Souvenirs du passé: anniversaire d’André

Publié le 18 août 2010 par Dunia

Te quiero infinito

Jeune tu resteras

pendant que je vieillis.

Quarante-sept ans

je fêterai samedi.

Cinquante ans

aujourd’hui

tu aurais dû célébrer.

Avant l’automne,

à trente-et-un,

tu as quitté la vie.

D’un soir d’hiver 1980

je me souviens.

Jeunes, nous étions

amoureux,

fous,

d’une folie déchirante.

Mordante.

Consumante.

Mais en ce jour d’anniversaire

je ne me souviens,

que de ce soir d’hiver 1980,

avant que la fureur nous saccage.

Avant que la Camarde t’emporte.

Avant que me ravage

Ta Mort.

Avant que nos passions

nous brûlent,

quand le feu était artifice

avant l’incendie.

Dans ta chambre du Haut-des-Roches, défoncée d’amour, de bière, je m’étais étendue sur le lit. Tu souriais heureux de ma présence en ton antre. J’admirais la blondeur de tes longs cheveux, le vert de tes yeux par les volutes de cannabis étirés, la finesse de tes mains dont un annulaire bagué d’un bijou indien exhibait ta pierre préférée, la turquoise. Sous ta chaîne stéréo s’alignaient des dizaines de 33 tours, toute la musique de la décennie 70-80. L’un après l’autre tu sortais des disques. Les posais sur la platine. Choisissais un morceau mythique. Ou pas. Soigneusement tu mettais l’aiguille sur le sillon. Fébrile tu disais:

-Écoute ce riff de guitare.

Ou:

-T’entends cette basse?

J’ignorais comment sonnait un riff, ne comprenais pas le génie de la basse, mais j’aimais partager ton délire. Tes délires.

Après l’écoute de plusieurs disques, tu as regardé ta discothèque pensif puis, de lobe à lobe la bouche fendue, les yeux plus brillants que jamais, tu en as extrait London Calling.

-Ça c’est pour toi.

Quand les enceintes ont commencé

à cracher les Clash,

tu t’es couché, près de moi.

Une main glissée sous mon pull,

avant d’embrasser les miennes,

tes lèvres ont fredonné,

“Spanish bomb

Yo te quiero infinito,

Yo te quiero

Oh mi corazon”

Bombes espagnoles par The Clash

Chants espagnols en Andalousie

Champs de batailles en ces jours de 39

S’il te plaît laisse la fenêtre ouverte,

Federico Lorca est mort il s’en est allé

Des trous de balles dans les murs du cimetière

Les voitures noires de La Guardia Civil

Des bombes espgnoles sur la Costa Rica

Je vole dans un DC-10 cette nuit

Des bombes espagnoles

Je t’aime infiniment

Je t’aime, Oh mon coeur

Des semaines espagnoles dans ma disco-casino

Les combattants pour la liberté

Sont morts sur la colline

Ils chantaient la bannière rouge

et s’habillaient de la noire

Mais après leur mort

elle se convertit en la colline du rossignol

De retour à la maison les autobus explosaient.

La tombe irlandaise est baignée dans le sang.

Les bombes espagnoles ont détruit les hôtels.

La rose de ma demoiselle s’est fanée

Bombes espagnoles sur la Costa Brava

Je vole dans un DC-10 cette nuit

Chants espagnols en Andalousie

Mandoline, oh mon coeur

Chants espagnols à Grenade

oh mon coeur

J’ai effectué cette traduction de l’espagnol au français -je ne sais pas l’anglais- selon une vidéo d’une télévision espagnole.