Les vampires ailés

Publié le 16 août 2010 par Anaïs Valente

Je vous ai souvent parlé des zébrés, savoir les insectes rayés piqueurs en tous genres, et plus particulièrement des zébréEs, ma hantise, ma phobie, mon enfer, quasi pire que l’avion.  Oui, pire, passque l’avion, je peux l’éviter, tandis que la zébrée, elle me harcèle tout l’été.  Tiens, en l’écrivant, je réalise que ce sont deux trucs ailés, un avis docteur psy ?

Mais je ne vous ai jamais parlé des vampires ailés.  Ou plutôt des vampirettes ailées, puisque seule les femelles sont incriminées.  Les moustiques.  Les moustiques femelles en cloque.  Celles qui adoooorent mon sang, peut-être passque j’adooooore me goinfrer de chocolat et autres crasses sucrées.  Chais pas, y-a-t-il un lien de cause à effet ?  Un avis docteur spécialiste des vampirettes ailées ?

Je ne vous en ai jamais causé.

Et pour cause.

Depuis environ cinq ans, elles me laissent tranquille.

Depuis que j’ai découvert, mieux vaut tard que jamais, les vertus du moustiquaire, ou de la moustiquaire, je sais jamais en fait, keske c’è compliké le franssais ma bon damme.  C’est de la moustiquaire, ça m’est reviendu.

Mais il y a quelques semaines, quand la tempête a fait rage, le petit collant qui obstruait un trou dans ma moustiquaire s’est décollé et a chu.

Le trou est minime, mais c’est tout de même un trou.

Et moi, j’ai pas de papier collant sous la main, enfin si, mais pas du collant qui colle fort.

Alors je me dis que les vampirettes ailées vont pas repérer le trou.

Bien échu qu’elles le trouveraient, parmi les milliers de fenêtres ouvertes, puis parmi tous les centimètres carrés de mes deux fenêtres.

Et bien je me trompais.

Dès la première nuit, dans mon demi-sommeil, j’entends un vrombissement infernal.  Je me réveille en sursaut, pensant à un avion qui viendrait de s’écraser sur ma terrasse.  Oui, j’ai peur des avions, et je me dis que, même sans les prendre, une catastrophe peut tout de même arriver (oh ça va hein, chuis peut-être parano, mais le Concorde, il a bien tué des gens au sol que je sache).  J’envisage donc un avion, un hélico, enfin bref un truc qui vole.  Et j’ai raison.  Ça vole.  Et ça pique.  Ça ME pique.  Vilain moustique.  Tiens, ça rime.  Mais ça me fait pas rire.  Je me terre donc sous ma couette jusqu’au matin.

Le lendemain, tête de linotte, j’oublie son existence, alors que je m’étais dit que je sortirais ma « prise anti-moustique » de là où il dort depuis des années, because moustiquaire.  Je pense avoir encore quelques vieilles plaquettes toutes sèches toutes périmées, ça devrait faire l’affaire.

Mais j’oublie.

Donc, la nuit venue, dans mon demi-sommeil, j’entends un vrombissement infernal.  J’envisage donc un avion, un hélico, ou un vilain moustique. Qui pique. Je me terre donc sous ma couette jusqu’au matin.  Mais il me pique pas. Enfin elle, puisque vampirette ailée. Il semble m’observer.  Ou alors je pue ?  Ou alors chuis plus assez jeune et fraîche ?  Ou alors elle préfère les mecs ?

Et le lendemain, encore tête de linotte, j’oublie de brancher ma prise. Et pourtant, j’en ai parlé au bureau, à Mostek et à la troisième squatteuse de mon bureau qui n’a pas de surnom encore mais ça va viendre un jour où l’autre.

Mais j’oublie.

Et, la nuit venue, dans mon demi-sommeil, j’entends un vrombissement infernal.  J’envisage donc un avion, un hélico, ou un vilain moustique. Qui pique. Je me terre donc sous ma couette jusqu’au matin.  Mais il me pique.  Enfin elle.  Apparemment, elle s’est lassée d’attendre.  Ou elle a faim.  Ou elle a viré homo.  Ou gérontophile.

Donc elle me pique.  Deux fois.  La garce.

Elle me cherche.

Alors, dès l’aube, je sors enfin ma prise, j’y insère la plaquette séchée périmée, et je fais chauffer le bazar et empoisonner les vampirettes ailées.

Adieu, bon débarras.

Mais je ne rebouche pas le trou.

Et devinez qui m’a rendu visite cette nuit et m’a piquée quatre fois ?

Dessin d'Emma Poz.