fait un coucou.  Séance photo sur sable et hulla hop, puis sur ma main, que je tends afin qu’elle s’envole, ça porte bonheur il paraît.  Elle s’envole après une longue hésitation, et s’écrase dans le sable.  Eske ça va quand même me porter bonheur vous pensez.

Il est 15 heures.  Nous sommes 2875, soit quasi 600 de plus que lors du précédent record.  Mais c’est pas gagné.  On nous avait caché un tout petit minime insignifiant minusculement miniature détail : faut hulla hopper durant deux minutes, tous ensemble. Hahahahahahahahahahaha hahahahahahahahahahaha.  La bonne blague.  Bon, ben c’est foutu alors.  Si on nous l’avait dit avant, on se serait entraînés durant des jours et des jours, on serait pas venus.  Enfin si, pour le fun.  Mais je suis déçue, je l’avoue.  Nous avons droit à deux essais, je décide donc de tenir deux minutes en hulla hop poignet, tant qu’à faire.  Et je tiens.  Deux fois deux minutes.  Et mon poignet s’en souvient encore, je vous le dis.

15 h 20, les deux essais sont terminés.  Je pense bien qu’on n’a pas gagné, personne n’ayant vraiment tenu deux minutes.  La foule en délire, enfin 2870 personnes, se rue vers la sortie pour recevoir des boissons lactées.  Nous restons à cinq.  Nan, je rigole, y’a quelques autres irréductibles.

Et l’ambiance est encore là.  On danse.  On chante.  Je montre même ma nouvelle chorégraphie Black Eyed Peas.  On chante du Madonna.  Yakalelo aussi, vous savez, ce hit de l’été bien ancien déjà, enfin ça s’appelle comme ça je pense.  Y’a de tout, même des hits farandoles sur lesquels je dansais à l’Abbaye de Géronsart, c’est dire.  Vraiment cool.  Et on applaudit, et on joue avec son hulla hop.  Hyper régressif.  Hyper sympa.

Puis on sort, on emporte sa boisson lactée (moi je parviens à en avoir trois, suffit de cacher la première pour avoir la deuxième, et ainsi de suite…, ben quoi, j’ai soif hein !).

Je dis au revoir aux hommes et à Mostek, qui logent sur place, bisous bisous, bonne fin de journée, et je file avec Gala Delvaux.  Pause pipi.  Promenade pieds dans l’eau, bruit des vagues.  Léger soleil.  Magnifique statue arbre/femme.  Goélands sur statue.  Bruit des vagues.  Sable qui pique la plante des pieds.

Puis, fait faim.  Très faim.

Alors nous allons près du port, et nous achetons deux petites barquettes.  L’une contient des crevettes et du surimi sous toutes ses formes.  Oui, bon, c’est bof comme poisson, mais on a si faim si faim si faim.  L’autre contient des calamars et du poisson frit.  Nous partons ensuite, une barquette dans chaque main, à la recherche d’un banc.  Premier fou-rire quand Gala Delvaux laisse tomber un nugget de poisson frit, aussitôt emporté par un goéland.  Pas sa faute, il est tombé.  Passque maintenant, nourrir les oiseaux, c’est 250 euros d’amendes hein.  Second fou-rire lorsqu’elle laisse carrément tomber tout son ravier de trucs chauds.  Les goélands se précipitent comme des hystériques.  En tout cas le nettoyage est rapide là-bas.

Nous trouvons un banc et profitons de ce moment fabuleux, au soleil, vue sur mer, à manger de si bonnes choses.  Le bonheur serait totalement total avec un coca light.  Il n’est donc pas totalement total, mais il est presque totalement total.

Pendant que nous dévorons nos crevettes, nos calamars frits, nos nuggets de poisson (enfin les miens vu l’accident) et notre surimi chimique. Une maman éduque son enfant « Rho t’as vu le goéland, c’est comme un pigeon, mais plus clair. »  Ben oui, ou comme une autruche, mais plus petit.  Ou comme un colibri, mais plus grand.  Ou comme un merle mais blanc.

J’ai plus faim, et il me reste un gros morceau de surimi, mais interdiction de le donner aux goélands.  Alors je feins une chute de surimi.  Et un goéland, qui boîte, le pauvre, attendra notre départ pour oser le gober.  Et quand je dis gober, c’est gober.  Le morceau est énorme, de la taille de quatre bâtonnets de surimi soudés si vous voyez.  Et bien il le prend dans son bec et d’un coup d’un seul, oups, le gobe.  Clair qu’il doit avoir aucun souci pour avaler ses médocs, ce goéland, pas comme moi.

Il nous reste deux heures, alors nous optons pour un petit tour en ville, à la recherche de coca light.  Que nous trouvons, ainsi que des fruits de mer en chocolat et des glaces.  Ensuite, direction la plage, pour une heure à regarder la mer et papoter encore et encore et encore.

Ensuite, direction la gare, pour notre train.  En chemin, nous nous racontons nos pires hontes avec les mecs.  Naaaaaaaaaaan, vous saurez rien, ni de la sienne ni de la mienne, top secret d’état, à jamais.  On rigole tellement qu’on en oublie l’heure, alors on court on court on court pour avoir le train.  Dans un film, on l’aurait eu de justesse.  Mais c’est pas un film, alors on le loupe de justesse.

Une heure à attendre, pas grave.  On s’installe sur une bite.  Comme quoi, ma petite Anaïs, suffit d’aller à Ostende pour voir de la bite, sache-le.  Et je regarde.  Les bateaux.  Le soleil couchant.  La mer qui fait flotch flotch.  C’est magnifique.

Et ça m’inspire des chansons :

Il y a le ciel, le soleil et la mer.

Sea, sex and sun.

Y’a du soleil et des nanas, darladirladada.

Le soleil a rendez-vous avec la lune, mais la lune n’est pas là et le soleil attend.

La terre tourne autour du soleil, le soleil tourne autour de la terre, la lune fait d’autres choses encore, que la terre et le soleil ignorent…

Et Gala Delvaux d’ajouter :

Il est mort le soleil, quand tu m’as quittée.

Oui, bon, tout de suite, ça casse l’ambiance quoi.

Puis on parle de Marie Laforêt, qui chante ma dernière chanson avec la terre qui tourne autour du soleil.  « Pegao », cette chanson.  Et je chante cadeau, la chanson la plus triste au monde.  Et puis on cherche « Le ballon rouge », de Marie Laforêt, que je connais pas, sur internet, passque Gala Delvaux à un GSM de la mort qui tue qui a internet (je peux je peux je peux, lire mes mails, pitiééééé).  Et on écoute de la musique, et cette chanson, que je connais finalement, sauf qu’elle s’appelle « Que calor la vida ».  On trouve une version chantée abominablement par un anonyme, à mourir de rire.

C’est presque l’heure du train.  Et je vois passer, en direction d’un énorme yacht, un gros snob qui dit « oui, c’est une super soirée, très classe, très people » (enfin des banalités du genre).  Il est suivi par son gros chien et précédé par sa petite fille (ou sa maîtresse, j’ai un doute).  Et puis je le reconnais.  C’est le mec de « J’achète je vends » ou « Je vends j’achète », qui vendait son haras et cherchait un petit pied à terre à Bruxelles pour moins de 2 millions d’euros.  Ben il est aussi hautain en vrai qu’à la TV.  Et son chien, il bave à droite, et à gauche.  Marrant quand même de voir ce type.

Enfin, le train.  Le trajet se passe sans encombre, on passe notre temps à rigoler sur internet, passque surfer sur le net via un gsm, c’est vraiment difficile.  Une heure pour me connecter sur la page orange et lire un demi-message, lecture que j’abandonne car l’écran est si petit et moi si peu patiente.  On rigole bien en découvrant mes fruits de mer en chocolat transformés en magma informe, beurk.  Pause pipi.  Et là, quatrième dimension.  Je réalise que notre wagon, ainsi que le wagon suivant, ne sont remplis, à l’exception de Gala Delvaux et moi-même, que de noirs, plus souvent appelés « personnes de couleur », passque de nos jours le mot « noir » est étonnamment devenu une insulte.  Que des noirs je vous dis.  Quatrième dimension je vous dis.

Arrivée à la maison vers 23 h 30.

Ce fut une journée magnifique et inoubliable.

Vous savez quoi ?  On n’a pas eu le record du monde de hulla hop.  Mais là j’ai battu mon record du monde du billet le plus long, vous pensez pas ?