Te quiero infinito
Jeune tu resteras
pendant que je vieillis.
Quarante-sept ans
je fêterai samedi.
Cinquante ans
aujourd’hui
tu aurais dû célébrer.
Avant l’automne,
à trente-et-un,
tu as quitté la vie.
D’un soir d’hiver 1980
je me souviens.
Jeunes, nous étions
amoureux,
fous,
d’une folie déchirante.
Mordante.
Consumante.
Mais en ce jour d’anniversaire
je ne me souviens,
que de ce soir d’hiver 1980,
avant que la fureur nous saccage.
Avant que la Camarde t’emporte.
Avant que me ravage
Ta Mort.
Avant que nos passions
nous brûlent,
quand le feu était artifice
avant l’incendie.
Dans ta chambre du Haut-des-Roches, défoncée d’amour, de bière, je m’étais étendue sur le lit. Tu souriais heureux de ma présence en ton antre. J’admirais la blondeur de tes longs cheveux, le vert de tes yeux par les volutes de cannabis étirés, la finesse de tes mains dont un annulaire bagué d’un bijou indien exhibait ta pierre préférée, la turquoise. Sous ta chaîne stéréo s’alignaient des dizaines de 33 tours, toute la musique de la décennie 70-80. L’un après l’autre tu sortais des disques. Les posais sur la platine. Choisissais un morceau mythique. Ou pas. Soigneusement tu mettais l’aiguille sur le sillon. Fébrile tu disais:
-Écoute ce riff de guitare.
Ou:
-T’entends cette basse?
J’ignorais comment sonnait un riff, ne comprenais pas le génie de la basse, mais j’aimais partager ton délire. Tes délires.
Après l’écoute de plusieurs disques, tu as regardé ta discothèque pensif puis, de lobe à lobe la bouche fendue, les yeux plus brillants que jamais, tu en as extrait London Calling.
-Ça c’est pour toi.
Quand les enceintes ont commencé
à cracher les Clash,
tu t’es couché, près de moi.
Une main glissée sous mon pull,
avant d’embrasser les miennes,
tes lèvres ont fredonné,
“Spanish bomb
Yo te quiero infinito,
Yo te quiero
Oh mi corazon”
Bombes espagnoles par The Clash
Chants espagnols en Andalousie
Champs de batailles en ces jours de 39
S’il te plaît laisse la fenêtre ouverte,
Federico Lorca est mort il s’en est allé
Des trous de balles dans les murs du cimetière
Les voitures noires de La Guardia Civil
Des bombes espgnoles sur la Costa Rica
Je vole dans un DC-10 cette nuit
Des bombes espagnoles
Je t’aime infiniment
Je t’aime, Oh mon coeur
Des semaines espagnoles dans ma disco-casino
Les combattants pour la liberté
Sont morts sur la colline
Ils chantaient la bannière rouge
et s’habillaient de la noire
Mais après leur mort
elle se convertit en la colline du rossignol
De retour à la maison les autobus explosaient.
La tombe irlandaise est baignée dans le sang.
Les bombes espagnoles ont détruit les hôtels.
La rose de ma demoiselle s’est fanée
Bombes espagnoles sur la Costa Brava
Je vole dans un DC-10 cette nuit
Chants espagnols en Andalousie
Mandoline, oh mon coeur
Chants espagnols à Grenade
oh mon coeur
J’ai effectué cette traduction de l’espagnol au français -je ne sais pas l’anglais- selon une vidéo d’une télévision espagnole.