Il y a un dicton camerounais qui dit "Ne mets pas ton doigt entre l'écorce et l'arbre ".
Il suffit de regarder cette adaptation du premier roman de Judy Pascoe "Our father who art in the tree" pour comprendre ce que cela signifie et à quel point la nature est importante dans la vie de l'homme. D'ailleurs cette nature fait l'objet de beaucoup de métaphores sur la vie et c'est sur ce terrain que nous embarque Julie Bertucelli.
Le film aborde également sans le citer le chamanisme qui prône notamment un renouveau spirituel ramenant l'homme à la nature par l'intermédiaire de ses perceptions et qui était pratiqué par les aborigènes d'Australie où a été tourné le film.
Une famille sans histoire doit subitement faire face au décès du père dont Simone la fille qui n'est âgée que de 9 ans est convaincue qu'il s'est réincarné dans l'immense figuier sur lequel a été établit leur maison.
L'Arbre est un drame familial très simple, d'une simplicité aussi désarmante que l'est Charlotte Gainsbourg, à tel point que l'on se demande comment ce film va-il bien pouvoir nous transporter.
Mais les choses vont très vite et le sujet se met rapidement en place pour laisser se dérouler la parabole dans laquelle nous embarque une Charlotte Gainsbourg extrêmement juste, confirmant une nouvelle fois sa maîtrise du registre dramatique en français ou en anglais.
Le scénario a l'intelligence de ne pas tomber dans le piège (facile) de l'onirisme qui dispense les acteurs d'un surplus d'interprétation et c'est cela qui le rend si original.
Il n'est pas sans rappeler d'ailleurs par certains aspects le dernier Dahan "My Own Love Song", mais totalement dépouillé de la mièvrerie que certains avaient pu lui reprocher.
Il faut également saluer la photographie omniprésente dans ce film et dont on comprend rapidement qu'elle est indispensable pour ne pas tomber dans les effets spéciaux et permettre aux spectateurs de bien comprendre la dimension qu'occupe cet Arbre dans la vie des protagonistes.
D'ailleurs il aurait été dommage de tourner en Australie et de ne pas exploiter les couleurs sépias qu'elle offre ne cette période.
Tout cela est joliment ficelé par une excellente distribution, avec une mention spéciale pour la petite Morgana Davies et une Bande Originale recherchée.
photos© Le Pacte