Un jour mon beau Soleil mirait sa tresse blonde
Aux rais du grand Soleil qui n'a point de pareil ;
Le grand Soleil aussi mirait son teint vermeil
Au rai de mon Soleil que nul rais ne seconde.
Mon Soleil au Soleil était Soleil et onde
Le grand Soleil était son onde et son Soleil ;
Le Soleil se disait le Soleil non pareil,
Mon Soleil se disait le seul Soleil du monde.
Soleils ardents, laissez ces bruits contentieux ;
L'un est Soleil en terre et l'autre luit aux Cieux ;
L'un est Soleil des corps, l'autre Soleil de l'âme.
Mais si vous débattez, Soleils, qui de vous deux
Est Soleil plus luisant et plus puissant de feux,
Soleil, tes jours sont nuits comparés à ma Dame.
(Abraham de VERMEIL - 1555-1620)
Originaire de BUGEY, Abraham de VERMEIL fut un poète protégé par Henri IV, pour lequel il s'était battu pendant les guerres civiles. Poète apprécié en son époque, il écrivit une Histoire de Saint Louis, aujourd'hui perdue, et de nombreux sonnets d'inspiration "pétrarquiste".