Quatrevingtdeux

Publié le 18 août 2010 par Rafetnol
The The - August And September
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Les amours de vacances ne sont pas faites pour durer. C'est ma mère qui me l'avait dit, elle m'avait bien prévenue la vieille garce. Même quand je le lui ai présenté, même quand il s'est installé chez moi. Même quand je suis tombée enceinte. "C'est un amour de vacances, ça durera pas." Connasse. N'empêche qu'il a duré mon amour de vacances. Plus longtemps que la fin de l'été. N'empêche qu'il a été beau mon amour de vacances. Et comme c'était un amour de vacances, ça a ressemblé aux vacances pendant tout le temps qu'il a duré et rien que pour ça, ça valait le coup de tout donner. Et le plus beau de tout finalement c'est qu'il a fini exactement comme des vacances. Un au revoir chaste et poli, distant et respectueux, en public, sans cris, sans larmes. C'était calme et effrayant comme une bougie qui s'éteint sur un livre dans la nuit d'un chalet isolé, c'était froid et humide, comme une baignoire qui se vide, c'était silencieux net métallique, comme le bras de l'électrophone qui se redresse lorsque le sillon se termine. Mais c'était beau et émouvant comme la fin d'un film sur la Résistance, plein de grandeur d'âme, de promesses impossible à tenir et de larmes contenues.
Maman elle disait "un amour de vacances ça dure les vacances et pourquoi ça dure les vacances? Parce qu'une fois les vacances terminées on retourne dans la vie et la vie c'est pas les vacances, la vie c'est fait pour en baver." Maman elle disait "un amour de vacances ça s'installe pas chez toi, un amour de vacances ça te fait pas d'enfant, un amour de vacances s'il s'installe chez toi et qu'il te fait un enfant il a au moins la décence de travailler. Sinon il reste un amour de vacances et il s'en va." Mais maman elle n'a jamais eu droit à un amour de vacances. Maman n'a jamais eu le droit à l'amour. Maman a déjà eu de la chance de ne pas être battue, de ne vivre qu'avec un alcoolique imbécile. C'aurait pu être un alcoolique violent.Maman ne connaissait que la souffrance, je n'ai connu que le plaisir. Notre enfant connaîtra la joie et la peine, les vacances avec son père, la tristesse à la maison. Il connaîtra des amours de vacances et j'espère qu'ils seront aussi beaux et persistants, aussi prêts de s'envoler mais tellement attachés au sol que les feuilles du bambou.
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